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Le reliquaire de Saint-Amand à Hamme-Mille

Publié le 02/03/2023

Savez-vous qu’un reliquaire de Saint-Amand existe à l’église d’Hamme-Mille ? 

Fig. 1.  Cliché KIK-IRPA, M08598.
Fig. 1.  Cliché KIK-IRPA, M08598.

Lors de l’inventaire des objets d’Art dans les églises, effectué par l’IRPA au cours des années 70, il est, en effet, fait mention de l’existence dans l’église d’Hamme-Mille d’un reliquaire de Saint-Amand [1] (Fig. 1).

Il s’agit d’un présentoir de 19,5 cm de haut. Il est constitué d’un globe vitré (custode ou lunule) de 7cm de diamètre, d’un piétement d’environ 10 cm partant d’une base hexagonale d’une douzaine de cm. Il est dit en argent, de style gothique, et daterait de 1541-1560 selon l’IRPA.

 

En 1912 déjà, des correspondants de la CRMS (Commission Royale des Monuments et des Sites) ont noté qu’un reliquaire à Hamme-Mille contiendrait un fragment d’os de Saint-Amand et qu’il porte l’inscription difficile à déchiffrer «   + Eccle(sia) de Ham prope Val Duc    aegid 1577. Bosmans » [2] et « St Amand », gravée à la face inférieure du pied.

Fig. 2a et b. Vues des inscriptions à la face inférieure du pied (Photos : MV-2023).

Cet objet apparait donc très ancien. L’existence de reliques de Saint Amand dans une église d’Ham au 17è s. est d’ailleurs déjà signalée dans un rapport décanal datant de 1665 [3] : On y lit : « On conserve en cette église des reliques de Saint-Amand, ……., mais sans lettre d’approbation,  ….. En la fête de Saint Amand, l’indulgence plénière peut être gagnée. »

Cet objet n’a pas été trouvé en 2009 lors de l’inventaire effectué dans le cadre de la Fabrique d’Eglise, et effectué en présence du curé, le père Christophe Munu Binana [4].

Plusieurs démarches ont alors été entreprises pour retrouver cet objet, sans résultat, et aucun document, certifiant l’authenticité de la relique [5], n’a été trouvé dans les archives de l’église à Hamme-Mille et aux archives de l’évêché de Malines.

Plusieurs hypothèses ont été envisagées.

- Cet objet aurait-il fait partie du vol d’objets dans l’église, commis vers 1970, avec la disparition de plusieurs chandeliers ? Mais cela parait peu vraisemblable étant donné que cet objet devait se trouver à proximité de l’ostensoir-tour de 1545, toujours présent en 2012.

- Ou bien, cet objet aurait-il été prêté pour une exposition ou une cérémonie dans une autre paroisse, et n’a pas été restitué ?

- Ou bien cet objet a été caché, remisé et oublié dans un endroit peu accessible dans l’église ou ailleurs afin de le soustraire aux convoitises ; endroit non encore découvert ?

Pour retrouver ce reliquaire, de nombreuses recherches ont été effectuées dans les archives et plusieurs démarches ont été faites auprès de personnes âgées.

Après une cinquantaine d’années, les recherches ont finalement été couronnées de succès.

L’objet a été retrouvé dans une boite d’objets à jeter, entassés par des aides bénévoles lors d’un changement de curé, et emporté lors de son déménagement par un paroissien qui souhaite rester anonyme. C’est en ‘mettant de l’ordre’ pour éliminer de vieilles choses que l’objet a été redécouvert et a été heureusement restitué à la paroisse.

Fait extraordinaire : c’est que cette découverte est faite une quinzaine de jours après que l’existence d’un reliquaire de Saint-Amand perdu avait été signalée à l’actuel nouveau curé d’Hamme-Mille.

Cet objet reprendra donc sa place parmi les quelques petits trésors de l’église Saint-Amand et pourra être utilisé lors de la fête patronale de l’église qui se commémore le 6 février.

Rappelons aussi que Saint-Amand, appelé aussi ‘Amand de Maastricht’ est considéré comme le patron des fabricants de vin, des brasseurs et des aubergistes [6].

M. Verhoyen

Article extrait du ‘Bulletin paroissial CONTACT : février-mars, 2023’.


[1] KIK-IRPA. Archives centrales iconographiques 1972-1977. « Balat.kikirpa.be/search_photo.php » (consulté le 15/01/2023)

[2] Eglise de Ham proche de Val Duc   1577.   Bosmans.

[3] Au 17è s. les curés des paroisses recevaient la visite d’un inspecteur tous les 10 ans. Il avait pour mission de vérifier le bon fonctionnement et les finances de la paroisse. Il existe quatre rapports décanaux au sujet de la paroisse d’Ham (Hamme-Mille) aux archives de l’évêché de Malines. Ils sont écrits en langue latine.

[4] Verhoyen M. 2019. Le patrimoine de la paroisse et de la Fabrique d’église Saint-Amand. Cahier n°17 du CHIREL, Bw. 164p.

[5] En principe, les reliques importantes sont accompagnées d’un certificat d’authenticité rédigé par une autorité habilitée.

[6] Dyne J. 2001.St-Amand, bâtisseur infatigable. Nétradyle. VIII, 4 : 115-117. Saint-Amand fait l’objet d’une importante littérature. Nous retenons plus spécialement l’article de Lebrun S. (1997. Le culte de Saint-Amand à Hamme-Mille. Nétradyle. IV, 1 : 12-15). On y lit : La procession des reliques débuta le lundi de la pentecôte 1107 (Platelle H. 1962. Le temporel de l’abbaye de Saint-Amand des origines à 1340, Paris, p.127). Elle s’est d’abord rendue à Anvaing (Ath). … De là à Grammont et à Herlinckove (ensuite vers Gand et Tournai. … Nous voyons apparaître un peu partout à travers le Brabant, un culte à Saint-Amand guérisseur. Mais le passage par Hamme-Mille n’est pas précisé.

 

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