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La prévention-incendie dans les lieux de culte : retour sur une conférence stimulante.

Publié le 02/03/2021

Bien que cet événement ait eu lieu il y a bientôt deux ans, les images de l’incendie de la cathédrale Notre-Dame de Paris sont encore gravées dans nos mémoires. Suite à ce sinistre, plusieurs organismes de la protection du patrimoine se sont mobilisés pour ouvrir le débat sur la sécurisation des lieux de culte. C’est dans ce cadre que PARCUM, FARO et Monumentenwacht ont combiné leurs compétences pour constituer un poster destiné à sensibiliser le public à l’importance de la prévention-incendie pour éviter ces désastres. Leur outil a été présenté officiellement vendredi 26 février lors d’une conférence. 

À l’origine du poster 

Après le sinistre à Notre-Dame, le Rijksdienst voor het Cultureel Erfgoed (RCE, instance compétente du Ministère de la culture et de l’Enseignement au Pays-Bas, en charge des biens patrimoniaux) a organisé une journée d’étude (fin 2019) sur la question des incendies dans les lieux de culte, ce qui a donné suite à la création d’un document-poster qui a été largement diffusé dans le pays, notamment aux gestionnaires et propriétaires dans les lieux de culte.
De là, la Flandre a sollicité le RCE pour obtenir l’autorisation de reproduire l’outil en l’adaptant à ses réalités de terrain, d’où la naissance d’un solide partenariat entre RCE, PARCUM, FARO et Monumentenwacht.

L'incendie de Notre-Dame de Paris

Une communication riche en « trucs et astuces » efficaces pour prévenir les incendies

Cette conférence organisée via Teams (Covid-19 oblige !) a permis tout de même à plus de 150 (acteurs milieu culturel, architectes, fabriques d’église, ingénieurs, etc.) personnes d’y participer. 

La première intervenante, Renate Van Leijen (RCE) a introduit la séance par la présentation de l’affiche néerlandaise et par l’ouverture à un constat qui s’observe dans la plupart des pays : les sources des incendies dans les lieux de culte ne sont pas toujours connues. Souvent, ces sinistres sont causés par des systèmes électriques défectueux (éclairage, etc.).

Ce constat a été confirmé par Judith Delbaere (PARCUM) qui a enchaîné la séance en présentant l’affiche flamande. Comme dans la version néerlandaise, cette affiche s’articule autour de 5 actions essentielles : la proactivité, la prévention, la préparation (étapes de prévention et étape pendant le sinistre), la répression et le suivi ultérieur (étape qui suit le sinistre).   

Fort de ses longues années d’expériences au sein des pompiers, Luc Morrens (ancien major pompier et directeur de gestion des risques, zone Rivierenland, Anvers) a communiqué diverses étapes à entreprendre et astuces efficaces en matière de prévention-incendie. Tout d’abord, les organismes de protection du patrimoine doivent tous sensibiliser les gestionnaires de biens patrimoniaux et le grand public aux sinistres via la diffusion d’outils de communication (posters, etc.). Sa communication s’est poursuivie pour aborder le cadre législatif. D’un point de vue légal en Belgique, il n’y a rien qui prévoit la protection et la mise en action d’une réglementation claire pour les lieux de culte en cas d’incendie. Par conséquent, il faut se tourner actuellement vers la zone de pompier en charge de la commune concernée. Malheureusement, il n’y a pas non plus de suivi efficace avant-après sinistre car une attestation officielle n’existe pas dans ce cadre.

Par conséquent, il faut prôner une campagne de sensibilisation autour de 3 thèmes : 

  • Le bâtiment (importance de bien connaître le lieu, identifier clairement les sorties voire se prévoir une sortie de secours si possible) ;
  • Les risques (effectuer une bonne analyse des risques) ; 
  • L’organisation (importance de bien se coordonner pour pouvoir être efficacement réactif en cas d’incendie)

Aussi, une attention particulière doit être accordée aux maintenances de toute installation électrique et de la chaufferie (ce lieu doit d’ailleurs être bien entretenu et ne doit pas servir de zone de stockage ou de débarras). De plus, chaque église devrait être munie d’au moins un extincteur, qui devrait aussi faire l’objet d’une maintenance régulière pour correspondre aux normes en vigueur. Ce travail de maintenance peut être convenu sur contrat avec des firmes spécialisées. Petit détail très important : les rapports remis par ces firmes doivent être attentivement lus et mis en application. 

Guy Slagmulder, CEO d’Alertis, a poursuivi la conférence en présentant les services proposés par la société spécialisée dans les installations de détection d’incendies. 

Pour bien choisir une installation, celle-ci doit répondre aux critères de EN54, qui correspond à une législation officielle mise en place par les pays de l’Union Européenne (CPR = Construction – Products – Revelation ; https://ec.europa.eu/growth/sectors/construction/product-regulation/review_en). Pour les églises, il n’y a pas de réglementation fédérale mais bien locale. 

Il existe plusieurs types d’alarmes incendies mais elles ne sont pas toutes adaptées pour les lieux de culte. La hauteur des bâtiments doit constituer un des critères principaux pour effectuer un bon choix. Quelques études de cas ont été présentées, comme le cas de la cathédrale Saint-Bavon à Gand, par exemple, qui dispose d’un système de détection perfectionné qui englobe l’ensemble du bâtiment. 

Deux grandes questions: 

Pour clôturer la séance, les organisateurs ont répondu à deux grandes questions qui interviennent nécessairement lorsqu’il est question de sécuriser des églises contre les incendies : 

  • Comment établir une sécurisation efficace d’un bâtiment religieux avec peu (voire très peu) de moyens ?
  • Veiller à avoir des bons extincteurs (et à ce que chaque acteur de terrain soit capable de s’en servir) ; 
  • Se renseigner auprès de la commune pour savoir s’il existe une réglementation communale en cas d’incendie ;
  • Déterminer un plan d’évacuation et recourir à des pictogrammes à placer aux endroits stratégiques (sorties, etc.) ;
  • Toutes les installations électriques et la chaufferie doivent faire l’objet de maintenances régulières et être conformes.
  • Quels sont les endroits les plus sensibles et susceptibles d’être des sources d’incendies ?
  • Locaux techniques (avec boîtiers et compteurs électriques) ;
  • Chaufferies ;
  • Locaux d’entretiens (avec produits inflammables, etc.) ;

Pour clôturer, de nombreuses mesures peu coûteuses peuvent être mises en application pour prévenir ces sinistres ravageurs. L’on ne rappellera jamais assez que les notions de « sensibilisation », « maintenance », « entretien » et « communication concertée avec les instances compétences du patrimoine (services diocésains du patrimoine, régions, etc.) » constituent les bases élémentaires pour protéger les églises.  

Bon à savoir : PARCUM et FARO vont faire suivre des informations relatives à cette conférence via leurs canaux de communication). 

Envie d’en savoir plus ?

Soucieux de la protection du patrimoine, le CIPAR a entamé une réflexion au sujet de la sécurisation des églises, sinistres y compris. De plus amples informations suivront très prochainement à ce sujet.  

Vous pouvez télécharger le poster de PARCUM, FARO et Monumentenwacht en cliquant ici.

Maura Moriaux

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