Procession annuelle à Hives et à La Roche-en-Ardenne
Le 1er et le 2 juin prochain auront lieu deux processions, respectivement à Hives et à La Roche-en-Ardenne. En plus de présenter cet événement en Ardenne, il s’agit là aussi d’une bonne occasion pour communiquer quelques astuces efficaces à mettre en application, afin de protéger ce patrimoine religieux processionné.
Une procession : allier dynamise, chrétienté et patrimoine
L’unité pastorale « Au cœur de l’Ardenne, au fil de l’Ourthe » organise une nouvelle fois cet événement. À cette occasion, les chrétiens de l’unité appellent même les résidents à décorer leurs fenêtres ou jeter des fleurs sur la rue et invite tout curieux, croyant et non-croyant, à participer. Bannières, brancards et sculptures seront sorties dans les rues, entourées de fidèles, pour le plus grand bonheur des visiteurs de la région ardennaise.
Prévenir et préparer pour mieux protéger
Les processions, en plus d’être des événements fédérateurs, sortent plusieurs objets relevant du patrimoine mobilier des fabriques, elles le font vivre et le préservent en lui donnant son sens. Malgré le regard bienveillant que l’on porte sur le patrimoine, tout mouvement d’œuvres entraine inévitablement des risques. Maintenir l’objet sans usure n’est matériellement pas possible, mais la volonté de protéger le patrimoine ne doit pas empêcher de le faire vivre. Des gestes simples et accessibles aux non-professionnels du secteur patrimonial existent pour préserver les œuvres et leur permettre de rester un patrimoine cultuel vivant. De plus, identifier les potentiels risques permet d’élaborer en amont une bonne préparation.
L’un des plus gros risques imprévisible et difficile à contenir lors d’une procession est la gestion de la foule. En effet, l’attrait de certaines marches avec du patrimoine processionné, combinées à une partie folklorique drainant un public, engendre plusieurs problèmes techniques et de sécurité. Lors de ces sorties annuelles, le parcours amène un grand nombre de spectateurs à se concentrer dans des lieux n’étant pas conçus ou sécurisés pour une foule.
Les difficultés de l’itinéraire dépendent de plusieurs facteurs conjoints : l’organisation, le parcours suivi, la foule ou encore les objets processionnés. Des obstacles, un revêtement du sol endommagé ou irrégulier (pavés déchaussés ou chemin boueux par exemple) ou encore la foule concentrée à des endroits spécifiques peuvent représenter de véritables risques d’altérations voire de chute pour les objets. Une bonne collaboration entre les comités organisateurs et les autorités communales permettent, dans certains cas, de signaler les dangers du parcours et de placer des emplâtres locaux sur des pavés déchaussés.
Le point faible des processions se présente souvent lors des temps de pause où les objets peuvent être déposés et la vigilance diminuée. Les processions sans arrêts sur le parcours ne sont bien évidemment pas sujettes à ce risque, l’absence de temps de pause qui fragiliseraient les pièces permet à la procession de se dérouler sous forme de long ruban continu, permettant aux œuvres de rentrer sans être abimées. Le risque de chute reste cependant inévitable.
La fin du parcours de la procession est également une phase délicate : les objets sont souvent déposés de manière brusque sur le sol. Ces chocs et vibrations génèrent notamment des mouvements des plaques sur l’âme en bois des châsses (les clous ressortent). Bien entendu, les œuvres ne sont pas sans surveillance mais un arrêt du cortège augmente de manière significative les risques d’accidents.
Le risque d’intempéries est certes le facteur le plus imprévisible et le plus ravageur d’une procession. Certaines processions sortent les pièces quoi qu’il advienne et une protection sur les œuvres n’est pas forcément prévue. Mais dans la plupart des processions, des plastiques pour les statues, souvent de récupération et sans homogénéité du matériau, suivent les œuvres et sont prêts à être disposés en cas de pluie soudaine.
Enfin, la visibilité accrue lors de la sortie en procession augmente également le risque de vol. Cette remarque est également valable pour le déplacement des œuvres dans une exposition, mais où le prêt peut être anonyme. Rappelons toutefois qu’il ne faut pas verrouiller le patrimoine de peur de le voir disparaitre mais que des mesures prises en amont peuvent renforcer sa protection lui permettre de continuer à vivre en tant que patrimoine cultuel vivant et héritage culturel public.
Quelques bonnes astuces à prendre en compte :
En résumé, voici quelques astuces qui peuvent être facilement mises en application pour atténuer au maximum les risques :
- Effectuer un constat d’état avant la procession et après la procession, de sorte à pouvoir identifier de potentielles dégradations survenues durant la procession ;
- Répéter préalablement le parcours, permettant notamment d’avoir une bonne connaissance des potentiels obstacles à surmonter ou d’identifier le(s) revêtement(s) du sol ;
- Prendre des renseignements préalables en termes d’assurance ;
- Fixer les œuvres de manière adéquate et sécurisée au brancard de procession ;
- Prévoir des bâches en plastique en cas d’intempéries ;
- Sécuriser les pièces processionnées dès leur retour dans leur lieu de conservation (fixation des sculptures, par exemple).
Pour en savoir davantage :
Pour en savoir davantage sur les risques et solutions pour le patrimoine processionné, n’hésitez pas à vous référer à notre brochure sur la conservation des sculptures en bois.
Le CIPAR et les services diocésains du patrimoine se tiennent également à votre disposition pour toute question relative à la conservation et à la sécurisation des biens mobiliers.
Maura Moriaux et Déborah Lo Mauro