Le CIPO vous ouvre ses portes !
Installé dans l’église Sainte-Marie d’Oignies à Aiseau-Presles, le CIPO (Centre d’Interprétation du Proto-Béguinisme à Oignies) sera bientôt accessible au public.
Ce centre d’interprétation a pour objectif de faire découvrir au plus grand nombre la naissance du mouvement béguinal à travers la figure de sainte Marie d’Oignies, souvent considérée comme une des premières béguines, et de son confesseur, Jacques de Vitry. Ces deux personnages qui vécurent à la croisée des XIIe et XIIIe siècles sont intrinsèquement liés au hameau d’Oignies. En effet, c’est sur cette terre qu’ils se sont rencontrés et où Jacques de Vitry, décédé à Rome en 1240, a souhaité être inhumé au côté de Marie d’Oignies dans l’église du prieuré. Les reliques de la sainte et les restes de son confesseur sont toujours conservés dans l’église actuelle. Mais la renommée d’Oignies ne tient pas qu’à la présence de cette amitié spirituelle entre ces deux personnages. Le prieuré attire également un orfèvre venu de Walcourt, Hugo d’Oignies, auteur de pièces remarquables aujourd’hui classées Trésors de la Fédération Wallonie-Bruxelles et exposées au TreM.a – Musée des Arts anciens à Namur. L’extrême qualité et la richesse de cet ensemble doit sans doute beaucoup à la présence de Jacques de Vitry, un temps évêque en terre sainte, attiré par la personnalité de Marie d’Oignies en ce lieu[1].
Ce projet de création d’un centre d’interprétation sur l’origine des béguinages voit le jour en 2016 lorsque Rita Fenendael, maître de langues principale (UCL) et passionnée par l’histoire béguinal, vient à la rencontre de la commune d’Aiseau-Presles, qui n’a pas hésité à financer l’entièreté de la restauration de l’église pour que ce projet puisse voir le jour et de l’Evêché de Tournai avec le souhait de mettre en valeur le proto-béguinisme. La fabrique d’église est rapidement sollicitée pour la création de ce centre d’interprétation. Le projet bénéficie également du soutien de la Province de Namur, de Qualité-Village-Wallonie et de l’association CACAO. Une équipe de bénévoles se met rapidement en place au niveau local pour la création du futur CIPO coordonnée par le service du patrimoine du diocèse de Tournai et par le CHASHa (Centre d’Histoire et d’Art Sacré en Hainaut) tandis que la rédaction du contenu du CIPO est confiée à Pascal Majerus, historien spécialiste de la question béguinale et à Rita Fenendael.
Dès ses débuts, le CIPO choisit comme moyen d’expression le centre d’interprétation dans sa définition la plus basique : « un espace sans collection à visée de mise en valeur et de diffusion d’un patrimoine destiné à accueillir un large public »[2]. Il faut comprendre le centre d’interprétation comme un lieu destiné à expliciter une idée thématique, à savoir pour le CIPO le proto-béguinisme. Le projet n’a dès lors pas pour but de créer un musée dans un lieu qui reste entièrement affecté au culte, mais d’aménager un espace pour y décliner un propos de manière non invasive. C’est sous cette forme que le CIPO se singularise nettement d’autres projets de mise en valeur patrimoniale initiés par le service du patrimoine du diocèse de Tournai et par le CIPAR pour les églises du Hainaut et ailleurs en Wallonie. La nef de l’église a été séparée en deux parties par une paroi vitrée tandis qu’une attention particulière a été apportée à la mise en scène du CIPO. Un pari difficile lorsqu’il s’agit de combiner l’ambition d’une exposition permanente et la volonté de pouvoir utiliser l’église dans son entièreté pour certaines célébrations. Ce projet ne doit pas entraver l’exercice du culte où gêner l’accessibilité à l’église qui restera ouverte en permanence. Le CIPO peut donc s’effacer momentanément pour les besoins liés au culte. Le visiteur aura ainsi l’occasion de le découvrir librement sans barrière financière. Le CIPO se visite donc de manière autonome. Des visites guidées sont également organisées pour des groupes sur réservation préalable. Maintenir l’église ouverte et accueillante à la fois pour le croyant et pour le tourisme était une évidence même si cela implique quelques restrictions. Aucune œuvre originale ne figure dans le parcours pour des raisons évidentes de sécurisation. Le sujet est développé au travers de reproductions d’œuvres liées à l’histoire béguinale sur panneau et de la diffusion de documentaires sur le sujet. Après une contextualisation générale des pouvoirs politique, économique et spirituel de la région d’Aiseau au tournant des XIIe et XIIIe siècle, le visiteur est invité à découvrir l’histoire du protobéguinisme à travers le destin de femmes qui furent les pionnières de ce mouvement dont Marie d’Oignies fait bien entendu partie.
Le CIPO s’adresse à un large public non spécialisé mais également à un public directement lié au béguinisme sous toutes ses formes (lieux de béguinages actuels ou musées du béguinage). Avec cette large ouverture, le CIPO entend créer un réseau plus large et se donne la possibilité d’évoluer et de mettre en place une scénographie changeante, selon un partenariat ponctuel, ou un évènement en particulier. Ceci doit permettre d’accentuer le discours sur des évènements ou des concepts en particulier et de s’adapter aux avancées scientifiques sur les sujets développés ou des sujets connexes très proches du CIPO (ex: le prieuré, le béguinisme, etc.) L’objectif du CIPO est double puisqu’il s’agit de nourrir la réflexion autour du proto-béguinisme, de son potentiel pour le futur sur le plan humain, social et spirituel et aussi d’accueillir des rencontres scientifiques, culturelles et cultuelles autour du proto-béguinisme.
Le CIPO, un espace à découvrir
Eglise Sainte-Marie d’Oignies, rue de l’Abbaye, 6250 Aiseau-Presles. Information et réservation pour les groupes : cipo.oignies@gmail.com et au 0493 81 70 39
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Samuël Christiaens
[1] DE VOS, J., « Le prieuré Saint-Nicolas d’Oignies. Une fondation stratégique en bord de Sambre (1187-1270) », dans DE VOS, J. et DESCATOIRE, C., Merveilleux Trésor d’Oignies. Eclats du XIIIe siècle, cat.expo., Dijon, Editions Faton, 2024, p. 12.
[2] Serge Chaumier et Daniel Jacobi, « Nouveaux regards sur l’interprétation et les centres d’interprétation », La
Lettre de l’OCIM [En ligne], 119 | 2008, mis en ligne le 21 janvier 2011, consulté le 25 novembre 2022. URL :
http://journals.openedition.org/ocim/348 ; DOI : https://doi.org/10.4000/ocim.348