CIPAR

Quelles leçons tirer des inondations ?

Publié le 21/09/2021

Aussi désastreuses qu’aient été les inondations de juillet 2021, un enseignement peut être à présent retiré de la situation. Les institutions patrimoniales ont acquis une expérience précieuse en matière de gestion urgente des sinistres, ce qui permettra d’optimiser à l’avenir les mesures à prendre. Pour les églises paroissiales, le CIPAR a ainsi pu affiner les procédures de prévention et de réaction face aux inondations. 

Les procédures en cas de sinistres rédigées suite aux inondations s’articulent en trois temps : avant – pendant – après le sinistre. Il faut évidemment être conscient qu’il s’agit ici de procédures très générales, qui doivent impérativement être adaptées au cas par cas, en fonction de la situation de chaque église en particulier. 

Avant le sinistre – prévenir 

Rappelons d’abord que l’étape incontournable de toute bonne gestion patrimoniale reste l’inventaire. Il est indispensable de disposer d’un inventaire photographique du patrimoine mobilier des églises mis à jour régulièrement. Cet inventaire servira de base à l’établissement et la rédaction de toutes les procédures d’urgence en matière de patrimoine, et permettra également de faire l’état des lieux suite au sinistre et de documenter les différentes actions entreprises (mises en dépôt, restaurations, etc.).

Sur base de cet inventaire, une analyse des risques doit être réalisée. Ce document permettra de pointer les failles en matière de sécurité de l’église, afin d’y remédier dans un second temps. 

Il est ensuite primordial d’établir un plan d’urgence. Cette procédure écrite vous permettra de savoir comment réagir de la façon la plus adéquate possible et prendre les bonnes décisions dans l’urgence. Les points suivants doivent être envisagés en particulier : personnes de contacts en cas d’urgence, liste des œuvres à sauver en priorité, et identification d’un lieu de dépôt en cas de sinistre.

Enfin, il est important de disposer d’une vision claire en matière d’assurances : l’église et son patrimoine sont-ils assurés ? Par qui? Le mobilier et/ou l’immobilier sont-ils couverts ? Quelle assurance couvre quoi ? Plusieurs compagnies d’assurance sont-elles partie prenante ? Éclaircir toutes ces questions à l’avance permettra de gagner un temps précieux en cas de sinistre.

La question des archives : précisons qu’il y a une obligation de dépôt des archives de fabrique, publique, antérieures à 1795 aux archives de l'État.

Pendant le sinistre – agir dans l’urgence

La phase d’urgence correspond aux heures et aux jours qui suivent le sinistre. Afin de prendre les mesures les plus adéquates possible et d’éviter les erreurs que peuvent engendrer ce type de situation, il est primordial de recourir au plan d’urgence établi au préalable et de suivre les étapes prévues, en priorisant les actions.

Après les faits, il est important de :

  • De les documenter (photos d’état des lieux) ;
  • Contacter son assurance ;
  • Se faire aider rapidement! L’attente de réaction peut contribuer à aggraver les dommages. Contacter le service patrimoine diocésain et le CIPAR permet de pouvoir disposer d’aide rapidement et d’un encadrement optimal pour constater les dégâts et faire appel aux personnes compétentes ;
  • Veiller à la sécurité du site sinistré et des objets (pour les personnes et pour le patrimoine).
  • Attention : les biens évacués (surtout l’orfèvrerie et les archives) hors de l’église doivent être clairement répertoriés et leur localisation temporaire indiquée!

Après le sinistre – s’organiser 

Après la situation d’urgence engendrée par un sinistre, des mesures à plus long terme doivent être prises. Tous les choix posés doivent être documentés au maximum, par la prise régulière de clichés photographiques et de notes de terrain. En fonction de l’état du patrimoine et des interventions de conservation-restauration menées, il est également important de mettre à jour l’inventaire de l’église.

La sécurité est un point sur lequel s’attarder suite aux sinistres. Souvent, dans l’urgence de l’action, des décisions doivent être prises qui ne tiennent pas en compte la sécurisation des biens patrimoniaux (dispersion entre différents lieux de stockage, chez des particuliers, dans des endroits peu protégés contre le vol, etc.). Lorsque la situation le permet, il faut faire le point sur ces différents éléments et prendre des mesures plus durables. Chaque déplacement du patrimoine doit impérativement être traçable et mentionné dans l’inventaire.

Il est également important que cette phase post-sinistre permette d’améliorer la prévention des situations similaires: comment le plan d’urgence peut-il être amélioré ? Quelles en étaient les failles et les points forts ? L’analyse de risques doit-elle être revue ? 

Afin d’assurer un suivi sur le moyen et long terme au patrimoine sinistré, il ne faut pas hésiter à faire appel à des professionnels du patrimoine, aux services patrimoine diocésains et au CIPAR. Ces acteurs pourront aider les responsables locaux à suivre l’évolution de l’état de conservation des biens mobiliers et immobiliers, à prioriser les actions en matière d’interventions, etc. Ils pourront également aider les fabriques à répondre à des questions qui ne manquent pas de se poser suite aux inondations : que faire du patrimoine fortement endommagé ? Doit-on le conserver ? Peut-on imaginer les restaurer ? A quel frais ? Les réponses à ces questions ne seront pas les mêmes dans tous les cas, car cela nécessite de prendre en compte l’avenir de la pastorale locale, l’intérêt de la pièce, le coût de sa restauration, son intérêt dans le culte, l’attachement des paroissiens, etc.

La communication et la collaboration entre personnes concernées (fabriciens, prêtres, CIPAR, IRPA, Bouclier Bleu, AWaP, FWB, restaurateurs compétents et reconnus, ...) est indispensable. Il est primordial de travailler en toute transparence et de documenter chaque étape entreprise, par le biais de photos, de descriptions et de rapports transmis aux différents acteurs impliqués. Les services diocésains du patrimoine ainsi que les instances compétentes de protection patrimoniale se tiennent à disposition des gestionnaires de biens mobiliers religieux, aussi bien à titre consultatif que pour mettre en place des opérations plus importantes de sauvetage. C’est dans ces moments de crise que peuvent se manifester les plus beaux élans de solidarité !

Le CIPAR remercie tout particulièrement l’IRPA et le Bouclier Bleu pour leur aide et leur efficacité dans les opérations de sauvetage de biens mobiliers. 

Maura Moriaux et Elise Philippe

 

Contacts

  • Si vous appartenez à une fabrique d’église, contactez le Centre Interdiocésain du Patrimoine et des Arts Religieux (CIPAR) : info@cipar.be.
  • Si vous êtes fabricien d’une église sinistrée, rapprochez-vous de l’organisation membre du comité de crise de votre choix, et en cas de doute, contactez le Comité belge du Bouclier bleu (BBB) qui pourra vous orienter : blueshieldbelgium@gmail.com.
  • Si vous êtes détenteur ou gestionnaire d’un patrimoine mobilier classé, contactez la Fédération Wallonie Bruxelles (FWB): inondationspatrimoineculturel@cfwb.be.
  • Si vous êtes gestionnaire d’un bâtiment classé, contactez l’Agence wallonne du patrimoine (AWaP) : info@awap.be, 081/20.58.30. 
  • Si vous possédez des archives, bibliothèques et collections documentaires, contactez l’Association des archivistes francophones de Belgique (AAFB) : secretaire@archivistes.be, 081.39.04.67 (du lundi au vendredi, sauf le mardi), dans le diocèse de Liège : Michel Trigalet : envoyez un mail à archives.liege@arch.be.

 

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