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Franc-Waret: somptueuses soieries

Publié le 10/01/2019

Patrick Bodart, étudiant au Séminaire et trésorier de la Fabrique, a entrepris avec Anne-Marie Delmotte, une autre bénévole, l’inventaire du patrimoine de l’église Saint-Rémi de Franc-Waret. C’était l’occasion idéale de revoir le rangement et le conditionnement de la belle collection de textiles toujours conservée dans la sacristie. Le Service Patrimoine de l’Evêché de Namur est intervenu dans cette opération.

Première étape : le repérage. Les textiles étaient en effet répartis dans les différents meubles de la sacristie : chasubliers, chapier, caissons pour antependiums. Ce repérage a permis de prendre connaissance d’un ensemble du XVIIIe siècle, composés d’ornements aux différentes couleurs liturgiques assortis à des antependiums. Ces pièces sont signées par un tailleur namurois, Maître Lekeu. Celui-ci prenait soin de dater précisément la réalisation de ses vêtements ; ceux de Franc-Waret sont datés pour la plupart entre 1781 et 1784. Les ornements sont très probablement des dons de la famille de Groesbeeck, propriétaire du château de Franc-Waret et bienfaiteurs de l’église.

Les meubles ont été vidés et nettoyés planche par planche, tiroir par tiroir. Comme souvent, les armoires elles-mêmes ont révélé des surprises. Sur la porte du chapier, on avait placardé, en 1785, un « règlement pour l’usage et la conservation des ornements de l’église », règlement approuvé par le comte Alexandre-François de Groesbeeck. Le règlement précise quels jours de l’année liturgique doivent être portés les ornements.
Le nettoyage des meubles a permis d’enrayer le début d’une grave infestation. Il y a longtemps déjà, un tiroir du chasublier, coincé et donc oublié, avait servi de nid à des rongeurs. Les petits occupants ont quitté le tiroir après avoir réduit en miettes son contenu. Depuis, le tiroir, jamais ouvert, sombre, humide et contenant encore les résidus organiques laissés par les rongeurs, a offert un milieu favorable au développement de poissons d’argent. Le nettoyage a heureusement troublé la quiétude de ces nouveaux envahisseurs avant qu’ils n’atteignent d’autres tiroirs. Les vêtements du chasublier ont été nettoyés à sec soigneusement (avec un aspirateur) et transférés dans un autre meuble.

Tous les vêtements ont été photographiés et inventoriés. Les ornements (ensembles composés d’une même couleur liturgique) ont été reconstitués pour être rangés au même endroit. Les pièces ont été rangées protégées par du tyvek® (sorte de tissu synthétique) ou du papier de soie. Les cintres en bois ont été rembourrés par une couche de mousse. Certains vêtements ont été protégés par une housse conçue sur mesure. Le rangement des antependiums a été revu aussi : il s’agissait de mieux les répartir entre les caissons disponibles afin qu’ils soient moins serrés. Espérons que l’inventaire de Franc-Waret puisse se poursuivre par un travail de recherche sur l’histoire des vêtements liturgiques. Des vêtements signés par Maître Lekeu sont en effet conservés dans plusieurs églises du Namurois. Précisément datés, ils sont des témoins de la liturgie, des goûts et des modes durant l’Ancien Régime, mais aussi du métier de tailleurs et d’ateliers textiles namurois.
Merci à Anne-Marie et Patrick pour leur travail !

Hélène Cambier, CIPAR
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