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Eglise de l'Assomption à Farciennes : son historique et son patrimoine mobilier

Publié le 31/01/2023

Pour permettre de retracer l'histoire de la plupart des bâtiments civils et religieux, depuis le Haut Moyen-Age jusqu'aux Temps Modernes, nous disposons, soit d' archives, soit de témoins matériels. Malheureusement, ces archives, à travers les époques, n'ont souvent été conservées que de façon très fragmentaire, en raison, soit de l'indifférence des hommes, qui les ont souvent mal sauvegardées (incendies, inondations), soit des guerres de toutes époques qui les ont, en tout ou en partie, détruites, soit, enfin, des ravages causés par les révolutionnaires français, de 1789 à 1810. Heureusement, pour ce qui concerne notre commune et son histoire, nous pouvons saluer l'œuvre réalisée et éditée en 1889, par Joseph Kaisin, à savoir : « Les annales historiques de la commune de Farciennes ».

Eglise de Farcienne - façade

Cet historien-archéologue local consacra une partie de sa vie à étudier les archives communales, ainsi qu'à puiser de la documentation dans l'œuvre magistrale des "Délices du Pays de Liège", éditée en 1750 ; en effet, il faut savoir que notre commune faisait partie, dans l'Ancien Régime, du "Pays de Liège" ; donc, au niveau religieux, nous dépendions de la "Principauté de Liège" et de son Prince-Evêque, et par conséquent, certaines archives les plus importantes, qui concernaient notre commune, y furent conservées.

Historique des églises de Farciennes centre

Une première église est connue en 1210, à l'emplacement actuel. A ce moment, l'Abbaye de Floreffe, reçoit des Seigneurs de Farciennes, le tutorat de l'église, c'est-à-dire le droit de nommer les curés, jusqu'à la Révolution française, et sous la haute administration du Prince-Evêque de Liège. Le premier curé, connu, nommé Michel, était 'Doyen du Concile de Walcourt'.
Nous ne connaissons ni plan, ni description de cette première église. Par contre, nous disposons du texte de donation de la dîme au curé Michel, par le Chevalier Simon de Joinville, confirmée l'Evêque de Liège, Hugues de Pierpont.

Eglise Farciennes - vu du choeur

En 1399, le Frère Nicolas Marille, religieux de Floreffe, est investi curé de Farciennes ; il reçoit du Seigneur de Marbais-Farciennes, la maison de la cure, grange, étable et jardin. À cette époque et jusqu'à la Révolution française, les curés, en plus de leur charge pastorale, entretenaient, pour eux-mêmes, bestiaux, chevaux et même une petite brasserie. La cure se situait à l'emplacement de la cure actuelle, mais en débordement sur l'actuelle ligne de chemin de fer. Nous possédons, en mauvais état, l'acte de don, authentique, rédigé, en bas-latin, sur papier parchemin, par le Seigneur de Marbais- Farciennes.

1523 : démolition de l'église et très lent début de construction de la seconde église, puisque sa consécration est datée de 1568, soit 45 ans plus tard. L'église avait peu de revenus et la communauté était très pauvre, ce qui explique la lenteur des travaux. Elle fut couverte d'ardoises, contrairement à la première église qui semble, selon certains documents, avoir été couverte de chaume.
Cette seconde église, de style gothique, fut dédiée à sainte Catherine.

Un croquis de cette seconde église a pu être dressé par un architecte, grâce aux descriptions et dimensions précises que les archives de Liège nous ont laissées. En effet, voici quelques années, un début d'incendie ravagea la partie la plus ancienne des archives communales et les plans de la seconde et la troisième église furent perdus. De même, les archives fabriciennes n'en ont laissé aucune trace. Cette seconde église, plus grande que la précédente, avait 30 m de longueur sur 15 m de largeur, avec une tour de 17 m, surmontée d'un clocher de 12 m.

  • Cette église Sainte-Catherine a vécu quelques faits historiques marquants, de son histoire :
    Au XVIIe siècle, la sacristie de droite s'appelait 'trou Madame', parce qu'elle servait de tribune à Madame la Comtesse de Bucquoy-Longueval, qui, venant du château, par la drève, pour assister à la messe du dimanche, montait un escalier de pierre situé dans le cimetière et accédait ainsi à sa tribune, logée au niveau du chœur de l'église. Les armoiries de la famille, sculptées sur bois, se trouvaient au-dessus de la porte d'entrée.
  • L'an 1624, le curé Jacques Feuillen, reçut pour l'église, de la Comtesse de Longueval, un calice en argent doré, orné des armoiries de la famille de Longueval-Bucquoy, gravées sur le pied.
  • L'an 1656, les jeunes filles de Farciennes offrent au Saint Sacrement une couronne, en argent. C'est la couronne ordinaire de la Sainte Vierge, qu'à l'époque, on posait, de façon rituelle, sur le cercueil des enfants, lors de leurs funérailles. Sur le pourtour de cette couronne, on peut y lire, gravé en français de l'époque :' les filles dv vilage de Farsinne ont doné cette corone a lhoneur dv St Sacremet. Lan 1656'.
  • L'an 1687, on note, dans les archives, que la tour de l'église servait, occasionnellement, de tour de guet, à toutes les époques troubles.

Devenue trop vétuste, l'année 1834 connut la démolition de cette seconde église. Le 19 juillet, de cette année, eut lieu la pose de la première pierre de la troisième église, en présence du Bourgmestre Piton-Quarré, des édiles communaux et des Autorités religieuses, avec le concours de la société philharmonique locale. Le nouveau bâtiment fut allongé, au niveau de la tour, de 7 m, par rapport au précédent et élargi de deux mètres. Le maître d'œuvre de ce nouvel édifice fut l'architecte Branquart de Charleroi.

Le 28 avril 1837, eut lieu la consécration de l'église, dédiée à l'Assomption de la Vierge, en présence de Mgr Labis, Evêque de Tournai et en présence des Autorités communales, qui furent escortés, en procession, par une foule nombreuse et au son de l'harmonie locale.

 Le mobilier

Le mobilier est assez exceptionnel. On y retrouve, en parfaite harmonie, plusieurs styles, chronologiquement différents.

Entre autres , pour le style Néoclassique :

• Trois confessionnaux, de plan semi-circulaire, en bois teinté, vers 1836.
• Fonts baptismaux, en forme d'urne, marbre noir, avec couvercle en laiton et cuivre, vers 1836.

Style Louis XV : provenant de l'ancien couvent des Récollets de Saint François.

• Deux rangées de stalles, avec hauts dossiers, ornées de tableaux de PB. De Blocq, représentant différentes scènes de la vie de Jésus, trophées avec instruments de musique et objets du Culte, médaillons avec bustes de Saints, Chêne, 1740-1780.

• Chemin de croix de PB. De Blocq, œuvre de 1783 sur toile.

• Vitraux : dans les nefs et le chœur, 14 vitraux polychromes, réalisé par la firme Grossé, de Bruges, vers 1902. Ceux-ci ont été offerts par des familles et mécènes locaux. Les noms de ces familles donatrices figurent, au bas des vitraux.

Les illustrations sont de l'auteur.

 

Claude JACQUES,
Fabricien Patrimoine de l'Assomption.

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