CIPAR

Interview de l’abbé Batalie, passeur de patrimoine

Publié le 01/12/2022

Mettre en avant le travail d'inventaire et faire le portrait de ceux qui les exécute nous semble essentiel dans le cadre de notre newsletter. Ces témoignages nous permettent  de réaffirmer l'importance des inventaires dans le travail de conservation du patrimoine.

Faire un inventaire. Observer les pièces pour l'état des lieux. Photo d'Hélène Cambier

Pourriez-vous vous présenter en quelques mots ? 

Nommé prêtre auxiliaire pour l’unité pastorale de Péruwelz, je passe en fait une grande partie de mon temps dans l’accueil des pèlerins à Bon Secours venant en bonne partie de la France, la basilique étant à un mètre de la frontière française !

L’unité pastorale de Péruwelz comprend dix “clochers” : Péruwelz, Wiers, Roucourt, Callenelle, Baugnies, Brasménil, Wasmes-a-b, Bury, Braffe, La Roë et une basilique : Bon Secours, qui attire de nombreux pèlerins. 

Quel sens accordez-vous au patrimoine et à l’histoire de l’église ? Que représentent-ils pour vous ?

J’ai toujours considéré que les prêtres devraient avoir le souci de transmettre un patrimoine en bon état et à le mettre en valeur : à une époque où le tourisme est important – presque “roi” – l'Église a certainement intérêt à utiliser son patrimoine, certes d’un point de vue historico-culturel, mais aussi pour transmettre les valeurs chrétiennes et le message qui s’en dégage.

Déjà, curé à Pommeroeul, une église au “clocher penché”, je faisais participer cette église aux journées du Patrimoine, et j’ai édité un livret sur l’église.

Comment avez-vous connu le CIPAR ?

Arrivé en plein confinement, je n’avais pas tellement de “travail pastoral”, j’en ai profité pour proposer mes services pour réaliser l’inventaire du patrimoine, la plupart des églises du doyenné n’ayant pas été répertoriées. J’ai donc pris contact avec l’évêché pour savoir comment faire et j’ai reçu la documentation nécessaire.

Faire un inventaire. Etape de recollement dans l'église. Photo Maura Moriaux

Comme dit juste au-dessus, vous vous attelez à réaliser les inventaires de votre doyenné. Vous avez même encodé dans la base de données. Pouvez-vous nous dire quelques mots sur cette expérience ?

C’est une expérience très intéressante, mais qui demande beaucoup d’attention et d’ordre. On découvre soi-même tout le patrimoine des églises. Encoder dans la base de données du CIPAR demande de la persévérance.

Qu’est-ce qui a été le plus difficile dans cette tâche et comment avez-vous surmonté les difficultés ? 

Le plus difficile : avoir accès aux “trésors” des églises (répond l’abbé Batalie en riant). Les coffres-forts ou lieux secrets sont bien gardés à cause des voleurs !  Etant prêtre, j’ai pu avoir accès sans trop de difficulté, mais un laïc devrait peut-être d’abord montrer “patte blanche” !

La seconde difficulté : répertorier les ornements liturgiques, où faut-il s’arrêter ? Faut-il encore répertorier des chasubles ou aubes poussiéreuses que l’on ne mettra plus jamais ? Tout doit être encodé même si cela représente une longue tâche.

Enfin il faut penser à répertorier les vitraux, ensemble très important à Péruwelz mais pas toujours facile à photographier et décrypter.

Et encore : une difficulté est l’importance des statues du 19ème siècle en plâtre, j’ai voulu tout répertorier mais l’intérêt n’est pas toujours évident…

Quels conseils donneriez-vous à ceux qui se lancent dans ce travail ?

Église Saint-Quentin de Péruwelz
Église Saint-Quentin de Péruwelz

Pour bien faire ce travail, je pense qu’il faut être convaincu de son importance, de la beauté du patrimoine même ordinaire.

Ne pas hésiter à imprimer dans un petit document ce qui est le plus beau pour le remettre au curé et le motiver, car c’est vrai, la pastorale ne laisse pas beaucoup de temps pour s’occuper du patrimoine.

L’idéal est de pouvoir faire ce travail avec une seconde personne qui aide à voir parfois ce qu’on oublie quand on est seul, et donne des conseils complémentaires.

De plus, vous avez réalisé plusieurs plaquettes sur les vitraux de la basilique de Bon-Secours, sur les autels, … 

Les grands édifices religieux ont fait l’objet de publication (souvent technique et peut être pas assez abordable pour le grand public) mais les églises ‘secondaires’ sont presque totalement ignorées et c’est fort dommage ! J’ai réalisé une petite brochure intéressante sur l’église de Péruwelz , dans son style néo-classique. Je voudrais aussi réaliser un document sur les différents vitraux dans l’UP de Péruwelz. J’ai également réalisé une brochure sur les vitraux de la basilique de Bon Secours qui sont très intéressants. Les brochures sur le vitrail feront d’ailleurs l’objet d’un futur article dans la newsletter du CIPAR.

Un petit mot pour la fin : 

A une époque où l’avenir de petites églises est menacé, (il faut reconnaître qu’il y a trop d’édifices quand on voit qu’à l’occasion de messes dominicales il y a moins de 10 personnes !), il est essentiel de connaître le patrimoine à préserver et ‘recycler’ si on ferme l’église où il se trouve.

Sans parler, comme dit ci-dessus, l’intérêt de mettre en valeur le patrimoine à une époque où le tourisme est important. C’est l’occasion de transmettre un message…

Abbé Batalie et Vinciane Groessens

CIPAR - Centre Interdiocésain du Patrimoine et des Arts Religieux linkedin facebook pinterest youtube rss twitter instagram facebook-blank rss-blank linkedin-blank pinterest youtube twitter instagram