CIPAR

Des pompiers pour sauver le patrimoine !

Publié le 25/10/2024

Des pompiers en nombre, une auto-échelle, une autopompe et des ambulances : les services de secours étaient affairés dans et autour de la Collégiale de Dinant ce samedi 19 octobre en matinée. L’édifice était-il victime d’un sinistre ?

 En réalité, et heureusement, il ne s’agissait que d’un exercice grandeur nature, organisé par les pompiers de la zone de secours Dinaphi en collaboration avec la fabrique de la Collégiale et le CIPAR. L’objectif ? Il était double. Le premier consistait à tester la progression des pompiers ainsi que le déploiement de leurs moyens d’extinction dans les tours et la charpente. Le deuxième objectif, une fois les personnes sauvées, était le sauvetage des œuvres patrimoniales principales que contient la Collégiale. Et c’est bien en cela que l’exercice était inédit.

Un exercice pour valider les plans d’évacuation

Pour agir, les pompiers se basaient sur deux documents élaborés au préalable. Le premier est le Plan Préalable d’Intervention (PPI) des pompiers. Il s’agit d’un document interne à la zone de secours, qui donne aux pompiers toutes les informations dont ils auront besoin pour accéder au bâtiment, contacter les responsables et évaluer les risques. C’est ce plan qui était testé dans le cadre du premier objectif de l’exercice.

Le deuxième document est le Plan de Sauvegarde des Biens Culturels de la Collégiale (PSBC). Elaboré par la fabrique en collaboration avec le CIPAR et le Service patrimoine du diocèse, ce document vise à lister les biens mobiliers prioritaires (en fonction de leur valeur patrimoniale, culturelle, historique, etc.), à indiquer où ils se trouvent, s’ils doivent être protégés sur place ou évacués, avec quels outils, dans quelle zone sécurisée ils peuvent être évacués, etc. L’objectif est de donner aux pompiers toutes les informations nécessaires pour sauvegarder les principale œuvres patrimoniales.

Cependant, en l’absence d’un canevas officiel ou de système de validation théorique, la seule manière de savoir si un PSBC est fonctionnel pour les services de secours est de le tester par le biais d’un exercice grandeur nature et, suite à cela, de le valider ou de le modifier.

Un grand pas pour la Collégiale de Dinant…

L’exercice était donc très important pour la Collégiale, car il a permis de mettre en lumière les points positifs mais surtout les points problématiques, les dysfonctionnements ou les lacunes dans les documents existants, dans le fonctionnement de la fabrique vis-à-vis de situations d’urgence mais aussi dans la connaissance de l’édifice par la zone de secours. L’étape suivante consiste donc à lister précisément chacun de ces points et à voir comment ils peuvent être résolus ou améliorés. Il en résultera un document prêt à être utilisé s’il devait un jour se produire un réel sinistre.

Il permet également à la Collégiale d’être en règle avec la législation. En effet, le décret de la Fédération Wallonie-Bruxelles de 2022 sur le patrimoine culturel mobilier oblige les gestionnaires de biens mobiliers classés comme trésors par la FWB à élaborer un plan d’évacuation d’urgence de ce trésor. La Collégiale de Dinant est concernée par cette obligation, puisque le buste-reliquaire de saint Perpète est, depuis récemment, reconnu comme trésor.

… et un grand pas pour les édifices religieux de Wallonie !

Mais l’intérêt de l’exercice ne se limitait pas au cas particulier de la Collégiale Notre-Dame. En effet, étant donné qu’il s’agissait du premier exercice grandeur nature d’évacuation d’œuvres patrimoniales dans un édifice religieux en Wallonie, il remplissait deux autres objectifs, plus larges.

Premièrement, et ceci grâce à une couverture médiatique importante, il visait à sensibiliser le plus grand nombre de gestionnaires de patrimoine religieux à la planification d’urgence (même s’ils ne sont pas couverts par l’obligation légale, il est dans tous les cas intéressant d’élaborer un tel document) ainsi que de sensibiliser les services d’urgence à l’intervention en milieu patrimonial. Saluons au passage l’implication des pompiers de la zone de Dinaphi dans cette question : c’est d’eux-mêmes qu’est venue l’initiative d’un tel exercice.

Deuxièmement, le CIPAR, qui a pour mission d’accompagner les fabriques d’église dans leur tâche de gestion de leur patrimoine, a développé depuis plusieurs mois une expertise dans le domaine de la planification d’urgence afin d’aider les fabriques à réaliser leur plan d’évacuation. Des projets d’élaboration de tels plans ont effectivement été lancés dans de nombreuses églises de Wallonie, mais c’est le plan de la Collégiale de Dinant qui est à présent le plus avancé. L’exercice permet donc d’alimenter encore davantage cette expertise. Les leçons qui pourront en être tirées serviront à affiner les outils en cours d’élaboration, notamment un guide d’élaboration d’un tel plan à destination des fabriques. Il permet aussi de renforcer l’expertise du Bouclier bleu, dont le CIPAR est membre, dans l’accompagnement de la planification d’urgence des édifices religieux. C’est d’ailleurs le Bouclier bleu qui a élaboré le canevas de PSBC utilisé à Dinant.

La sécurisation préventive avant tout

Vous êtes fabriciens et vous désirez vous lancer dans l’élaboration d’un plan de sauvegarde des biens culturels de votre église ? N’hésitez pas à nous contacter ! N’oubliez toutefois pas qu’avant de définir quelles actions seront à prendre en cas de sinistre, il est d’abord indispensable de prévenir les risques de survenue de tels sinistres. Le CIPAR peut vous accompagner dans ces démarches permettant d’évaluer et de diminuer les risques incendie, dégâts des eaux et vol/vandalisme.

Léopold d'Otreppe

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