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La baisse des températures dans les églises, une incidence sur le patrimoine ? 

Publié le 01/12/2022

Face à la montée des prix de l’énergie, beaucoup de gestionnaires tentent de diminuer le recours aux systèmes de chauffage pour réduire les frais. Avec ce fait d’actualité, il nous est paru intéressant de nous pencher sur la question du climat à l’intérieur des églises et sur son incidence sur le patrimoine. Quelles sont les conséquences des températures basses pour le patrimoine ? Est-ce qu’une augmentation brève de la température ambiante, nécessaire pour la célébration du culte, a des incidences néfastes sur la conservation du mobilier ? Quelques mots d’explication. 

Chauffer les églises par des temps plus froids a toujours été un réel défi. En effet, ces édifices se caractérisent par de grands volumes généralement non compartimentés, des voûtes hautes et divers éléments mobiliers et immobiliers constitués de différents matériaux. 

Augmenter ou réduire la température a une réelle incidence sur le climat intérieur du bâtiment. Les deux éléments principaux constituant le climat sont bien entendu la température mais aussi l’humidité relative, qui correspond à la teneur en humidité contenue dans l’air et qui se calcule en pourcentage. Ces deux éléments agissent ensemble : quand la température augmente, l’humidité relative diminue et vice-versa. 

Chauffage_air_pulse
chauffage à air pulsé. Petit conseil : mieux vaut éviter de placer des œuvres à proximité des systèmes de chauffage car ils pourraient engendrer des altérations importantes.

L’humidité relative requiert une attention particulière car elle influence directement l’état de conservation du bâtiment et des biens mobiliers. Si l’air est humide dans l’église, les matériaux hygroscopiques tels que le bois vont gonfler et si l’air est plus sec, ils vont se rétracter. Une humidité relative élevée (plus de 75%) entraîne le développement de moisissures sur les matériaux organiques et la corrosion des métaux. Elle favorise également la prolifération d’organismes indésirables tels que les insectes xylophages. Une humidité relative basse (moins de 40%) engendre la fragilisation des matériaux, ce qui peut provoquer par exemple une rupture des fibres des matériaux hygroscopiques, donnant suite à des altérations telles des fissures. Elle entraîne également des délaminations (écaillages). Les fluctuations d’humidité relative (et donc de température) importantes et régulières occasionnent quant à elles l’apparition d’efflorescences et fragilisent également la cohésion des matériaux (couches de préparation, peinture et polychromie, etc.). Parmi les éléments patrimoniaux, les orgues sont particulièrement sensibles au climat environnant. 

Délaminations de la peinture des murs provoquées par des variations de température et d’humidité relative importantes.

La gestion du climat dans les églises : une affaire de compromis ?

Trouver un bon équilibre entre des températures agréables pour les paroissiens, adéquates pour la conservation du patrimoine tout en étant économiques est avant tout une histoire de compromis. Il est vivement conseillé aux gestionnaires d’église (fabriciens, sacristains, desservants) de mesurer la température et l’humidité relative, qui sont les deux indicateurs principaux du climat. À titre d’informations de référence, quelques conseils facilement applicables permettront d’assurer une bonne gestion du climat intérieur. Les fourchettes de température et d’humidité relative servent de référence et si celles-ci sont respectées, ces normes garantissent la conservation optimale de l’édifice et du mobilier qu’il abrite : 

  • La température constante de base à préserver en période hivernale (hors célébrations) doit être comprise entre 5°C et 12°C. 
  • La température de base à obtenir lors des célébrations doit être d’environ 10°C de plus que la température de base obtenue hors célébrations. Une température comprise entre 16°C (minimum) et 18°C peut déjà suffire pour célébrer un office.
  • Humidité relative comprise entre 40% et 75% ; avec une variation de 10% maximum sur une journée. Pour rappel, au-delà des 75%, l’air sera trop humide et pourrait engendrer l’apparition de moisissures et de corrosion. En deçà de 40%, l’air sera trop sec et pourrait engendrer la rupture de fibres (de bois de textiles) et par conséquent, endommager les objets.

Pour plus d’informations : 

Les services diocésains du patrimoine se tiennent à votre disposition en cas de questions patrimoniales. (renvoi vers les contacts diocésains). 

Sources : 

Monumentenwacht, Binneclimaat,  https://www.monumentenwacht.be/erfgoed-behouden-en-beheren/themas/binnenklimaat/ (consulté le 28 septembre 2022). 

Rijksdienst voor het Cultureel erfgoed, Klimaatbeheersing in monumentale kerken, Amersfoord (Nederland), 2016. 

Photo 2 : moisissures présentes à l’intérieur de la structure de l’orgue, provoquées par une humidité relative trop élevée. 
Moisissures présentes à l’intérieur de la structure de l’orgue, provoquées par une humidité relative trop élevée.

Maura Moriaux

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