Fête de la saint Martin – clap de fin après 14 ans de travaux sur les vitraux à Morialmé
Le 14 novembre dernier s’est tenue l’inauguration marquant la fin de la restauration des vitraux à Morialmé. Les travaux ont en tout duré 14 ans. Cette cérémonie, qui coïncidait avec la fête de la saint Martin, a été organisée par la fabrique d’église.
L’édifice
L’année après avoir été ravagée par un incendie en 1909, l'église Saint-Martin a été reconstruite à l’initiative de l’abbé Charles Bodart, en brique et en pierre bleue sur les plans de l’église de 1860.
Au niveau du patrimoine mobilier remarquable, nous pouvons citer un Christ en croix en bois et datant du XVIe siècle, les grands orgues réalisées en 1911 par Salomon Van Bever, mais surtout des vitraux d’art.
Les vitraux
Les vitraux sont contemporains de la reconstruction de l’église en 1909-1910. L’abbé Charles Bodart aimait le beau et a eu un rôle déterminant dans les choix lors de la reconstruction de l’église. Il a réussi à s’entourer de mécènes qui ont permis au programme ambitieux des vitraux de voir le jour.
Comme le souligne le président de la fabrique d’église Robert Mouchet dans son discours d’accueil : « Rares sont les églises dans les environs qui possèdent tant de vitraux centenaires d’une telle qualité artistique en une telle quantité, représentant autant de personnages religieux : le Sacré Cœur, saint Joseph, saint Paul, sainte Véronique, Notre-Dame de Lourdes et du Rosaire. »
Les vitraux de gauche retracent la vie de saint Pierre alors que ceux de droite illustrent la vie de saint Martin, saint patron de la paroisse.
Leur dégradation
Au fil des décennies, la série de vitraux a subi beaucoup de dommages. L’église n’a été épargnée ni des aléas du temps, ni des intempéries, ni des balles mal envoyées par des sportifs ni encore du vandalisme.
Création d’un comité
En 2007, un comité est créé, rassemblant des paroissiens affligés face à l’état des vitraux et soucieux de préserver leur patrimoine. Cette nouvelle équipe, composée de personnes venues d’horizons différents, avec des compétences variées et complémentaires, a tout de suite été très soudée.
Le comité a la volonté de préserver un patrimoine local, légué par les générations passées, dont le point d’orgue est la Marche Saint-Pierre. (Chaque année, depuis plus de 180 ans, Florennes est le théâtre d'une des plus importantes marches folkloriques de l'Entre-Sambre-et-Meuse. Cette grande Marche folklorique en l'honneur de saint Pierre et saint Paul est un patrimoine immatériel reconnu par l'UNESCO. C’est plus de 1500 hommes en armes et costumes traditionnels qui défilent durant trois jours dans les rues de Florennes.)
Le comité s’est réuni en tout 45 fois entre 2007 et 2020. Très vivant, il a organisé des soupers d’automne, des repas champêtres au printemps, des marches, des concerts, des expositions et autres. Tout ceci « crée du lien social » entre les membres du comité mais aussi avec toute la communauté, comme le souligne le président de la fabrique.
La restauration des vitraux
Très vite soutenu par le Conseil de la fabrique, le comité a introduit une demande pour la restauration de tous les vitraux à l’évêché de Namur comme il se doit quand on veut intervenir sur un édifice religieux. Suivant les consignes de l’évêché, les travaux restitueront l’éclat de jadis des vitraux en les refaisant à l’identique.
La firme Henri Dupont, vitrier d’art à Nivelles et sa collaboratrice Madame Marise Frattini ont travaillé sur les vitraux du chœur et des nefs latérales. La firme Didier Carpet de Biesme s’est quant à elle occupée du grand vitrail au-dessus du porche d’entrée, des quatre vitraux en façades et de ceux en forme de pétale au-dessus de l’entrée.
Le comité avait prévu de procéder étape par étape en commençant par les vitraux les moins abîmés. Les phases successives permettent de trouver entre deux interventions de nouveaux moyens de financement en proposant des activités, des soupers ou des ventes mais également de retrouver de l’énergie pour suivre convenablement ce projet conséquent. Notons qu’en complément des sommes récoltées, la fabrique d’église a prévu chaque année qu’une part de son budget soit allouée à la restauration des vitraux.
Finalement, il aura fallu 10 phases entre 2008 et 2020. A chacune d’elle, le blog de la paroisse a relaté l’avancement des travaux et les a illustrés avec des photos. A certaines grandes étapes, ils inauguraient la partie achevée avec une petite fête. Cela permettait à toute la population de se sentir concernée par le déroulé des opérations. Ce comité, qui a persévéré jusqu’au dernier vitrail, a été applaudi par le bourgmestre Stéphane Lasseaux lors de la cérémonie.
Le déroulé de la fête de saint Martin
La cérémonie s’est ouverte par un discours de Robert Mouchet, le président de la fabrique. Ensuite le bourgmestre Stéphane Lasseaux et le vicaire général Joël Rochette ont pris la parole pour mettre à l’honneur le travail effectué. Le vicaire a souligné l’importance du beau dans la quête du divin. Il a expliqué que pour accéder au bien il faut prendre le chemin du beau. Ces vitraux, selon lui sont « comme un chemin simple et beau » avant de conclure que « rien n’est plus beau que chaque homme et que chaque femme, les hommes. Les hommes sont les vitraux du Dieu vivant. La Gloire de Dieu est dans tout homme. » Ces vitraux, restaurés ayant récupéré toute leur splendeur de jadis, permettent au beau d’entrer dans l’édifice via la lumière du soleil.
L’abbé Joël Rochette a ensuite béni tous les vitraux les uns après les autres, faisant le tour complet de l’église avec dynamisme, accompagné du curé paroissial Sylvain Moke Modu.
Raymond Roman a présenté son livre « Saint Pierre, guérisseur et protecteur à Morialmé et ailleurs » que le comité vend pour relever des fonds.
Jean-Luc Lepage, titulaire des orgues de la collégiale de Dinant et Sophie Dury, professeure au conservatoire de Dinant, ont ensuite donné un concert d’orgues. Mentionnons au passage que les orgues ont fait l’objet d’une révision en profondeur en 1997 par un autre comité local.
A l’avenir, quels projets pour l’église Saint-Martin ?
Dans un premier temps, il faudra penser à protéger plusieurs vitraux dans le chœur, ceux de la nef droite et au-dessus de la porte d’entrée. Pour ce faire, le comité a réalisé une plaquette consacrée aux vitraux, ainsi qu’un livre parlant de saint Pierre d’un point de vue spirituel et au quotidien. Les bénéfices tirés de leur vente permettront de financer l’acquisition de vitres de protection.
Le comité songe également à ouvrir davantage le lieu à des activités culturelles compatibles avec sa fonction de lieu de culte.
Informations supplémentaires
Rendez-vous sur leur site internet : https://fabriquedeglisesaintmartinmorialme.wordpress.com/blog/
Les illustrations sont de l'auteur ou viennent du blog de la paroisse.
Vinciane Groessens