L’Eglise de France réfléchit à l’avenir de son patrimoine religieux
À côté de la réouverture en grande pompes de la cathédrale Notre-Dame de Paris, qui a reçu un écho international important et légitime, la fin de l’année a été marquée par un autre moment important, mais plus discret, pour le patrimoine religieux en France : la clôture des Etats Généraux du Patrimoine Religieux (EGPR). Retour en trois questions sur ce projet dont plusieurs outils et résultats peuvent intéresser les gestionnaires et amateurs de patrimoine religieux en Belgique.
De quoi s’est-il agi ?
Les EGPR ont consisté en une large « démarche de réflexion nationale » sur l’avenir du patrimoine religieux français, initiée et pilotée par la Conférence des évêques de France, soucieuse de prendre sa part dans la réflexion et de montrer son intérêt pour les enjeux tant historiques que pastoraux de ce patrimoine. Un projet d’une ampleur sans précédent pour lequel l’Église de France s’est donné le temps, afin de travailler en profondeur : 15 mois, de septembre 2023 à décembre 2024. L’objectif est d’aider les propriétaires, les affectataires et les communautés à mieux connaître le patrimoine dont ils sont dépositaires et à mieux le valoriser. La vocation de ces EGPR s’est déclinée en trois verbes : regarder (ce qui est), interroger (les pratiques et les usages), valoriser (ce qui doit l’être).
Quelle méthode?
Concrètement, les EGPR ont utilisé trois outils pour alimenter leurs travaux :
- Une grande enquête nationale adressée à chacun des 94 diocèses français, pour mettre à jour les chiffres concernant le patrimoine immobilier, mobilier et immatériel, ainsi que pour faire le point sur les relations avec d’autres acteurs ainsi que sur les initiatives d’accueil et les usages jugés compatibles avec le culte. Les principaux résultats sont disponibles dans le dossier de presse publié à l’issue de ces EGPR : https://eglise.catholique.fr/wp-content/uploads/sites/2/2024/11/Etats-generaux-du-patrimoine-religieux-resultats-dossier-de-presse-novembre-2024.pdf
- Des auditions qui ont permis d’entendre « ceux qui savent » et « ceux qui font », c’est-à dire les personnes engagées dans la préservation et la valorisation du patrimoine religieux. 41 auditions (d’institutions, d’associations, de personnalités) ont ainsi été menées, destinées à alimenter la réflexion et à mettre en valeur les initiatives « remarquables et duplicables ». La quasi-totalité de ces auditions est disponible sur la chaîne YouTube dédiée : https://www.youtube.com/@Patrimoinereligieux
- Des manifestations régulières (conférences, rencontres, visites, salons, Nuit des cathédrales, etc.) pour étudier la diversité des atouts de ce patrimoine. Par exemple : le patrimoine compostellan et son impact économique, les églises de France et leur intérêt touristique, les édifices cultuels et l’annonce de la foi chrétienne…
Quels résultats?
Outre les chiffres résultant de la grande enquête qui dressent un tableau précis du patrimoine existant, ainsi que les auditions, qui constituent également une précieuse documentation sur les acteurs et les initiatives, les EGPR ont donné :
- Un Guide du mécénat du patrimoine religieux. Le but de ce guide est d’aider les propriétaires et affectataires du patrimoine religieux confrontés à des conditions budgétaires ou découragés par les difficultés administratives à trouver des solutions pour entretenir leurs biens. Y sont présentés les différentes formes de mécénat et les conditions pour y faire appel, les avantages fiscaux et contreparties pour les mécènes, des conseils pour constituer un dossier de présentation et répondre à un appel à projet, ainsi qu’un annuaire des mécènes actifs au niveau national ou régional. Ce guide est disponible, en cliquant ici.
- Des Conventions-types pour les usages compatibles et des guides pratiques : l’organisation des EGPR a élaboré une série de fiches techniques et de guides sur des sujets précis tel que : « usages compatibles et rôle de l’affectataire », « Remplacement de mobilier historique dans une église par une facture moderne », « Déplacer du mobilier dans des édifices classés », « Accueillir des tournages de fiction au sein des bâtiments cultuels », etc. Ceux -ci sont disponibles via le site web des EGPR.
Une démarche importante donc, et à saluer, qui a permis de fédérer les acteurs, de les faire connaître, de les faire se rencontrer, de faire le point sur ce qui existe et ce qui se vit aujourd’hui parmi les quelque 100.000 édifices religieux que compte la France. De quoi alimenter la réflexion sur l’avenir de ce patrimoine, encourager, suggérer des manières de l’utiliser et de le valoriser. Et pourquoi pas percoler hors des frontières françaises… N’hésitez en tout cas pas à aller consulter leur site et à découvrir les outils disponibles.
Léopold d’Otreppe