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De Saint-Ignace à Saint-Loup ; 1621-2021, Quatre siècles d’un joyau baroque à Namur : retour sur cet ouvrage de référence

Publié le 06/09/2022

Un magnifique ouvrage a paru en 2021 à l’occasion de la restauration de l’église Saint-Loup de Namur. “De Saint-Ignace à Saint-Loup ; 1621-2021, Quatre siècles d’un joyau baroque à Namur” a été publié par la Société archéologique de Namur dans sa collection « Namur. Histoire et Patrimoine ». Sous la direction de Thérèse Cortembos et de  Marie-Christine Claes, ce livre* rassemble une vingtaine d’articles de spécialistes en Histoire et en Histoire de l’Art autour de l’église Saint-Loup, une des plus belles églises du diocèse de Namur.

Historique de l'édifice

SaintLoupNamur-FaçadeLes Jésuites sont arrivés à Namur en 1610 pour fonder un collège d’humanités classiques. Ils ont d’abord construit leur couvent et les bâtiments scolaires (aujourd’hui Athénée Royal), puis l’église Saint-Ignace (1610-1645), devenue l’église paroissiale Saint-Loup, en 1773, lors de la suppression de la Compagnie de Jésus.  Le jeune Ordre jésuite se destine à la fois à la contemplation et à l’apostolat. A Namur, la communauté crée dès 1660 l'École dominicale des pauvres, grâce à la générosité d’Anne de Rupplémont. Le dimanche, les Jésuites y donnent l’instruction et le catéchisme aux garçons et aux filles. 

L’église Saint-Ignace est de style baroque brabançon, qu’on peut aussi appeler un « baroque tempéré », en ce qui concerne le décor. L’ordre des Jésuites est engagé dans la pastorale de ce qu’on appelle la Contre-réforme ou la Réforme catholique. Celle-ci voulait répondre aux Protestants qui avaient mis en cause un certain nombre de pratiques et de doctrines théologiques, et en même temps redynamiser les communautés catholiques (insistance sur les sacrements, en particulier l’eucharistie et la pénitence, le culte de la Vierge Marie et des saints). C’est ce programme qui apparaît dans l’architecture et le mobilier de l’église Saint-Ignace, construite selon les plans du frère jésuite Pieter Huyssens, un jeune brugeois. L’église ne comporte pas de transept, mais une nef centrale orientée vers le chœur et doublée de deux collatéraux aboutissant aux chapelles de la Vierge Marie et de saint Ignace. 

L’autel principal et le tabernacle qui rappelle la « présence réelle » du Christ occupent la place centrale dans le chœur. Le banc de communion invite les fidèles à recevoir fréquemment l’eucharistie. Les dix confessionnaux, chef d’œuvre de la sculpture baroque, sont adossés aux murs intérieurs de l’église. Ils invitent les fidèles à la conversion, selon l’esprit des Exercices Spirituels du fondateur. La chaire de vérité est située dans la nef ; la prédication a pour but d’éclairer et de fortifier la foi de tous les fidèles. Les statues de saints et le culte des reliques ont pour but de donner des modèles de vie chrétienne aux jeunes et aux adultes ; cette pastorale populaire est doublée par l’étude scientifique et la publication des Vies de saints, entreprise par la Société des Bollandistes, un groupe de jésuites érudits, installés à Anvers. 

L’art, et surtout l’art baroque, a une place privilégiée dans la pastorale catholique de ce temps. Il exprime l’optimisme du monde catholique, chante la vie et veut toucher le cœur des chrétiens. La voûte de l’église, en tuffeau de Maastricht, éclaire la nef de sa couleur dorée. Entièrement sculptée, elle fait apparaître un décor de fleurs et de fruits, de cornes d’abondance et de volutes qui magnifient l’existence de tous les jours, en vue de célébrer la vie divine à laquelle tous sont invités. Les marbres de couleurs noire, rouge, et blanche couvrent le sol et rehaussent les autels et les colonnes toscanes de la nef. Les peintures qui surplombent les confessionnaux évoquent des passages de la vie du Christ et de la Vierge, en rapport avec les Exercices Spirituels. De nombreuses toiles, notamment du peintre jésuite Jacques Nicolaï, sont dans la mouvance de Rubens.

L’art baroque apparaît comme un « art total », en une période faste, celle des Pays-Bas méridionaux au cours du règne d’Albert et Isabelle. Il témoigne de l’articulation possible entre tradition et modernité, liberté de la création et respect des structures essentielles. 

Le livre

saintignacelivreLa qualité exceptionnelle des photos du livre de référence, ainsi que les nombreux documents d’archives et les recherches approfondies concernant le personnel et les étudiants du collège font de ce volume un incontournable pour la connaissance du XVIIe siècle à Namur et de l’art du « baroque tempéré ». 

André Haquin

Quoi de neuf à Saint-Loup ? 

Cette année-ci, plusieurs projets patrimoniaux sont actuellement en cours dans l’église. En effet, les grandes orgues sont en cours de restauration, ainsi que les toiles peintes de la sacristie et du chœur. Ces projets sont menés par la fabrique d’église et par les Amis de Saint-Loup. Prochainement, nous vous dévoilerons davantage au sujet de l’état d’avancement des travaux.  

Maura Moriaux

* Thérèse CORTEMBOS et Marie-Christine CLAES (dir.), De Saint-Ignace à Saint-Loup. Quatre siècles d’un joyau baroque à Namur 1621-2021. Namur, Société archéologique de Namur, 2021, 672 p.

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