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L’assomption de la Vierge Marie (15 août)

Publié le 28/07/2020

Préface de la messe du 15 août

Aujourd’hui la Vierge Marie,

la Mère de Dieu,

est élevée dans la gloire du ciel :

Parfaite image de l’Eglise à venir,

aurore de l’Eglise triomphante,

elle guide et soutient l’espérance

de ton peuple en chemin.

Père, tu as préservé de la dégradation du tombeau

le corps qui avait porté ton propre Fils

et mis au monde l’auteur de la vie.

Orient et Occident chrétiens

Le titre de « Mère de Dieu » (Théotokos) défini au 3e conc ile œcuménique d’Ephèse (431) est le pivot de la théologie mariale. En réalité, le dogme de la Maternité concerne au premier chef le Christ. Lorsque le concile déclare que Marie a mis au monde le Fils unique de Dieu, il souligne la divinité de l’Enfant. Marie n’est donc pas seulement la mère de l’homme Jésus, mais de celui que les Pères confessent comme le Fils de Dieu. La Basilique de Sainte-Marie Majeure à Rome (5e s) a été édifiée pour commémorer la déclaration conciliaire de la Maternité divine.

Les doctrines concernant Marie se sont développées lentement, tout au long des siècles, non sans controverses, mais en aboutissant progressivement à des consensus. Tout en vénérant la Vierge Marie et en lui rendant un culte liturgique, l’Orient n’a jamais estimé nécessaire de définir solennellement la doctrine à son sujet, tandis que l’Occident catholique a pris un autre chemin. C’est ainsi que la pape Pie IX, après divers travaux et la consultation de l’épiscopat catholique, a promulgué le dogme de l’Immaculée Conception (1854). Pie XII a procédé de la même manière pour l’Assomption de la Vierge Marie (1950) : « Au terme de sa vie terrestre, l’Immaculée Mère de Dieu a été élevée en son corps et en son âme à la gloire du ciel… ». Au cours des siècles, de nombreux peintres ont représenté l’Assomption, toute en verticalité, sorte de pendant de l’Ascension du Christ. Chez El Greco, la scène est étonnante, notamment en raison de ses proportions et de la richesse de ses coloris.

Marie au concile Vatican II

Au terme de beaucoup de discussions, la théologie mariale a été abordée non pas dans un document propre mais à l’intérieur de la Constitution sur l’Eglise Lumen Gentium, au chapitre VIII intitulé « La Bienheureuse Vierge Marie, Mère de Dieu, dans le mystère du Christ et de l’Eglise ». Cette décision est de grande importance pour la pastorale et la foi des catholiques. Elle signifie que la place de Marie ne peut se comprendre qu’en rapport avec le Christ, unique sauveur et avec l’Eglise dont elle est membre et icône à la fois. C’est déjà ce que disait la Constitution de Vatican II sur la Liturgie : « En célébrant le cycle des mystères du Christ, la sainte Eglise vénère avec un amour particulier Marie, mère de Dieu qui est unie à son Fils dans l’œuvre salutaire par un lien indissoluble ; en Marie, l‘Eglise admire et exalte le fruit le plus excellent de la Rédemption et, comme une image très pure, elle contemple avec joie ce qu’elle-même désire et espère être tout entière » (n° 103). C’est dans cet esprit qu’a été rédigée la Préface de la messe citée plus haut.

Assomption

Origines de la fête de l’Assomption

Les Orientaux parlent de la « Dormition » (Koïmèsis) de Marie ; ils pensent que Marie a connu le « sommeil de la mort » puis a été élevée au ciel et couronnée par le Christ comme le montrent les portails des cathédrales gothiques françaises. A la fin du 5e siècle, une fête de la « Dormition » est célébrée à Jérusalem, à l’église de Gethsémani, pour rappeler la mort de Marie et son entrée dans la gloire. Un décret de l’empereur byzantin Maurice (582-602) rend la fête obligatoire. La « Dormition » sera adoptée au 7e siècle par le pape de Rome, Serge 1er, d’origine syrienne : « Marie subit la mort temporelle mais ne peut être retenue dans les liens de la mort ».

Au 8e siècle, à Rome, c’est le nom d’ « Assomption » qui prévaudra. La fête se répand dans tout l’Occident. A la Toussaint 1950, Pie XII définit solennellement l’Assomption de Marie en présence de nombreux évêques. Cette affirmation n’est pas fondée directement sur les Ecritures, mais elle trouve des appuis bibliques en rapport avec la Maternité divine (Théotokos). Déjà au 13e siècle, Albert le Grand et Thomas d’Aquin adhéraient à cette doctrine. En Occident au 14e siècle s’établit un large consensus favorable à l’Assomption de Marie. Ce consensus signifie que l’Assomption n’est plus de l’ordre de simples « raisons de convenance » mais qu’elle est désormais une véritable auctoritas grâce au consentement de l’Eglise de ce temps.

La fête de l’Assomption après Vatican II

Les accents de Vatican II se retrouvent dans les textes de la fête, notamment la Prière d’ouverture (oraison) qui relie l’Assomption à la Maternité, don de Dieu et demande pour chacun de nous « d’être élevé avec elle » dans la gloire du ciel. Les trois textes bibliques de la messe sont également un choix de la réforme liturgique conciliaire : la vision d’un signe grandiose dans le ciel : la Femme avec le soleil pour manteau, la lune sous les pieds et la tête couronnée de douze étoiles (Ap 12) ; la promesse de la résurrection pour l’humanité tout entière, à la suite du Christ (1 Co 15) ; la Visitation de Marie à Elisabeth et le cantique du Magnificat (Lc 1).
Un mot concernant la lecture d’Apocalypse 12 : au sens premier, cette Femme qui va enfanter et affronte l’ennemi sous la forme du dragon est le peuple messianique, image de l’Eglise, dans lequel va naître le Sauveur ; en un sens second, cette grande figure féminine fait penser à Marie, la Mère du Sauveur en qui le projet de Dieu se réalise. On retrouve ici encore les accents de Vatican II : inscrire la personne et le rôle de la Vierge Marie dans son rapport au Christ, unique Sauveur et à l’Eglise, Corps du Christ. Grâce à ces orientations, la piété mariale dépassera la simple dévotion pour s’enraciner dans les sources les plus essentielles de la foi, comme le demande pour sa part Paul VI dans son Exhortation apostolique Marialis cultus (1974) destinée à favoriser un « renouveau de la piété mariale ».

André HAQUIN

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