CIPAR

La Chandeleur

Publié le 23/01/2024
Au cœur de l'hiver, après cette semaine un peu particulière durant laquelle toute la Wallonie a porté un grand manteau blanc, arrive bientôt le jour de la Chandeleur. Mais en fait, pourquoi le 2 février nous nous régalons de bonnes crêpes ? La newsletter de janvier est une bonne occasion de revenir sur l’origine et le sens de cette fête.

A la Chandeleur, l’hiver se meurt ou prend vigueur. - 

Présentation de Jésus au temple. Copie à partir d'un tableau de Rogier van der Weyden, XVe siècle.

Saint Luc nous raconte que, quarante jours après la nativité, quand les jours de leur purification furent accomplis, Joseph et Marie portèrent l’Enfant à Jérusalem pour le présenter au Seigneur (Lc 2, 22-35). Selon la loi de Moïse, tout garçon premier né devait être consacré au Seigneur. Cet événement rituel va prendre une allure prophétique avec la rencontre de Syméon, ce vieillard qui attendait d’avoir vu le Messie pour mourir. Syméon va reconnaître en Jésus la Lumière qui éclaire les nations. Comme l’épiphanie, la présentation au temple a une dimension missionnaire, elle annonce le salut de l’humanité qui viendra par le Christ et en manifeste l’universalité. En clôturant le cycle de la nativité, la Chandeleur se rattache déjà au temps pascal : Syméon prévient Marie que ce salut se fera dans la douleur : Et toi, une épée te transpercera l’âme. C’est là l’origine du glaive de douleur qui est souvent représenté perçant le cœur de la Vierge au pied du calvaire.
Par sa présentation au temple, Jésus vient rencontrer son Eglise. Cette fête doit aussi être comprise comme une rencontre, une nouvelle alliance entre le Christ et son Eglise, entre Dieu et son peuple.

La fête de la purification de la Vierge – c’est son ancien nom – fut instituée au Ve siècle à Rome par le pape Gélase. Il voulut remplacer l’antique célébration des lupercales où le peuple romain vénérait ses morts à grand renfort de cierges. En conservant les rites, l’usage des chandelles, mais en leur donnant une signification nouvelle, la célébration du Christ Lumière, l’Eglise parvient à s’implanter en profondeur sans bouleverser les habitudes des populations. C’est bien sûr du mot chandelle que dérive le nom Chandeleur donné à cette fête.

Dans nos régions, les Celtes organisaient également des réjouissances à la fin de l’hiver pour célébrer le retour de la lumière. Au moment où les jours s’allongent, fêter la lumière, entre autre par des grands feux, constitue un appel à la fécondité de la terre et du bétail. C’est tout naturellement que la Chandeleur, fête de la purification mais aussi de la lumière, a trouvé sa place dans le calendrier la veille de la fête de sainte Brigide, priée pour la santé du bétail, et l’avant-veille de celle de sainte Agathe, patronne de la fécondité. En ce début de février, c’est un appel au renouveau, une nouvelle naissance à la vie.

Si le rapport entre les notions de lumière, purification, fécondité, feu ou encore printemps semble clair, celui avec la tradition des crêpes l’est moins. L’association s'est faite par étapes successives tout au long de l’histoire. La crêpe symboliserait peut-être la reprise de la ponte des poules. Ou est-ce que la référence remonte aux crêpes du pape Gelase Ier qu'il aurait offert aux visiteurs qui venaient pour la fête de la Lumière? Ou est-ce plutôt  l'évolution de la tradition païenne qui prévoyait de préparer des galettes avec le blé de l’ancienne récolte pour s’assurer que la suivante soit bonne? Les galettes cuites, appelé "crêpes" se présentent jaunes et dorées comme le soleil, gage du printemps qui revient vite.

Retenez la version que vous préférez et concentrons nous surtout en cuisine à faire sauter les crêpes et les déguster avec gourmandise.

Christian Pacco etVinciane Groessens

Étiquettes
CIPAR - Centre Interdiocésain du Patrimoine et des Arts Religieux linkedin facebook pinterest youtube rss twitter instagram facebook-blank rss-blank linkedin-blank pinterest youtube twitter instagram