Pécrot et Colruyt, un lien ?
Située sur une butte du village de Pécrot, l’église Saint-Antoine est un édifice emblématique de la localité. En plus d’être réputée pour son orgue classé par l’AWaP et ses peintures murales uniques, cette église mérite aussi d’être mise en lumière à travers le travail d’inventaire mené par la fabrique d’église.
Un passé mouvementé et des productions peintes sortant de l’ordinaire
L’édifice néoclassique a été construit en 1841 par l’architecte Moreau. Initialement dépendante de l’église Notre-Dame de l’Assomption à Bossut, celle de Pécrot devient paroissiale et indépendante en 1857. Malheureusement, elle se retrouve fortement endommagée durant la Seconde Guerre mondiale, entraînant des travaux conséquents qui se terminent en 1954. Durant cette phase de travaux, le chœur et les parois derrière les autels latéraux sont ornés de peintures.
Tandis que les peintures des collatéraux (1954), représentent respectivement l’Assomption et des épisodes de la vie de saint Antoine, celle du chœur (1946) illustre un Calvaire, mais pas n’importe lequel… ! En effet, la scène est insérée dans une représentation du hameau de Pécrot. On y identifie en arrière-plan l’église et les villageois qui assistent à la scène, en oraison. D’après les vêtements qu’ils portent, on peut attester qu’il s’agit de personnes contemporaines à l’année de production de l’œuvre, vivant donc durant les années 1940. Ce type d’image peut être perçu comme une aide à la dévotion car le paroissien pouvait de cette manière s’identifier aux enfants, à l’agriculture ou encore à la mère de famille. En bref : des personnages évoquant le quotidien. « En tant que Pécrotois, nous sommes tous encore très attachés à cette peinture, qui fait partie intégrante de notre histoire », partage Blandine Vanderlinden (membre de la fabrique d’église).
L’auteur de ces trois œuvres est Jeff Colruyt qui comme son nom le laisse supposer, est bien un membre de la famille actuellement réputée pour avoir lancé une enseigne de supermarchés.
Inventaire et conscience patrimoniale
Comme en atteste l’œuvre de Jeff Colruyt, les habitants de Pécrot se sont vite sentis liés à l’histoire de leur paroisse. La fabrique d’église illustre bien cela, comme l’évoque Bernadette Pierre (ancienne secrétaire de la fabrique d’église de Pécrot) : « j’ai vite compris l’importance d’élaborer un inventaire pour garantir la préservation de notre mobilier mais aussi pour documenter notre passé. C’est pour cette raison que j’ai commencé le travail en 2016, en me basant sur un récolement de 1986 ». Un véritable travail de correspondance s’en est suivi, accompagné de prises de photographies et de dimensions. Bertrand Dubois (trésorier de la fabrique) a repris ce précieux travail de terrain et a transposé les données dans la base de données informatisée, avec l’aide de Blandine Vanderlinden (membre de la fabrique).
Les fabriciens ne se sont pas arrêtés, comme le rapporte Jean-Albert Roberti de Winghe (président et secrétaire) : « nous surveillons l’état de conservation du bâtit car nous avons déjà été confronté à des problématiques d’humidité. Nous craignons d’ailleurs pour la bonne conservation des peintures ». Bien que l’humidité ou encore les affres du temps n’épargnent pas les œuvres, des dispositions peuvent être prises pour ralentir leur dégradation :
- Prendre des photos à intervalle régulier (tous les 2 mois, par exemple), afin d’identifier la formation éventuellement de nouvelles dégradations (soulèvement de la peinture, efflorescences, …)
- Prendre contact avec les services diocésains du patrimoine et le CIPAR, qui pourront aider et conseiller ainsi que renvoyer vers des spécialistes du domaine.
Maura Moriaux
Les photos sont de l'auteur.