CIPAR

Qu’est-ce qu’un plan d’évacuation d’urgence des biens mobiliers d’une église ? Et à quoi sert-il ?

Publié le 09/02/2024

Le feu s’est déclaré dans le local technique d’une église paroissiale un jeudi soir, à une heure où l’église était fermée au public. Prévenus par un voisin, les pompiers arrivent sur place quelques minutes plus tard. Par chance, quelques mois avant cet événement, la fabrique avait élaboré un plan d’évacuation d’urgence du patrimoine mobilier de l’église, qu’elle avait transmis à la zone de secours.

Les pompiers savent donc exactement où se trouvent les différents accès de l’édifice, et quelles sont les personnes à contacter pour leur fournir les clés. Ils savent également où se trouvent les éléments techniques, dont les arrivées de fluides (électricité, gaz, eau) qu’il faudra couper en premier lieu. Le feu étant encore limité à un local en particulier, une partie de l’équipe est chargée de l’éteindre pendant qu’une autre partie va pouvoir, une fois qu’elle s’est assurée qu’il n’y avait personne dans l’édifice, s’occuper du patrimoine mobilier présent dans l’église. En effet, celle-ci conserve de nombreuses pièces de valeur, dont une statue en bois polychrome du 16e, quelques pièces d’orfèvrerie conservées dans une vitrine, un tableau d’un maître régional et un imposant retable. Ces pièces ont été identifiées par la fabrique et le service patrimoine de son diocèse comme étant les objets prioritaires à sauver en cas de sinistre. Elles sont reprises dans le plan d’évacuation d’urgence du patrimoine avec leur localisation, leur poids, la façon dont elles sont fixées et le nombre de personnes nécessaire à leur évacuation ou leur protection sur place. Les outils nécessaires pour ce faire, rassemblés par la fabrique dans une boîte à outils dédiée, sont également localisés sur le plan, dans un local annexe sécurisé dont les pompiers ont le code d’accès. En quelques minutes, ces biens mobiliers sont sortis de l’église et transportés dans la zone de repli : un magasin situé à quelques centaines de mètres qui avait préalablement (lors de la rédaction du plan) accepté d’héberger ces biens durant quelques heures, le temps qu’une solution plus pérenne soit trouvée. Seul le retable, ne pouvant pas être déplacé, reste dans l’église, emballé dans une bâche le protégeant de la suie et de l’eau utilisée pour éteindre le feu.

© Alexandre Jaupart

Ce scénario fictif illustre l’intérêt de l’élaboration d’un plan d’évacuation d’urgence des biens mobiliers d’une église. Sans lui, les pompiers n’auraient pas forcément su qui contacter pour ouvrir rapidement les accès principaux du bâtiment, ni directement su quels étaient les éléments techniques à prendre en compte, ni quelles étaient les pièces prioritaires à sauver, comment et où les évacuer.

Bien sûr, l’absence d’un tel document n’empêche pas qu’une intervention lors d’un sinistre permette de sauver une grande partie du patrimoine mobilier. Son existence n’empêche pas non plus un sinistre total. Tout dépend évidemment de la configuration du sinistre. Mais il est certain que l’existence d’un tel document, réalisé en collaboration avec le service Patrimoine de son diocèse et la zone de secours locale, augmente considérablement les chances qu’une intervention d’urgence soit efficace et permette de sauver un maximum de biens patrimoniaux de valeur.

C’est la raison pour laquelle élaborer un tel plan est, depuis début 2023 en Fédération Wallonie-Bruxelles, obligatoire pour toutes les fabriques dont l’église abrite un ou plusieurs biens mobiliers classés. Dans tous les cas, même si aucune pièce du mobilier n’est classée, il constitue un travail intéressant et important.

Ce document n’est d’ailleurs pas qu’un document : le travail d’élaboration nécessite de se poser (et de répondre à) une série de questions concrètes sur la façon dont les œuvres les plus importantes sont protégées, sur les équipements de sécurité existants, sur le rôle de chacun dans la fabrique et dans l’équipe paroissiale (qui a quels clés ou codes d’accès, qui est joignable et pourrait se rendre sur place en urgence, … ?), ou encore sur les contacts existants avec la zone de secours locale.

Bref, il s’agit d’un exercice de prévention à part entière.

Depuis quelques mois, pour les aider dans cette manière relativement complexe et nouvelle, le CIPAR développe un accompagnement et des outils pour toute fabrique souhaitant élaborer un tel plan, en collaboration avec les services compétents. Vous vous demandez si cela peut vous concerner, ou vous voulez savoir comment vous lancer dans ce travail ? N’hésitez pas à nous contacter pour en savoir plus ! Vous pouvez également en lire davantage ici !

Léopold D'OTREPPE

© Alexandre Jaupart
CIPAR - Centre Interdiocésain du Patrimoine et des Arts Religieux linkedin facebook pinterest youtube rss twitter instagram facebook-blank rss-blank linkedin-blank pinterest youtube twitter instagram