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Exposition - Sculpteurs d’avant-garde… au 16e siècle : origines et perspectives

Publié le 01/06/2023

Une exposition inédite de sculptures se tient actuellement au Musée des Arts Anciens de Namur (connu sous le nom de TreM.a). La particularité de celle-ci ? Elle présente principalement des œuvres originellement conservées dans des églises paroissiales wallonnes. Quelle est la genèse et l’objectif de ce projet, ouvre-t-il la voie à de nouvelles perspectives de recherche ? Découvrons tout cela ensemble.

L’événement met en lumière une quarantaine d’œuvres issues d’églises principalement, de musées et de collections privées, ce qui représente l’implication de quatorze fabriques d’église, de quatre institutions muséales et de deux collectionneurs ! À l’occasion d’une visite au musée, nous avons pu rencontrer Marie Dewez (conservatrice), Elisabeth Van Eyck (historienne de l’art à l’Institut royal du Patrimoine artistique (IRPA)) et Mary Zaffaroni (historienne de l’art), qui ont pris part au projet.

Aux origines

Statue en bois de l'exposition. Détail
Photo © Maura Moriaux

Deux œuvres de premier plan marquent la genèse de la réflexion sur la production sculptée du XVIe siècle dans nos régions, à savoir le retable d’Enhet (coll. Fondation Société archéologique de Namur, inv. 132) et les stalles de la collégiale Sainte-Gertrude de Nivelles. Michel Lefftz, spécialiste de la sculpture et professeur au département d’histoire de l’art et d’archéologie à l’UNamur, ainsi que commissaire de l’exposition, a mené une première étude sur les sculptures maniéristes de ces stalles, en les caractérisant. Une étude sur le retable de Gedinne, également symptomatique de la sculpture maniériste régionale, avait été menée entre 2014 et 2019 par Elisabeth Van Eyck et Fanny Cayron. Très rapidement, un groupe d’historiens de l’art et de conservateurs-restaurateurs se sont rassemblés pour mener de concert un projet de recherche sur la sculpture maniériste de la seconde moitié du XVIe siècle, produite dans la région de l’entre-Sambre-et-Meuse.

La première étape a consisté à défricher les inventaires en ligne disponibles sur BALaT, la photothèque en ligne de l’IRPA. Très vite, il a été remarqué que bon nombre de ces objets étaient conservés dans les églises paroissiales. De là, une recherche couronnée par l’organisation d’une exposition temporaire a émergé.

Photo lors de la présentation dans l'exposition
Photo © Maura Moriaux

Elisabeth et Mary témoignent : « notre souhait principal était de donner au public des clés de lecture pour identifier les différents ateliers de production et de démontrer les variétés, allant de la sculpture savante à la sculpture populaire ». Elles ajoutent à cela : « le public n’a pas l’habitude d’être confronté à un patrimoine régional et local. Il nous paraissait donc important de le sensibiliser et de lui apprendre à observer et apprécier ce type de production. C’est notamment un moyen d’introduction à l’étude stylistique, qui fait partie intégrante des recherches en histoire de l’art. » Aussi, le projet a permis l’organisation de nouvelles campagnes photographiques pour enrichir la photothèque en ligne de l’IRPA.

L’événement au musée est couplé à la parution d’un catalogue exhaustif qui compile toute l’étude menée dans le cadre du projet. « Le catalogue reprend 200 pièces mais comme il s’agit d’une recherche qui est encore en cours, celui-ci sera davantage étoffé », poursuivent les organisatrices.

  

Un « brin de toilette » pour les œuvres

Photo © KIK-IRPA, Bruxelles.

Étant donné que la plupart des œuvres exposées sont issues d’églises paroissiales et donc, conservées dans des conditions parfois difficiles, certaines sculptures présentaient des altérations relativement importantes (bois fissuré, soulèvements de la polychromie, fragments manquants, attaques actives d’insectes xylophages, …). Par conséquent, le musée a financé une vaste campagne de nettoyage et de restauration des œuvres qui, entre les mains des conservatrices-restauratrices Fanny Cayron et Corinne Van Hauwermeiren, ont retrouvé un nouvel éclat. Cette opération est une chance inédite et rare, qui a permis à de nombreuses œuvres de retrouver une lisibilité.

 

Quid après l’exposition ?

Présentation dans l'exposition
Photo © Maura Moriaux
Statue en vois de l'exposition
Photo © KIK-IRPA, Bruxelles.

Bien qu’elle se termine au début de cet été, la recherche n’en est quant à elle qu’à ses débuts ! En effet, les chercheurs espèrent pouvoir découvrir de nouvelles pièces qui viendront enrichir le catalogue, approfondir les réflexions et formuler de nouvelles hypothèses. Elisabeth et Mary expriment à ce sujet : « le projet est loin d’être terminé, il s’agit d’un processus évolutif que nous espérons pouvoir poursuivre ».

Les œuvres exposées sont encore visibles jusqu’au 9 juillet au musée, après quoi elles retourneront dans leur lieu de conservation d’origine et donc, pour bon nombre d’entre elles, dans les églises.

« Nous sensibiliserons, avec l’aide des services diocésains du patrimoine et le CIPAR, à l’importance de garder les objets dans des conditions les plus adéquates possibles, tout en veillant à en assurer la sécurité ». En effet, rappelons que les conditions de conservation des églises sont très différentes de celles d’un musée. Les variations de température et les fluctuations d’humidité relative ou encore le manque de connaissance en matière d’entretien sont tant de causes qui engendrent des conséquences néfastes sur l’état des objets. Ceci étant, avec les conseils avisés de professionnels, les gestionnaires peuvent entreprendre des petits gestes et développer de bons réflexes pour assurer la pérennité des biens mobiliers dont ils ont la gestion. Il convient d’ailleurs de préciser que les fabriques d’église jouent un rôle essentiel dans cette préservation : « à ce titre, nous souhaitons remercier chaleureusement les fabriciens pour leur dévouement et leur investissement considérable en faveur de la sauvegarde du patrimoine », ponctuent nos trois organisatrices.

Le patrimoine religieux des églises paroissiales étant public, quoi de plus normal que de travailler ensemble pour le préserver pour les générations futures !

Quelques informations pratiques : rappel

L’exposition est visible jusqu’au 9 juillet 2023 inclus.

Horaires et tarifs consultables sur le site du musée.

Maura MORIAUX

CIPAR - Centre Interdiocésain du Patrimoine et des Arts Religieux linkedin facebook pinterest youtube rss twitter instagram facebook-blank rss-blank linkedin-blank pinterest youtube twitter instagram