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Sainte Marguerite au fil des siècles à Jemelle

Publié le 28/05/2025

Depuis le XVIe siècle et pour chaque période de cent ans, on peut trouver dans et autour de l’église paroissiale un élément rappelant la patronne de la paroisse.

XVIe siècle : la statue du Maître de Waha

La plupart des spécialistes et historiens de l’art s’entendent pour reconnaître que cette statue est bien une production du Maître de Waha.
L’original est maintenant en dépôt au Musée en Piconrue à Bastogne. Elle est de temps en temps présentée au grand public lors d’expositions thématiques.
Elle est notamment revenue à Jemelle pour quelques jours en juin 2015 : une exposition avait été mise sur pied dans le cadre du 150e anniversaire de notre église.

XVIIe siècle : le chronogramme sur le mur extérieur du bras du transept

Dans le mur extérieur de la partie droite du transept se trouve un chronogramme dont le texte est le suivant : BTA MARGARETA SIT HVIVS LOCI DEFENSIO PERPETVA (que sainte Marguerite soit de ce lieu la protection perpétuelle) et qui donne la date de 1669. Date à laquelle une nouvelle église est construite au confluent la Lomme et de la Wamme en remplacement de l’ancienne. Cette dernière se trouvait alors au lieu-dit « les Récollets ».

XVIIIe siècle : la statue de style baroque

Une autre statue datant du XVIIIe siècle est exposée dans la partie droite du chœur. Elle n’est pas reprise dans le relevé de l’IRPA, datant des années 60. Elle est néanmoins citée dans l’inventaire de l’exposition « Trésors d’art de l’ancien doyenné de Rochefort » organisée en 1966 par le CCHR. A la cure, se voit une seconde sainte Marguerite debout, munie d’une palme dans la main droite et d’un livre dans la gauche, elle foule au pied le dragon.

XIXe siècle : une statue malheureusement disparue

Lors de la campagne d’inventaires réalisée par l’Institut Royal du Patrimoine Artistique, dans les années soixante, la photo ci-jointe avait été réalisée.
Les renseignements suivants sont donnés à son sujet :

  • Créateur : inconnu (sculpteur) ;
  • Date : 1865 (ca) ;
  • Matériau : bois ;
  • Technique : sculpté, polychromé ;
  • Style : néo-gothique ;
  • Dimensions – hauteur : 128 cm.

Cette photo et ces renseignements sont les seules références qui nous restent. CC BY 4.0 KIK-IRPA, Brussels (Belgium), cliché M213191.

XXe siècle : la bannière de procession

Dans l’église, on trouve aussi une grande bannière de procession qui représente la sainte patronne de l’église et qui date de la première moitié du XXe siècle. Sainte Marguerite piétine le dragon. Elle tient dans sa main gauche la palme des martyrs et dans sa main droite une grande épée, instrument de sa mise à mort.

XXIe siècle : la statue de Louis Noël, puis celle de Vinciane Renard.

Cette belle série est complétée en 2004. Deux statuettes en bronze, œuvres d’un artiste local, sont mises en place sur la place Sainte-Marguerite à Jemelle : une devant l’église, elle représente sainte Marguerite, la patronne de la paroisse et de l’église ; l’autre devant les écoles, il s’agit d’Anatole, le « roi des Mougneux d’ djote », le plat local des villageois.

En décembre 2022, la statue de sainte Marguerite est volée. Plainte est déposé, des recherches dans les environs sont menées, un article dans L’Avenir est rédigé et un signalement au CIPAR est introduit. Malheureusement, la statue ne sera pas retrouvée.

Le Syndicat d’initiative de Jemelle prend alors la décision de la remplacer. Le sculpteur étant décédé, on s’adresse alors à une sculptrice originaire de Rochefort et réalisatrice de plusieurs autres œuvres dans la région : Vinciane Renard.

Ne pouvant assurer le projet à lui seul, le Syndicat d’Initiative de Jemelle va solliciter plusieurs mécènes locaux et demander l’appui des paroissiens et sympathisants des environs. La Ville de Rochefort, Lhoist Industries, l’abbaye de Rochefort, la Confrérie de la Djote et le Lions club Rochefort-Famenne vont participer ainsi au projet.

A l’issue de la bénédiction, le président de la fabrique a invité les paroissiens à entrer dans l’église, pour y découvrir une phrase-chronogramme rappelant l’inondation de juillet 2021 durant laquelle les eaux de la Lomme et de la Wamme ont envahi l’édifice. Les eaux avaient renversés des cuves à mazout des environs et le bas des colonnes a été « décapé », marquant clairement le niveau atteint par l’inondation.

Les personnes présentes ont aussi  pu remarquer que, depuis le XVIe siècle, et pour chaque période de cent ans, on peut trouver dans et autour de l’église paroissiale un élément rappelant la patronne de la paroisse.

Sainte Marguerite d’Antioche

Sainte Marguerite est une sainte martyre originaire d’Antioche de Pisidie. Fille d’un prêtre romain, elle est confiée peu après sa naissance à une nourrice. Cette dernière va lui donner son lait, mais aussi une nourriture spirituelle. Quand Marguerite retourne chez son père, elle lui confie bien vite qu’elle est chrétienne et baptisée. Il ne peut accepter cette nouvelle et la chasse. Elle retourne chez son ancienne nourrice qui la met dans les champs pour garder son troupeau. Vient à passer Olybrius, préfet de la région, il la trouve jolie et veut en faire son épouse, si elle est romaine, ou sa concubine. Elle se refuse à lui expliquant qu’elle est chrétienne et qu’elle s’est consacrée à Jésus-Christ. Il ne peut l’accepter et entreprend de la persuader, puis lui fait subir des mauvais traitements et l’enferme pour la nuit au cachot. Marguerite demande à Dieu de lui montrer son véritable ennemi et le diable lui apparaît sous la forme d’un dragon, écrit Jacques de Voragine. Il la dévore ; ayant gardé sur elle une petite croix, elle lui perce la paroi abdominale et le piétine. Le lendemain, le martyre continue si bien qu’elle réussit ainsi à convertir des témoins de ses supplices. Devant son refus d’abjurer sa foi, Olybrius la fait décapiter. Elle est reprise au nombre des 14 saints intercesseurs.

Patronage
Sainte Marguerite est la patronne des femmes enceintes et des sages-femmes. Le 20 juillet, on fête les Marguerite et aussi les Marine. Marguerite, en latin et en grec, signifie perle.

Apparition à Jeanne d’Arc
Sainte Marguerite est encore connue puisqu’elle apparaît à Jeanne d’Arc avec saint Michel et sainte Catherine.

Exposition « De fond en comble » du 31 mai au 14 septembre 2025.

Le président de la fabrique a aussi pu attirer l’attention des personnes présentes sur l’exposition mise en place dans l’église pour le week-end des Journées Eglises Ouvertes des 31 mai et 1er juin. L’exposition reste d’ailleurs ouverte tous les dimanches de l’été jusqu’au week-end des Journées du Patrimoine les 13 et 14 septembre.

On pourra y découvrir :

  • Des reproductions de cartes postales et photos anciennes de l’église ou d’événements religieux ;
  • Deux drapeaux de l’Association St-Raphaël (dont un de 1925 et un autre plus ancien encore),
  • Des bannières de processions, dont une est datée de 1892
  • Une grande croix de la Passion de 1865,
  • Des bibles anciennes et des vieux livres de chants.

Et bien d’autres choses encore.

Jean-Luc Fivet

Les illustrations sont de l'auteur.

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