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La fête de Toussaint approche…

Publié le 28/10/2021

A quelques jours de la fête de la Toussaint, je retrouve dans ma bibliothèque l’œuvre célèbre d’un dominicain du Moyen Âge devenu archevêque de Gênes. Jacques de Voragine (1228-1298) était à la fois un théologien et un prédicateur populaire. Sa « Légende Dorée » passe en revue tous les saints de l’année qu’il présente aux gens du 13e siècle d’une manière vulgarisée, pour toucher les cœurs, donner confiance et inviter à imiter les saints. C’est un véritable tour du monde et un voyage dans l’histoire du christianisme auquel le lecteur est invité.

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Jacques de Voragine, La légende dorée, trad. par Todor de Wyzewa Points Sagesses, 2014.

Ce livre, souvent enluminé, fut un bestseller pendant de nombreux siècles. Il a inspiré des générations de peintres du Trecento et du Quattrocento dans de multiples retables et polyptiques. Grâce à eux, la représentation de la société céleste fait voir toutes les classes qui y sont représentées et invite chacun à se confier aux saints qui intercèdent auprès de Dieu. C’est à eux que les gens du Moyen Âge confiaient tous leurs soucis et leurs espoirs. Le livre de Jacques de Voragine n’est pas un livre historique au sens contemporain du mot, mais il est loin d’être naïf. Plutôt qu’un discours savant, le livre invite à ne pas vivre seulement au jour le jour, mais à s’interroger sur le sens de l’existence, conscient de nos responsabilités. Cette dimension collective est particulièrement actuelle, compte tenu de la crise climatique et de la situation chaotique dans de nombreux pays. 

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De Voragine (J.), La Légende dorée illustrée par les peintres de la Renaissance italienne, trad. par Todor de Wyzewa, éd. Diane de Selliers, 2020.

Nous vivons huit siècles après Jacques de Voragine et de nouveaux saints ont pris place dans nos calendriers. On pense par exemple aux moines de Thibirine (Algérie), à Charles de Foucauld, à Mère Térésa et à bien d’autres. Sans compter tous les saints anonymes que nous croisons dans la rue et qui ne seront jamais reconnus officiellement. A ce sujet, un missel de 1981 qui me tombe sous la main fait quelques réflexions contemporaines sur la sainteté qui donnent à réfléchir. Ne pensons pas que les saints sont nécessairement sur les « rails » de la sainteté, du début à la fin de leur vie terrestre. Certains ont eu plusieurs phases dans leur existence, comme Charles de Foucauld, un officier menant la grande vie avec ses plaisirs, avant d’entendre l’appel à devenir le « frère universel » parmi les populations du Sahara. Ne considérons pas non plus les saints comme des géants qui échapperaient à la condition commune. Ils avaient leurs qualités et leurs défauts, leurs passions, comme chacun de nous. Leur sainteté est souvent le fruit d’une « passion convertie », le résultat d’une métamorphose où leur liberté a perçu un appel à une vie différente, inspirée de l’Evangile.  

Dans l’actualité de la vie de l’Eglise catholique, il faut mentionner l’initiative du pape François qui invite à commencer dans chaque diocèse le Synode qui s’achèvera à Rome à l’automne 2023. Le mot de « synode » veut dire « marcher ensemble », faire un bout de chemin avec d’autres, écouter ce que les autres ont à me dire. François continue à montrer la voie d’une décentralisation des décisions. Dans la ligne du concile Vatican II, il souhaite que les conférences épiscopales soient de plus en plus responsables des choix qui concernent leurs territoires. Son projet est même plus audacieux. Il demande que les chrétiens de base, eux aussi, se réunissent pour réfléchir aux nécessités du moment présent et à l’avenir de l’Evangile dans le monde afin de prendre des responsabilités. Les réflexions des diocèses d’un pays feront l’objet d’une synthèse. La seconde phase sera organisée au plan des continents, pour nous l’Europe. Les évêques d’Amérique latine ont déjà une longue expérience de telles rencontres. Ils se réunissent depuis une cinquantaine d’années dans des assemblées qui comptent des représentants de tout le continent. Après la phase continentale, les synthèses aboutiront à Rome et permettront d’élaborer un ordre du jour de la phase finale du Synode. Le pape François invite les chrétiens à mener une vie de fraternité, non seulement entre eux, mais avec les frères et sœurs de l’humanité tout entière : « Fratelli tutti ». Vaste programme qui a toute sa place à quelques jours de la fête de « tous les saints » !

André HAQUIN

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