Quand « inventaire » rime avec « aventure humaine »
L’été est une période durant laquelle bon nombre d’activités sont entreprises dans les églises : visites guidées, expositions, travaux d’entretien mais aussi : inventaires ! À ce propos, un beau projet de collaboration a été entrepris dans la région de l’Entre-Sambre-et-Meuse. Celui-ci s’est avéré être une véritable aventure humaine. Découvrons cela ensemble !
Un travail préparatoire important

Omezée, Niverlée, Fagnolles, Surice, Treignes, Agimont, Heer-Agimont, Mazée… tout le patrimoine mobilier de ces églises est à présent soigneusement répertorié grâce une grande mobilisation des acteurs locaux et surtout, grâce à l’implication de deux personnes en particulier : Alain Gillain et Anissa Derochette.
Alain Gillain, président de la fabrique d’église de Gochenée, avait déjà réalisé l’inventaire de son église en 2018. Dans la continuité de ce récolement, il avait même aménagé le jubé en espace conservatoire pour valoriser et sécuriser divers objets religieux. Mais ses activités ne limitent pas à Gochenée ! En effet, il coordonne et soutient la gestion des trésoreries d’autres fabriques d’églises de la région.
Ces contacts avec de nombreux fabriciens lui ont permis de développer une concertation commune autour de la réalisation des inventaires : « afin de répondre aux exigences du nouveau décret [de la Fédération Wallonie-Bruxelles], il m’a semblé important de proposer aux différentes fabriques de nous mobiliser pour finaliser tous les inventaires. L’engagement d’un étudiant nous a semblé être la solution la plus évidente et pour entamer les démarches, je me suis tourné vers le CIPAR. » C’est ainsi que Monsieur Gillain s’est retrouvé à endosser le rôle de coordinateur bénévole pour assurer les démarches logistiques et financières, de sorte à ce que les inventaires des huit clochers puissent être réalisés durant l’été. Après de nombreux échanges et réunions préalables, il était nécessaire de trouver le candidat idéal. « Nous avons pu bénéficier du carnet d’adresse de Madame Moriaux (CIPAR) qui, après avoir fait le tour de plusieurs universités, nous a présenté Anissa Derochette, une étudiante en histoire de l’art de l’ULg avec laquelle elle avait déjà travaillé dans le cadre d’autres répertoires de lieux de culte liégeois. »

Dans la mesure où toutes les églises concernées sont localisées en milieu rural, il a fallu se montrer créatif pour proposer un cadre de travail efficace à Anissa. Domiciliée à Liège, les trajets quotidiens en transports en commun auraient été trop lourds pour l’étudiante. C’est ainsi que Monsieur Gillain a proposé aux fabriciens de loger Anissa sur place. Chaque fabrique s’est donc impliquée pour à la fois loger l’étudiante, assurer les repas, et lui garantir l’accès aux églises. Pour ce qui est des aspects organisationnels, Monsieur Gillain s’est chargé de l’élaboration d’un planning cohérent entre les différents lieux pour les journées sur site, ainsi que des déplacements. Il évoque d’ailleurs : « ce travail s’est révélé complexe et parfois stressant. En effet, le moindre imprévu pouvait compromettre l’ensemble du travail. Malgré cela, l’expérience humaine fut riche et le résultat obtenu est probant. »
C’est ainsi qu’Anissa a pu photographier, mesurer et cibler les problèmes de conservation : « Grâce à cette expérience, j’ai pu me rendre compte de la diversité du mobilier présent dans des églises rurales. Non seulement j’ai été quotidiennement au contact d’œuvres mais j’ai aussi pu rencontrer les fabriciens, tous attachés à leur église ».
Une attention particulière a été portée à l’accueil et au soutien de l’étudiante. Pour conclure, Monsieur Gillain souligne que : « la mission d’inventaire effectuée par Anissa a pu être concrétisée grâce à une coordination rigoureuse, une mobilisation efficace des acteurs locaux et une logistique adaptée. » Il ajoute « Anissa s’est distinguée par sa rigueur, son intelligence et sa sensibilité, tant sur le plan professionnel qu’humain ».
Cette expérience, qui a duré au total près de deux mois, aura été marquée par des échanges, un travail collaboratif et des rencontres intergénérationnelles et tout cela…autour du patrimoine religieux !
Prochaine étape ?
Le Service Patrimoine du diocèse de Namur et le CIPAR se rendront in situ pour visiter toutes les églises répertoriées par Anissa. Ainsi, un suivi post-inventaire pourra être proposé à chaque fabrique, permettant aussi d’envisager toutes les problématiques patrimoniales. Les résultats de ce suivi seront à découvrir dans…un prochain article !
En guise de rappel :
Réaliser l’inventaire du patrimoine mobilier est une obligation légale inscrite dans le décret napoléonien de 1809, reprise dans l’Ordonnance épiscopale de 2016 et le décret portant protection du patrimoine culturel mobilier de la Fédération Wallonie-Bruxelles (17 mars 2022)). Ce décret, entré en vigueur le 1er janvier 2023, laisse un délai de 5 ans aux gestionnaires pour finaliser le travail. La date butoir est donc le 1er janvier 2028. N'hésitez pas à prendre contact avec le CIPAR si vous souhaitez vous lancer dans l’élaboration de votre inventaire ou si vous avez besoin d’aide : m.moriaux@cipar.be ; 0478 63 66 42.
Maura Moriaux, CIPAR asbl
Remerciements particuliers à Alain Gillain et à Anissa Derochette