Exposition - Soigner notre patrimoine

La collégiale de Huy accueille cet été une nouvelle exposition, intitulée "Soigner notre patrimoine", l'événement émane d'un partenariat inédit entre la fabrique d'église, le Trésor de la collégiale, l'école Nationale supérieure des Arts visuels de La Cambre (Bruxelles) et l'école Supérieure des Arts Saint-Luc (Liège).

Si vous êtes de passage à Huy, n'hésitez pas à la découvrir, elle y est visible jusqu'au 29 septembre 2024.
Maura Moriaux

Programme des prochaines Journées du Patrimoine est actuellement consultable en ligne

L'AWaP  le plaisir de vous annoncer que le programme des prochaines Journées du Patrimoine est actuellement consultable en ligne via leur site interactif AWaP (journeesdupatrimoine.be) ou téléchargeable en PDF brochure (journeesdupatrimoine.be).

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Annonces patrimoniales du site du CIPAR

Est-ce que vous allez parfois sur notre rubrique "Annonces patrimoniales"? Elle nous permet de faire le lien entre les fabriques qui ont du mobilier à léguer et d'autres qui sont à la recherche d'une pièce. N'hésitez pas à y jeter un œil de temps à autres. Et si vous avez également quelque chose à y poster, envoyez nous un mail : v.groessens@cipar.be.

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Nouveau trésor : la Vierge attribuée à Passier Borman

Le Gouvernement de la Communauté française a décidé de classer la Vierge attribuée à Passier Borman de la collégiale Sainte-Gertrude de Nivelles avec la qualification de trésor le 19 juin 2024. Son classement est justifié en raison de sa valeur artistique et chacun des critères de classement retenu : l’état de conservation remarquable, la rareté, la grande qualité de conception et d’exécution et le lien avec l’histoire et l’histoire de l’art. Voyons ensemble cela plus attentivement !

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L’Invention de la sainte croix, dernier chef-d’œuvre du grand peintre liégeois Bertholet Flémal

Fig. 1. Bertholet Flémal, Invention de la sainte croix © IRPA-KIK, Bruxelles, G006741.

  Bertholet Flémal

1674

Peinture sur toile

354 x 194 cm

Eglise Sainte-Croix, Liège

Propriété de la Ville de Liège

Classé le 17 novembre 2011 – M.B. 10 février 2012

 L’intitulé de ce tableau peut surprendre : le terme invention n’est pas ici repris selon son sens commun, mais renvoie, selon une tradition de longue date en histoire de l’art, au sens initial de découvert.

Le sujet évoque en effet la découverte de la croix du Christ par sainte Hélène. Selon la légende, la mère de l’empereur Constantin se mit à la recherche de la sainte croix à Jérusalem en l’an 326. Après des fouilles, elle découvrit trois croix, celle de Jésus de Nazareth et celles des deux larrons. Laquelle était celle du divin condamné ? On approcha les trois bois du corps d’un cadavre et au contact de la sainte croix, celui-ci ressuscita. C’est l’épisode illustré dans ce grand tableau d’autel (354 x 194 cm) issu du pinceau de Bertholet Flémal, le principal peintre liégeois du XVIIe siècle. Au contraire de la plupart de ses prédécesseurs, dont son propre maître Gérard Douffet, le maître liégeois n’a pas mis l’accent sur le caractère anecdotique de la résurrection du cadavre, mais sur le moment qui a suivi, celui où l’on voit sainte Hélène en adoration devant l’instrument de la Passion retrouvé.

Invention de la sainte croix © IRPA-KIK, Bruxelles, cliché G006741
Fig. 2. Bertholet Flémal, Invention de la sainte croix. Détail © IRPA-KIK, Bruxelles, KM010315.

L’Invention de la sainte croix est la dernière œuvre connue de Bertholet Flémal (1614-1675) et c’est l’un de ses plus grands chefs-d’œuvre. Le tableau était destiné au nouveau maître-autel de la collégiale Sainte-Croix à Liège, érigé en 1674, et sans doute sur le dessin du même Flémal, également architecte. L’autel a été construit aux frais du prévôt de Sainte-Croix Guillaume-Bernard de Hinnisdael et il a été offert par celui-ci à sa collégiale dans le contexte de la coutume dite du drap d’or. Au terme de cette coutume, les dignitaires des collégiales étaient tenus d’offrir un cadeau à leur église suite à leur élection.

Le sujet est évidemment en relation avec la dédicace de l’église. La toile en a orné le maître-autel jusqu’à la vente de celui-ci à l’église d’Odeigne en 1847, dans le cadre de la débaroquisation des églises gothiques qui prévalait alors largement dans notre pays. Le tableau est resté dans l’église Sainte-Croix et c’est l’un des très rares tableaux du peintre encore conservés dans son institution d’origine. Toutefois, pendant la durée des travaux de restauration de l’église, il est présenté dans un collatéral de la cathédrale Saint-Paul.

Invention de la sainte croix.
Fig. 3. Bertholet Flémal, Invention de la sainte croix. Détail © IRPA-KIK, Bruxelles, KM010317.

L’artiste joue habilement sur le mélange de crainte et de ferveur que suscite cette découverte. Le ciel et la terre sont intelligemment unis. L'ange à gauche du registre céleste aide les trois soldats au sol à redresser la croix ; c'est le bois même de celle-ci qui relie les deux registres, selon un axe ascensionnel. L'ange qui lui fait face est déjà en vénération, de même que sainte Hélène. Avec un visage d'un profil absolu tel que les affectionne Flémal, celle-ci est clairement mise en évidence au milieu d'une foule bigarrée. Son somptueux péplum rose la détache hardiment et fait d’elle l’un des personnages les plus distingués de tout l'œuvre de Flémal. L'ensemble est dominé par une palette très froide, que rythment les blancs caractéristiques du peintre. Cette grande toile est le véritable chant du cygne de son auteur : à quelques mois de sa disparition, il s'y est surpassé. Elle traduit par des passions diversifiées les sentiments de crainte et de vénération autour desquels toute la composition a été charpentée. Par les contrastes dans le paysage, le peintre conçoit la découverte de la croix comme l’aube d’un renouveau pour l’humanité.

Fig. 4. Bertholet Flémal, Invention de la sainte croix, peinture du maître-autel de l’église des croisiers de Liège, aujourd'hui conservé dans l’église Saint-Barthélemy à Liège © IRPA-KIK, Bruxelles, X069187.

Ce n’est pas le seul exemple de tableau de ce sujet par Bertholet Flémal. Il avait peint quelques années auparavant un tableau très proche pour le maître-autel de l’église des croisiers de Liège. Depuis le début du XIXe siècle, ce tableau peut être admiré dans l’église Saint-Barthélemy à Liège. Il met davantage l’accent sur l’adoration par les plus humbles de la croix nouvellement découverte, on pourrait dire inventée.

Pierre-Yves Kairis

Vice-président de l’Institut archéologique liégeois

 

Invention de la sainte croix. Détail © IRPA-KIK, Bruxelles, KN008942.
Fig. 5. Bertholet Flémal, Invention de la sainte croix. Détail © IRPA-KIK, Bruxelles, KN008942.

Bibliographie :

HELBIG J., La peinture au pays de Liège et sur les bords de la Meuse, Liège, 1903, Imprimerie liégeoise Henri Poncelet, pp. 256 et 269-270.

HENDRICK J., La peinture au pays de Liège. XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles, Liège, Perron-Whale, 1987, pp. 130, 131 et 136.

KAIRIS P.-Y., Bertholet Flémal (1614-1675), Paris, Arthena, 2015, passim, p. 38, 60, 65, 75, 133 et 153 (avec la bibliographie antérieure).

KAIRIS P.-Y., Invention de la sainte croix, dans JAFFRE G. et MARCHANT C. (sous la coord.), Trésors classés en Fédération Wallonie-Bruxelles, Protection du Patrimoine culturel, vol. 1, Stavelot, 2015, p. 237.

Formation en gestion et conservation du patrimoine mobilier religieux : nouveau programme!

Après avoir eu lieu à Namur et à Châtelineau (Charleroi), la formation en gestion et conservation du patrimoine mobilier religieux du CIPAR prend place à Liège cet automne ! Cette formation a pour objectif de fournir des clés de compréhension du patrimoine conservé dans nos églises ainsi que de fournir conseils et astuces pour assurer leur préservation. Si vous êtes intéressés, découvrez ici le programme et les modalités d'inscription.

L’église Saint-Jean-Baptiste de Namur fait restaurer une œuvre majeure de la sculpture namuroise

Fig. 1. Le Christ triomphant après traitement. © KIK-IRPA, Bruxelles (cliché X165055, 2024).
Fig. 1. Le Christ triomphant après traitement. © KIK-IRPA, Bruxelles (cliché X165055, 2024).

Depuis le 14 mai dernier, les visiteurs peuvent admirer un Christ triomphant au centre du Grand salon du Musée des Arts décoratifs de Namur. Cette œuvre remarquable du sculpteur namurois Feuillen Houssart (1710-1753) provient de l’église Saint-Jean-Baptiste de Namur. Elle a fait l’objet d’une étude matérielle et d’une restauration dans l’atelier des sculptures en bois de l’Institut royal du Patrimoine artistique, financées par le fonds Léon Courtin-Marcelle Bouché.

Fig. 2. Détail du visage du Christ après traitement. © KIK-IRPA, Bruxelles (cliché X165067, 2024).
Fig. 2. Détail du visage du Christ après traitement. © KIK-IRPA, Bruxelles (cliché X165067, 2024).

La restauration de la statue s’inscrit dans le cadre d’initiatives de plus grande ampleur. La première est la restauration intérieure de l’église Saint-Jean-Baptiste. Edifice classé depuis 1936, il s’agit de la plus ancienne église conservée de Namur. Outre le bâtiment, la Fabrique d’église entend aussi valoriser le mobilier, dont la richesse constitue un des attraits indéniables de l’église. En 2021, une demande de financement est déposée auprès du Fonds Courtin-Bouché, afin d’entreprendre la restauration du Christ triomphant exposé dans l’autel latéral nord de l’église. Le projet a pour objectif de conserver et de rendre toute sa lisibilité à ce chef-d’œuvre de la sculpture namuroise, afin de l’exposer à nouveau dans l’église après la fin des travaux. En accord avec l’Agence wallonne du Patrimoine, un emplacement plus adéquat sera choisi pour le mettre en valeur. Entre-temps, et jusqu’au 8 septembre 2024, le Christ est présenté dans l’exposition « Des mains de maîtres. Sculpteurs baroques et rococo à Namur (17e-18e s.) », organisée au Pôle muséal des Bateliers à Namur. Elle sera ensuite, et jusqu’à la fin des travaux de l’église, conservée au Musée diocésain de Namur.

Fig. 3. Le revers de la sculpture à mi-nettoyage. © KIK-IRPA, Bruxelles (cliché X158567L, 2024).
Fig. 3. Le revers de la sculpture à mi-nettoyage. © KIK-IRPA, Bruxelles (cliché X158567L, 2024).

Le Christ de Saint-Jean-Baptiste est actuellement au cœur des recherches menées par Michel Lefftz, professeur en histoire de l’art à l’Université de Namur. L’œuvre était jusqu’à présent méconnue. Avant sa dépose récente, la statue était installée en hauteur, sur un retable d’autel, soustraite aux regards. Ses grandes qualités plastiques étaient dès lors passées inaperçues. Pourtant, le Christ en ronde-bosse, de grande taille, impressionne d’emblée par sa silhouette gracieuse et la délicatesse de son expression. À la suite de récentes découvertes, Michel Lefftz a pu attribuer la sculpture à Feuillen Houssart (Namur 1710 – Averbode 1753). Jusqu’ici, on ne connaissait de lui que ses importants travaux pour l’abbaye d’Averbode, et aucune œuvre namuroise n’avaient pu lui être rattachées. D’autres œuvres peuvent aujourd’hui lui être attribuées comme les anges musiciens des stalles de l’abbatiale de Floreffe, plusieurs angelots des confessionnaux de l’église Saint-Loup à Namur, ou encore le beau saint Corneille de l’église Saint-Rémi à Thon-Samson. Les réalisations de Houssart manifestent une maîtrise technique hors du commun et une inventivité exceptionnelle. La restauration du Christ de Saint-Jean-Baptiste suivie de l’exposition est une occasion unique de documenter sa carrière et de le remettre à l’honneur. Pièce maîtresse de l’artiste, l’œuvre manifeste pleinement son talent et permet d’y voir l’un des meilleurs sculpteurs de la phase « maniérée » du baroque.

La qualité de la statue et le potentiel d’étude qu’elle représente pour la connaissance des pratiques des sculpteurs au 18e siècle ont retenu l’attention de l’atelier de restauration des sculptures en bois de l’IRPA. Grâce au généreux soutien financier du fonds Léon Courtin – Marcelle Bouché, le traitement de conservation-restauration de Christ lui a été confié, et a été réalisé par Emmanuelle Mercier et Violette Demonty. En plus de lui rendre une apparence digne de son statut de chef-d’œuvre, ce traitement a permis d’en assurer la bonne conservation à long terme.

Fig. 4. Le dos de la statue, avec les joints d’assemblage visibles. © KIK-IRPA, Bruxelles (cliché X165067, 2024).
Fig. 4. Le dos de la statue, avec les joints d’assemblage visibles. © KIK-IRPA, Bruxelles (cliché X165067, 2024).

L’étude matérielle réalisée par l’équipe de l’IRPA[1] a permis de mieux comprendre comment l’œuvre a été réalisée. Taillée dans un bois de feuillu clair et tendre, probablement du tilleul, la sculpture est composée de pas moins de 27 morceaux de bois assemblés. Cette pratique, courante à l’époque baroque, a été observée à travers de nombreux joints d’assemblage, complétée d’une radiographie. Le soin apporté à la taille du dos de la sculpture et des cheveux, semble indiquer qu’elle n’était initialement prévue pour être exposée dans l’autel, mais dans un endroit où toutes ses faces étaient visibles, voire portée en procession. L’étude stratigraphique et topographique des polychromies successive a révélé trois niveaux de polychromie différentes. La dernière, soignée et de qualité, pourrait dater du 19e ou du début du 20e siècle. Elle serait contemporaine des pierres colorées, serties dans des bijoux métalliques appliqués autour des cinq plaies du Christ. L’analyse d’anciens clichés dans la base de données photographiques de l’IRPA a permis aussi de mieux comprendre d’anciennes altérations. Le placement d’une lourde cape sur les épaules du Christ serait ainsi probablement à l’origine d’usures au niveau du torse. Après 1973, la sculpture a probablement subi un dégât important, peut-être dû à une chute, suivi d’une restauration conséquente, notamment au niveau des assemblages. Au fil du temps, plusieurs doigts des mains ont été endommagés, voire perdus, et réparés de manière plus ou moins qualitative.

Outre l’étude de l’œuvre, l’atelier de restauration a procédé à un traitement de l’œuvre en plusieurs étape, à commencer par une éradication des insectes xylophage au moyen d’une anoxie. Les quelques soulèvements de polychromie ont ensuite été fixés, avant un nettoyage superficiel de la surface, afin d’en éliminer les saletés incrustées (probablement dues à la suie des bougies). Les retouches grossières ont été enlevées, de même que d’anciens mastics. De nouveaux bouchages ont été appliqués dans les cavités laissées par ces derniers, et des zones de vois vermoulues ont été consolidées.

           

Fig. 5. La main droite avant traitement, avec index en cire et auriculaire en matériau de bouchage blanc. © KIK-IRPA, Bruxelles (cliché X155692L, 2024) et fig. 6. La main droite après traitement. © KIK-IRPA, Bruxelles (cliché X165066, 2024).

Fig. 7. Saint Corneille de l’église Saint-Rémi de Thon. © KIK-IRPA, Bruxelles (cliché X161879, 2023).
Fig. 7. Saint Corneille de l’église Saint-Rémi de Thon. © KIK-IRPA, Bruxelles (cliché X161879, 2023).

La reconstitution des doigts mutilés a constitué une étape importante du traitement. Il a été jugé important de pouvoir reconstituer la qualité expressive de la main, sans pour autant inventer totalement la position des doigts manquants. Ceux-ci ont donc été reconstitués à l’aide des anciens clichés de l’IRPA, mais aussi par l’examen d’œuvres comparables de l’artiste, en particulier le saint Corneille de l’église de Thon, cité plus haut, également attribué à Feuillen Houssart. Une empreinte de l’auriculaire et de l’index du saint ont ainsi permis de réaliser deux nouveaux doigts, adaptés à la morphologie du Christ. Enfin, un masticage et une retouche des lacunes ont été effectués ; réalisée par petits points, détectable de près mais invisible à distance, cette retouche masque les joints d’assemblage.

Outre la stabilisation des dégradations, l’étude et le traitement de conservation-restauration du Christ ont apporté une meilleure compréhension de son histoire, et une remise en valeur de la sculpture dans son troisième état de polychromie. Avec la reconstitution des doigts, elles permettent d’apprécier la valeur esthétique de l’œuvre.

Lise Constant

[1] Le présent résumé de l’étude et de la restauration par l’IRPA est issu de l’article rédigé par Violette Demonty et Emmanuelle Mercier, « Une œuvre majeure du baroque rococo en Namurois : le Christ triomphant attribué à Feuillen Houssar(t) », dans Des mains de maitres.

Sculpteurs baroques et rococo à Namur (17e-18e s.), vol. 1, catalogue d’exposition, Namur, 14 mai – 8 septembre 2024, Namur, 2024, p. 133-143.

Appel 2024 : Subvention pour la conservation-restauration des biens culturels mobiliers protégés par la Fédération Wallonie-Bruxelles

En cette fin de printemps, la Fédération Wallonie-Bruxelles met à nouveau à disposition une subvention en vue de pouvoir couvrir les frais de conservation-restauration de biens culturels mobiliers protégés. Les gestionnaires d’églises paroissiales peuvent en ce sens déposer un dossier de candidature en vue de l’obtention de la subvention.

Chaque année, la Fédération Wallonie-Bruxelles dispose d’une enveloppe budgétaire visant la conservation-restauration des biens culturels mobiliers protégés : biens classés, biens inscrits, biens mobiliers appartenant au patrimoine religieux.

Saint Antoine en Barbefosse. Détail avant et après traitement (photos © IRPA-KIK, Bruxelles cliché X157357 et © CIPAR)

Quelques conditions préalables

Pour pouvoir savoir si un bien religieux peut bénéficier de cette subvention, il doit répondre aux points suivants :

Rappel sur les inventaires :

Qu’est-ce qui est considéré comme « inventaire déclaré auprès du CIPAR » ? Il s’agit d’un inventaire qui a été intégralement encodé dans la base de données interdiocésaine, selon la méthodologie (redirection vers la page sur la réalisation d’inventaires) préconisée par le CIPAR.

Le CIPAR se tient entièrement à disposition des fabriques d’église pour les aider dans l’élaboration de leur récolement.

Date limite de remise de dossiers :

Les dossiers sont à remettre pour le 30 juin 2024. L’introduction d’une candidature se fait en ligne via les formulaire mis à disposition par la FWB. Pour y accéder, cliquez ici.

Vous pourrez également consulter de plus amples informations concernant la procédure d’introduction à suivre dans la fiche pratique subvention.

Contacts FWB : patrimoine.mobilier@cfwb.be

 

Maura Moriaux
Source : Fédération Wallonie-Bruxelles

Les textiles religieux : ignorés et mal-aimés?

Beaucoup de textiles liturgiques intéressants sont actuellement encore conservés dans les sacristies, tels que des vêtements comportant des broderies, des pièces datant du 18e siècle, des soieries et velours, des damas en lin, des dentelles… ceci étant, peu de personnes en ont connaissance et conscience. Pléthore de ces biens ne sont d’ailleurs plus utilisés dans le cadre du culte et atterrissent ainsi dans des tiroirs, des boites, des espaces de rangement ou encore des greniers. Malheureusement, la perte de fonction et de sens, engendrant la perte de connaissance de ces objets, représentent une grande menace pour ce patrimoine précieux.
Dans le cadre du projet CHrisis, une collaboration s’est mise en place entre l’atelier de textiles de l’IRPA, le CIPAR et les services diocésains du patrimoine, afin d’aider et d’accompagner les gestionnaires de patrimoine religieux à identifier et évaluer la valeur historique/patrimoniale de ces biens textiles particuliers.

Le projet CHrisis : la protection du patrimoine en situation de crise

Plusieurs églises paroissiales ont été touchées lors des inondations de l’été 2021, entraînant ainsi la mise en danger de biens patrimoniaux. Suite à ces sinistres soudains, l’Institut Royal du patrimoine Artistique (IRPA) a mobilisé et coordonné un groupe (un comité de crise) rassemblant diverses organisations en charge de gestion du patrimoine. Suite à cela, le projet IRPA CHrisis – Patrimoine en danger a vu le jour pour lancer des réflexions et des actions autour de la relève post-sinistre, mais aussi pour identifier des stratégies préventives pour mieux se préparer à l’éventualités de futures catastrophes. CHrisis se subdivise en plusieurs projets de recherches plus spécifiques, dont l’un porte sur l’évaluation de la valeur et de l'importance du patrimoine textile.
Les textiles liturgiques sont particulièrement sensibles aux ravages causés par de telles calamités. En effet, ils sont généralement rangés dans des tiroirs et des armoires de sacristies, qui sont rapidement immergés. Dans de telles situations, il est primordial d’agir rapidement. Outre les gestes nécessaires de sauvegarde pour extraire les textiles de l’eau et de la boue, une vision claire de la situation doit aussi être élaborée pour identifier les pièces de valeur parmi celles qui sont altérées, de sorte à pouvoir évaluer les priorités en termes de préservation.

Photo 1 : textiles liturgiques sinistrés, issus de la chapelle Saint-Lambert à Verviers. Ils avaient été mis en dépôt pour séchage à l’église Saint-Jean-Baptiste d’Hodimont (Photo © KIK-IRPA, Bruxelles)Qu’est-ce que l’évaluation et comment évaluer des textiles liturgiques ?
Photo 1 : textiles liturgiques sinistrés, issus de la chapelle Saint-Lambert à Verviers. Ils avaient été mis en dépôt pour séchage à l’église Saint-Jean-Baptiste d’Hodimont (Photo © KIK-IRPA, Bruxelles)

Qu’est-ce que l’évaluation et comment évaluer des textiles liturgiques ?

L’évaluation du patrimoine fournit une réponse concrète à la question suivante : pourquoi est-ce que ce bien est important et pour qui revêt-il une importance ?
Voici une définition complète : l’évaluation est le processus qui consiste à examiner, comprendre et saisir les différentes valeurs patrimoniales de manière rationnelle et structurée, en collaboration avec les parties concernées internes et externes et les parties intéressées (1).
Ce qui est donc perçu comme ayant de la valeur sera préservé in fine de manière durable. Un projet d’évaluation est notamment utile et nécessaire lorsqu’une église est réaffectée mais aussi dans le cadre de la gestion globale du patrimoine, lors de l’établissement de priorités au cas où des décisions doivent être prises (lors de sinistres, par exemple) ou lorsqu’il faut déterminer quels biens doivent bénéficier d’une protection. Développer une évaluation patrimoniale est aussi indispensable pour mener des réflexions sociétales en matière de gestion de biens historiques.
Comment évaluer des textiles liturgiques ? Pour concrétiser une évaluation, l’inventaire doit être préalablement établi car il est primordial de savoir ce qui est conservé in situ. Pour ce qui est des églises, plusieurs récolements ont déjà été intégralement établis (cfr liste inventaires validés en 2023). Une fois que l’on dispose d’une bonne vision sur l’ensemble de la collection, il est possible d’évaluer toutes les pièces. D’un côté, ce travail est du ressort des spécialistes : des études historiques et matérielles réalisées par des professionnels sont nécessaires pour effectuer une évaluation pertinente. Celle-ci est basée sur plusieurs critères :

De l’autre côté, il est important d’impliquer les différentes parties intéressées (propriétaires, gestionnaire, …) dans un processus d’évaluation. Une attention particulière doit aussi être portée à l’importance qu’accorde la communauté (locale) au bien évalué, qui se définit par l’usage cultuel et la valeur sociétale. Une évaluation est donc idéalement un processus participatif qui doit être mené par une équipe dont les membres représentent les différentes parties concernées. De plus, il doit être coordonné, dans le cas des églises paroissiales, par les services diocésains du patrimoine. Pour ce qui est des textiles liturgiques historiques, le groupe de réflexion peut faire appel à l’atelier de conservation de textiles à l’IRPA en cas de besoin d’expertise supplémentaire.

Études de cas

Photo 2. Photos de travail (© M.Moriaux, CIPAR)
Photo 2. Photos de travail (© M.Moriaux, CIPAR)

En collaboration avec le CIPAR et les services diocésains du patrimoine, plusieurs églises en Wallonie qui conservent un grand nombre de textiles anciens à caractère patrimonial, de datations et de typologies différentes ont été sélectionnées pour l’étude. Dans ces édifices, des textiles liturgiques ont été examinés de près, afin d'évaluer leur valeur et leur importance. Plusieurs spécialistes de textiles sont venus prêter main forte pour étudier quelques ensembles : Mireille Gilbert (UCLouvain), Hélène Malice (UCLouvain) et Frieda Sorber (conservatrice émérite du ModeMuseum à Anvers).

Étoffes en soie du 18e siècle

Plusieurs vêtements liturgiques initialement conservés à la chapelle Saint-Lambert de Verviers ont été sauvés des inondations. Parmi ceux-ci, il y a des chapes et des chasubles confectionnés à partir de tissus du 18e siècle.
Ce type d’étoffe en soie, avec des motifs (floraux) tissés, est très représentatif de cette période. Il s'agit souvent de tissus luxueux qui étaient également utilisés pour l’ameublement et les vêtements.

Photos 3 et 4. Chape en soie à motifs végétaux et floraux, milieu 18e siècle (photo © KIK-IRPA, atelier de textiles)

Un lien historique avec l’église

Un ornement (ensemble de vêtements) particulier est conservé à l’église Saint-Nicolas d’Enghien et est, pour ainsi dire, complet. Il comprend une chape, une chasuble, deux dalmatiques et des insignes (une étole, des manipules et un voile de calice). La datation de l’ensemble est connue grâce à la date « 1642 » qui est brodée. Outre cette date, des blasons sont également cousus, dont celui de la ville d’Enghien. Actuellement, l’ornement est en cours d’étude par l’UCLouvain pour mieux comprendre son contexte de production. Les riches décorations en fil de soie et fil d’or constituent une composition très créative, qui témoigne d’un savoir-faire maîtrisé et de qualité.

Photos 5-8. Chape en velours rouge à orfrois en fils d’or et de soie, milieu 17e siècle (photo © fabrique Saint-Nicolas, Enghien et photo © KIK-IRPA, atelier de textiles IRPA)

Orfrois médiévaux

Photos 9-11. Chasuble blanche ornée de croix et de colonne brodées, fin 15e – début 16 siècle, interventions postérieures nombreuses ; tissu de base : soierie du milieu du 18e siècle (photo © KIK-IRPA, atelier de textiles IRPA)

De manière inattendue, une chasuble à étoffe de fond en soie blanche du 18e siècle et ornée d’orfrois médiévaux a été redécouverte à l’église Saint-Rémi de Liers. La broderie est de haute qualité mais une intervention de restauration regrettable en recouvre une grande partie. Seuls les anges brodés ont été relativement bien conservés. Ceci étant, la chasuble préserve une grande valeur patrimoniale et ce malgré les restaurations quelque peu hasardeuses.

Signature du tailleur

Au premier coup d’œil, une inscription mystérieuse a été découverte sur cette sobre chasuble funéraire (fig.12-13), brodée sur la doublure. Après examen minutieux, il semble que cette inscription serait le nom du tailleur (P.M.Lekeu) et la date de la conception (1726) du vêtement. La chasuble a été au cours du temps remaniée à diverses reprises et reconstituée avec du tissu plus récent. La doublure a été remployée et retournée, rendant l’inscription illisible. Cette pièce sobre livre en réalité davantage d’information sur le travail du tailleur de Namur, dont plusieurs vêtements issus du même atelier sont conservés ailleurs dans autres églises de la région namuroise. Ces ensembles attribués à P.M.Lekeu sont également en cours d’étude par l’UCLouvain.

Photos 12-13. Chasuble funéraire, confection originelle du 18e siècle (photo © KIK-IRPA, atelier de textiles IRPA)

Appel

Ces études de cas n’illustrent que quelques exemples de vêtements religieux remarquables et conservés dans des églises de Wallonie. Il est très probable que d’autres pièces textiles exceptionnelles figurent également dans les inventaires d’autres édifices de culte. Vous souhaitez bénéficier de l’expertise ou de conseils en termes d’évaluation de la part de spécialistes en la matière ? N’hésitez pas à prendre contact avec le CIPAR et les services diocésains du patrimoine !

Envie d’en savoir plus ?

Pour plus d’informations sur le projet CHrisis : cliquez ici.
Pour plus d’informations sur les textiles liturgiques n’hésitez pas à télécharger ou commander la brochure du CIPAR Comprendre et conserver les textiles liturgiques.

Judith Goris – Assistante scientifique - l'Atelier des textiles KIK-IRPA
Traduction du néerlandais au français assurée par Maura Moriaux, CIPAR

CIPAR - Centre Interdiocésain du Patrimoine et des Arts Religieux