De Houyet à Chantilly : patrimoine religieux et vies de château
Quel est le lien entre la première reine des Belges et l’église Houyet ? Son tableau d’autel, chef-d’œuvre du peintre belge François-Joseph Navez, est actuellement mis en valeur au château de Chantilly, dans une exposition consacrée à la reine Louise d’Orléans.
Jusqu’au 16 février 2025, l’exposition « Louise d’Orléans, première reine des belges. Un destin romantique » au musée Condé – Château de Chantilly, revient sur l’histoire de cette princesse française devenue l’épouse du premier souverain de la Belgique. Pour l’occasion, la fabrique d’église de l’Assomption de Notre-Dame à Houyet prête le tableau de son maître-autel.
Ce tableau de grand format est considéré comme un chef-d’œuvre de François-Joseph Navez. Né en 1787 à Charleroi, ce peintre néo-classique, formé à l’Académie de Bruxelles, est l’élève de Jacques-Louis David entre 1813 et 1816, avant de passer quatre ans en Italie où il se familiarisera avec les œuvres de Raphaël et d’Ingres. Au début des années 1830, il se démarque de la nouvelle génération de peintres romantiques en répondant à une commande prestigieuse dans un genre où il excelle : la peinture d’histoire.
Le roi Léopold Ier lui commande, en juillet 1833, une grande toile à sujet religieux destinée à orner la chapelle de la reine Louise au palais de Laeken ou de Bruxelles. Identifiée comme le « Sommeil de Jésus » ou le « Mariage mystique de sainte Catherine d’Alexandrie », la composition s’organise autour de l’Enfant endormi dans les bras de la Vierge. Le tableau aurait été commandé pour célébrer la naissance du premier fils du couple royal, Louis-Philippe dit « Babochon ». Né le 24 juillet 1833, le prince héritier décède malheureusement 9 mois plus tard. Livrée en 1834 à la reine, la toile aurait constitué, selon le commissaire d’exposition, une invitation à trouver la consolation dans la religion. Après le décès prématuré de la reine en 1850, Léopold Ier offre le tableau à l’église de Houyet, dont il pose la première pierre en 1851. Le couple royal est en effet très attaché à ce village de la vallée de la Lesse, où ils possèdent une résidence secondaire.
Ce tableau de commande royale a contribué au renouveau de la peinture religieuse belge. Navez a apporté un grand soin à la conception de la composition, comme en témoignent les nombreux dessins préparatoires conservés. Entourant la Vierge et l’Enfant Jésus, se trouvent sainte Catherine et deux anges à gauche, tandis que Joseph, Elisabeth et Jean-Baptiste sont représentés à droite. Dans cette composition harmonieuse en étage, Navez démontre son grand talent de coloriste, notamment influencé par Raphaël. Bien que certains lui reprochent un manque de gravité, la toile remporta un certain succès : envoyée aux Salons de Paris (1834) et de Bruxelles (1836), elle fut gravée par Henri van der Haert en 1836.
Toujours conservée dans le chœur de l’église de Houyet, l’œuvre de Navez est exposée en 1999 à Charleroi et restaurée en 2006 par la Fondation Roi Baudouin, avec le soutien du Fonds Baillet-Latour.
L’exposition « Louise d’Orléans » est le fruit d’une collaboration entre le musée Condé et le Service des musées et du Patrimoine culturel de la Province de Namur. Visible au château de Chantilly jusqu’au 16 février 2025, le public belge pourra également la découvrir à Namur, du 14 mars au 16 juin 2025, au TreM.a – musée des Arts anciens du Namurois.
Lise Constant
Sources :
- DELDICQUE Mathieu, « Le chef-d’œuvre de François-joseph Navez », dans Deldicque Mathieu et De Vos Julien dir., Louise d’Orléans, première reine des Belges. Un destin romantique, catalogue d’exposition, Chantilly/Namur, 19 octobre 2024 – 16 février 2025 / 14 mars – 16 juin 2025, Paris, In Fine, 2024, cat. 56.
- Château de Chantilly, « Exposition – Louis d’Orléans », [https://chateaudechantilly.fr/evenement/exposition-louise-dorleans/], novembre 2024.
Images : © L. Constant, 2024