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L’ouverture de la châsse de Notre-Dame de Basse-Wavre, c’était cette année !

Publié le 03/10/2022

La châsse de la basilique de Notre-Dame de Basse-Wavre n'est en principe ouverte que tous les 25 ans, sauf exceptions liées à des conditions ou des événements exceptionnels en Eglise. Ce fut le cas notamment en 2000, pour le jubilé, et en 2009. A ces occasions, des reliques ont été ajoutées lors de ces dernières ouvertures. En 2022, il a été prévu l’ajout de 6 reliques, dont celles de Jean-Paul II. Chaque jour pendant cette semaine de festivités, un ou plusieurs saints de la châsse sont célébrés. Monseigneur Delville, évêque de Liège, a donné, dans le cadre des festivités autour de l'ouverture de la châsse, une conférence dans la basilique de Basse-Wavre sur le culte des reliques à travers les siècles. De la naissance de la dévotion des reliques à son atténuation, un historique a été dressé en remettant la présence du culte des reliques également dans la culture moderne. Nous vous en offrons un résumé.

     Le culte des saints martyrs

Le culte des reliques commence au 2e siècle avec le culte des martyrs dans les tombeaux. Identifiés au Christ, le martyr a donné sa vie par amour du Christ, son image est dès lors associée à une image du Christ. La vénération reste locale tant que la persécution des chrétiens a lieu, et reste concentrée sur les corps des martyrs dont la foi et le don de soi sont attestés.

A partir du 4e siècle, la foi chrétienne devient libre dans l’empire romain et on voit alors une extension des reliques et de leur culte. L’apparition de la translation des reliques remonte à cette époque. A cette époque, une tombe d'un martyr avec des ossements est vénérée de manière publique, celle de saint Pierre notamment. Au 8e siècle à Rome, lié à l’insécurité des attaques diverses, les catacombes sont dangereuses, il y a donc un transfert des ossements de corps des saints vers les églises du centre-ville qui sont alors consacrées aux saints.

Le culte des reliques de saints non martyrs

Par la suite, la vénération des saints non martyrs et la dispersion des reliques apparaissent. Le premier concerné est saint Martin, qui a acquis une célébrité importante durant son vivant. Dès sa mort, la fréquentation est immense pour prier et demander la guérison auprès de sa tombe. On veut toucher la pierre, prendre de la terre, ... mais on ne touche pas au corps. Sa cape sera notamment vénérée comme reliques. Le culte de saint Martin a été mis en avant par Clovis, roi des Francs, permettant dès lors d’ancrer la dévotion chrétienne centrée sur saint Martin dans la croyance typique des francs en une puissance miraculeuse des objets de la nature. Cette fusion entre deux types d'approche a permis l’extension du culte des reliques des saints locaux au Moyen Âge.

Les reliques des saints fondateurs sont alors conservées à chaque endroit, comme vecteurs de la foi et fondateurs de civilisation. Cela a entre autres permis le développement gigantesque des arts pour l’architecture, la sculpture, l’orfèvrerie pour rénover les reliques, les valoriser et les offrir à la vénération des fidèles.

La vénération des saints locaux qui ne sont pas martyrs va apparaitre et des sanctuaires vont être créés avec des routes pour atteindre les reliques. Les saints vont attirer des pèlerins de partout en Europe et la localité concernée devient alors un lieu très intéressant comme pôle économique. On va convoiter les reliques pour attirer les richesses liées à cette « exploitation ». Chaque église essayait d'avoir sa relique.

Le culte des objets venus de Terre Sainte

   

Enfin, le troisième type de reliques qui va apparaitre concerne les reliques de la vie du Christ (objets ramenés de Terre Sainte). Les croisades à Jérusalem font découvrir les traces de la vie du Christ. Les pèlerins et les croisés ont accaparé un grand nombre de reliques avec tout et n'importe quoi : le voile de la sainte Vierge, les cheveux de la sainte Vierge (reliques d’ailleurs présente à Basse-Wavre). On est alors fier de ramener en Europe des témoignages de la vie du Christ, qu’ils soient vrais ou faux. Cela permet d’appréhender la vie du Christ dans son historicité avec des faits tangibles et physiques. Il y a donc une accumulation de témoignages suspects mais dont le rôle est intéressant sur la redécouverte du rôle de Marie et de la vie du Christ dans la foi chrétienne. On peut dès lors avoir des doutes sur l’authenticité des reliques mais pas la valorisation du culte du christianisme qui en découle.

Le danger est donc d’abuser des reliques. Beaucoup d’églises vont découvrir des reliques pour avoir de la visibilité. Une contestation va s’élever et déboucher sur la Réforme. Les reliques, devenues un commerce pour attirer le pèlerin, sont critiquées de manière fondamentale par l’Église protestante car la gratuité de l'amour divin est remplacé par un commerce d’indulgences pour gagner la vie éternelle. Le Concile de Trente a limité le culte des reliques et une équipe de jésuites, les bollandistes, réalise un inventaire des saints.

Le culte des reliques à l’époque contemporaine

Pour la période contemporaine, les motivations fondamentales derrière le culte des reliques ont changé, les reliques ont d’autres valeurs. Tout d’abord, comme mémoire des saints et des personnages chrétiens qui nous ont précédés. Ce sont des témoignages historiques qui manifestent la matérialité de la foi chrétienne. Ensuite, pour les bienfaits pour lesquels on prie. On se remémore des personnes souffrantes et sa propre souffrance. Les saints sont des intercesseurs pour toutes les maladies et permettent de mettre des mots sur les maux. Cela permet de fêter également. Les reliques sont promenées en procession lors de fêtes annuelles, le peuple chrétien trouve un moyen d’expression populaire et créatif. Enfin, les reliques invitent à la prière par le dépassement pur et simple du tangible pour passer à la dimension de vie mystique, incitant à la vie spirituelle.

En conclusion, les reliques invitent à découvrir la valeur de piété populaire et le rôle du chrétien dans cette valorisation.

Déborah Lo Mauro

Envie d’en savoir plus ?

Un livre conseillé par le conférencier: Philippe GEORGE, Reliques. Se connecter à l'au-delà, Editions Biblis, 2018.

Et un article de la Newsletter du Vicariat du Brabant wallon.

Toutes les illustrations sont de l'auteur.

 

 

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