Conseils concrets pour protéger une église contre les sinistres
Les églises, des bâtiments à risque
Les églises sont des bâtiments à risques vis-à-vis des sinistres que sont les incendies et les dégâts des eaux.
En effet, elles présentent les particularités suivantes qui les rendent vulnérables aux incendies :
- la plupart d’entre elles datent d’une époque où les normes en matière de sécurité incendie n’existaient pas. Et la mise en conformité de certains édifices, notamment ceux classés, peut se révéler compliquée ;
- les églises présentent des volumes immenses, très peu cloisonnés, avec des vides dissimulés, ce qui les rend propices au développement et à la propagation rapide des flammes ;
- le clocher étant souvent le point le plus haut des entités, surtout en milieu rural, le risque qu’il soit touché par la foudre est assez élevé ;
- les matériaux utilisés, comme le bois pour les charpentes, sont particulièrement sensibles au feu ;
- le manque d’entretien que l’on constate parfois, ainsi que la vétusté de certaines installations techniques (électricité, chauffage, etc.), peuvent être à l’origine d’incendies ;
- les églises étant relativement isolées et n’étant plus fréquentées aussi régulièrement qu’autrefois tout en restant des lieux publics, cela les rend plus vulnérables aux incendies criminels ;
- pour les mêmes raisons, les débuts d’incendie ne sont souvent pas remarqués rapidement, ce qui les rend plus difficiles à contrôler et provoque des dommages plus conséquents.
D’autres particularités les rendent vulnérables aux dégâts des eaux :
- ces bâtiments, pour la majorité anciens, présentent souvent des problèmes d’humidité liés à la façon dont ils sont construits : manque d’isolation, peu de compartimentage, vitraux laissant passer la chaleur et les courants d’air, etc. ;
- ces bâtiments sont peu chauffés ;
- le taux de pluviosité est important en Belgique, cela accentue les problèmes ;
- on observe souvent un manque d’entretien, en particulier du toit, des gouttières et des canalisations, qui peut être à l’origine d’infiltrations et de développement de zones humides.
Il est donc important de travailler en amont pour prévenir ces risques et réduire au maximum les dommages qu’ils pourraient causer au patrimoine.
Que faire pour protéger son église préventivement ?
De nombreuses mesures ou dispositions sont possibles pour sécuriser son église face au risque de sinistres. Les premières mesures à prendre sont en général les plus simples à mettre en place.
Des mesures simples et de bon sens :
- utilisez le système électrique de manière correcte : ne multipliez pas les rallonges et les multiprises afin de ne pas créer de surtension ;
- veillez à la bonne maintenance des installations électriques ;
- stockez les produits inflammables (produits d’entretien, solvants, peinture, white spirit, huile de lin, etc.) dans une armoire dédiée, ventilée, à bonne distance de tout matériel combustible ainsi que de toute source de chaleur et de la lumière directe ;
- faites vérifier et entretenir régulièrement l’installation du paratonnerre ;
- si un événement a lieu à proximité immédiate de l’église, prenez les dispositions adéquates afin de prévenir tout risque d’incendie et vérifiez avec l’organisateur si toutes les autorisations requises pour l’événement ont été délivrées par les pompiers ;
- assurez-vous qu’un ou plusieurs voisins/riverains de l’église soient vigilants par rapport à tout fait suspect, et aient à leur disposition le numéro de téléphone d’un responsable de la paroisse ;
- n’entreposez pas de mobilier ou de matériel inusité dans les combles ni sur le jubé, afin de ne pas accélérer la propagation d’un incendie de laisser les accès libres en cas d’urgence ;
- ne laissez pas s’accumuler les déchets et les matériaux combustibles ;
- identifiez avec les pompiers les issues de secours et signalez-les à l’aide de pictogrammes ;
- veillez au bon état des toitures ;
- entretenez ou faites entretenir régulièrement les chéneaux et gouttières ;
- élaguez et entretenez les arbres et arbustes qui se trouvent aux abords du bâtiments.
Aidez-vous avec le poster "Dégâts des eaux" réalisé par l'IRPA. A ce sujet, lisez également l'article de décembre 2024.
La réalisation d’un plan d’évacuation d'urgence du mobilier
Le plan d’urgence patrimonial est une mesure de prévention fondamentale : il permet de se préparer, dans la limite du possible, aux situations d’urgence (à lire en plus et à écouter 1RCF Belgique – Chronique du CIPAR : réaliser des plans d'évacuation d'églises, Présenté par Yves Thibaut de Maisières, 22.01.2024). Il définit et prévoit les mesures et les actions à mettre en application en cas de sinistre. Le but d’un plan d’urgence est de se préparer pour agir vite, sans perte de temps, quand un sinistre survient. Le plan d’urgence peut concerner à la fois les personnes, l’édifice et le patrimoine mobilier. Concernant le plan d’évacuation des biens mobiliers, destiné en premier lieu aux pompiers, il liste les biens à sauvegarder en priorité et prévoit les opérations de déplacement et de protection des œuvres pendant et après l’événement. Le CIPAR accompagne les fabriques pour établir leur plan d’évacuation d’urgence des biens patrimoniaux en coopération avec la zone de secours.
Après un sinistre, que faire ?
Une fois que tout danger est écarté et que les secours ont donné l’autorisation de pénétrer dans le bâtiment, il est important d’évaluer l’importance du sinistre, les dommages subis et les risques a posteriori. Faites-vous aider dès cette première étape par le service du patrimoine de votre diocèse et le CIPAR. Cette première étape permettra de
- relever la nature et l’importance des dommages au bâtiment,
- évaluer les risques en matière de sécurité et d’accès,
- évaluer la nature et l’importance des dommages au patrimoine.
Tout cela servira à documenter le sinistre, à introduire des demandes auprès des assurances et à prioriser les actions à mener par la suite.
Une fois l’évaluation de la situation faite, des actions peuvent être entreprises afin de limiter les dommages et de minimiser les risques pour les humains et le patrimoine :
- s’assurer que la stabilité de la structure du bâtiment n’a pas été endommagée ;
- sécuriser le site (pour les personnes et pour le patrimoine) ;
- organiser l’évacuation post-sinistre du patrimoine mobilier en danger et entreprendre le sauvetage des collections endommagées. Il est en particulier important d’intervenir le plus rapidement possible sur les objets organiques pour éviter l’apparition de moisissures.
Le CIPAR et les services patrimoniaux diocésains peuvent coordonner la mise en œuvre de ces différentes actions.