Les vols dans les églises : prévenir et guérir en ces temps perturbés…
Chaque jour ou presque, les cultes présents en Belgique et particulièrement l'Église catholique font le point dans la presse sur la reprise des rassemblements et autres cérémonies qui ponctuent la vie des chrétiens. Si l’enjeu communautaire est évident, il ne faut pas oublier les dangers patrimoniaux que représente la situation.
Depuis trois mois, on ne le sait que trop, le monde tourne au ralenti, les rues se vident et l’on se retrouve entre soi. Les célébrations religieuses font partie des événements mis entre parenthèses et cela n’est pas sans conséquences potentielles pour le patrimoine religieux.
Un lieu de culte fermé est généralement un édifice surveillé de manière moins attentive, ce qui peut favoriser les vols qui sont déjà monnaie courante en temps normal. Encore en début d’année 2020, l’église d’Yvoir faisait l’objet d’un cambriolage et il suffit de parcourir les pages des journaux pour énumérer les exemples d’effractions. Dans un premier cas de figure, les cibles sont les œuvres d’art présentant une valeur patrimoniale et donc marchande importante, pensons ici aux sculptures anciennes en bois, faciles à transporter et à revendre ; dans un second cas, ce sont les matériaux qui sont visés : outre l’argent et l’argent doré dont la valeur marchande est évidente, le cuivre revêt également un grand intérêt au marché noir.
Cet article ne se veut pas alarmiste, son objectif est au contraire de suggérer quelques moyens simples afin d’éviter les visites indésirables. Lorsque la crise sanitaire que nous traversons touchera à sa fin, le CIPAR sera à nouveau à la disposition des fabriques en offrant d’effectuer des bilans de la sécurité des églises et en proposant des solutions de sécurisation.
Dès à présent, les riverains de l’église ou toute personne soucieuse de patrimoine, peuvent mettre en place quelques moyens simples et peu onéreux afin de protéger leur patrimoine. Parmi ceux-ci on compte la promenade ! Une des libertés autorisées actuellement est celle de se déplacer afin de s’aérer, rien n’empêche donc les fabriciens ou d’autres paroissiens vivant à proximité de l’église de venir se promener autour du bâtiment. C’est l’occasion de vérifier qu’aucune serrure n’a été forcée ou aucun carreau brisé. Il faut encore être attentif aux buissons ou haies éventuelles derrière lesquelles pourraient se dissimuler les voleurs. Les “promeneurs-vigiles” ne doivent pas hésiter à questionner toute personne dont la présence est inhabituelle en ce lieu. Si l’église est en travaux, les surveillants doivent vérifier que personne ne se dissimule sur les échafaudages ou dans un conteneur, ce dernier devant idéalement se situer à quelques mètres de distance de la façade. Les fabriciens peuvent également faire en sorte de dissuader les tentatives d’intrusion nocturne en veillant à éclairer les façades du bâtiment grâce à des spots munis de détecteurs de mouvement.
Avant les faits (© Sébastien Lamarque) Après les faits (© La Croix)
Si par malheur une effraction survient, le premier réflexe est d’identifier clairement les objets volés. C’est à ce moment là que l’inventaire auquel sont légalement tenues les fabriques prend tout son sens puisqu’il permet une description précise de l’objet et donne des photos récentes et de qualité. Si la fabrique ne dispose pas de photographies récentes, elle peut également s’aider de la base de données de l’IRPA afin de trouver des clichés de bonne qualité des objets dérobés. Une fois le patrimoine disparu bien documenté, il faut communiquer les données à la police locale qui relaiera l’information au service concerné. Plus la police dispose d’une description précise, plus les chances de retrouver les objets augmentent. Il faut également savoir que lorsque la disparition d’un objet est découverte tardivement, il est toujours primordial de la communiquer ! En plus des services de police, la fabrique ne doit pas non plus hésiter à communiquer la disparition au service diocésain du patrimoine ainsi qu’au CIPAR, qui peuvent activer leurs réseaux pour accélérer les recherches. Les fabriciens doivent aussi prévenir l’IRPA lorsque l’objet volé est présent dans leur base de données photographiques. Enfin la presse doit être contactée afin de diffuser l’information à un plus large public.
En définitive, si la vigilance est de mise en cette période troublée, rien ne sert de s’alarmer pour autant puisque des moyens simples de prévention peuvent être activés et que des procédures existent en cas de vol.
Charles Melebeck
Informations pratiques relatives aux aspects sécurité
Le CIPAR propose aux fabriques un dépliant explicatifs des gestes simples pour éviter les vols ainsi que les contacts, vous pouvez le télécharger en cliquant ici.
Pour en savoir davantage au sujet des actualités, contacts, procédures et outils disponibles, n'hésitez pas à consulter notre page consacrée aux aspects de sécurisation du patrimoine mobilier religieux : cliquez ici.