CIPAR

Nouveau visage pour la cathédrale Saint-Paul de Liège

Publié le 05/01/2021

Les travaux d’entretien se sont succédés à la Cathédrale de Liège depuis son édification. Les nombreuses réparations effectuées au fil des ans sur les couvertures ne suffisaient plus à garantir l’étanchéité et diverses pathologies affectant les charpentes et les maçonneries nécessitaient une restauration de grande ampleur.

La collégiale avec son chapitre fut fondée en 966 par l’évêque Éracle (959-971), prédécesseur immédiat de Notger. Cette première église ottonienne fut remplacée au début du XIIIe siècle par un édifice gothique. La construction entamée en 1230 s’acheva deux siècles plus tard par l’édification de la tour. En 1802, la collégiale Saint-Paul fut élevée au rang de cathédrale et la tour fut coiffée d’un clocher et d’une élégante flèche en 1811.

Illustration 1 : LELOUP Remacle, Vue de l'église collégiale de Saint-Paul à Liège, image imprimée, Bibliothèque du Séminaire de Liège, vers 1730. Photo IRPA-KIK, Bruxelles. 

 

L’édifice a ensuite bénéficié d’une importante campagne de restauration à la moitié du XIXe siècle : ces travaux, initiés par l’architecte Jean-Charles Delsaux, ont profondément modifié l’aspect originel de la construction en lui conférant un « décor architectural gothique » d’inspiration française digne d’une cathédrale. Cette restauration, largement inspirée du travail et des théories élaborés par l’architecte Viollet-le-Duc, ne fut pas sans conséquence pour le monument. Seule l’élévation sud du vaisseau principal et l’élévation sud-ouest du transept furent épargnées. Outre la perte d’authenticité occasionnée par l’apport de cette « façade fallacieuse », la mise en œuvre des éléments de décor engendra de profonds désordres. En effet, la construction des galeries à la base des toitures, destinée à supporter les chéneaux en partie supérieure, a modifié la typologie des appuis des charpentes. La modification apportée lors des travaux de 1850 a emmuré les extrémités des charpentes qui se sont dégradés au contact de l’humidité contenue dans la maçonnerie de briques à la suite de problèmes d’étanchéité des chéneaux en plomb.

Illustration 2 : Toiture du vaisseau principal : le calage ponctuel de chevrons a permis de retrouver la planéité souhaitéeS.A. Architectes Associés, Société civile d'architectes.

Ce constat interpellant a amené la fabrique d’église à désigner un bureau d’étude pour préparer un dossier complet de restauration en 2011. C’est l’association des bureaux d’études Architectes Associés s.a. - Techniques Générales et infrastructures s.a. de Sprimont qui a été retenue, à la suite d’un appel d’offre européen.

En concertation avec les différents intervenants, le dossier s’est orienté vers un « contrat cadre » qui présente l’avantage d’inscrire les travaux dans la durée et de permettre une restauration de grande envergure.

Le dossier a été validé par le département du patrimoine en mai 2015 et le marché des travaux a été attribué au mois de mai de l’année suivante à la société momentanée Monument Hainaut S.A. et Monument Vandekerkhove n.v avec l’entreprise Lefin en sous-traitance pour la réalisation des travaux de toiture.

Illustration 3 : Installation de chantier, couverture provisoire S.A. Architectes Associés, Société civile d'architectes.

Le chantier s’est déroulé en 3 phases :

La première phase concernait le renouvellement de la toiture haute ainsi que la restauration des maçonneries des parties supérieures : galerie, pinacles, arc-boutants. Une toiture provisoire disposée au-dessus des surfaces concernées par les travaux a permis aux artisans de réaliser un travail de qualité indépendamment des conditions météorologiques. Cette première phase s’est achevée à la fin de l’année 2017.

La seconde phase a été engagée au début de l’année suivante. Les toitures des collatéraux et des chapelles Nord, visibles depuis la place Cathédrale ont été renouvelées et les façades ont été restaurées. La dépose des échafaudages en décembre 2020 a permis aux citoyens de redécouvrir le travail remarquable effectué par des artisans qualifiés. La transmission du patrimoine s’étend au-delà de la matière sensible et concerne également l’immatériel : le geste de l’artisan est indissociable de l’œuvre préservée.

Illustration 4 : Mise en valeur des charpentes par un éclairage approprié S.A. Architectes Associés, Société civile d'architectes.

La réalisation de la toiture du collatéral du chœur marquera l’achèvement de la dernière phase.

La fin des travaux et l’inauguration est prévue pour le mois de mai 2021.

Illustration 5 : Pose de broche dans un crochet fissuréS.A. Architectes Associés, Société civile d'architectes.

 

Xavier Tonon, Architecte, S.A. Architectes Associés, Société civile d'architectes

CIPAR - Centre Interdiocésain du Patrimoine et des Arts Religieux linkedin facebook pinterest youtube rss twitter instagram facebook-blank rss-blank linkedin-blank pinterest youtube twitter instagram