Mobilisation patrimoniale aux confins de la frontière belgo-allemande
La commune de Waimes semble être un terrain fertile en matière d’initiatives en faveur du patrimoine religieux, comme en attestent les villages de Robertville, d’Ovifat et de Sourbrodt. De quelle manière cela se traduit-il et qui en sont les acteurs ? Découvrons-le dès à présent.
Le château de Rheinardstein, le barrage de Robertville ou encore le signal de Botrange sont des lieux réputés de la région mais il convient également de souligner que plusieurs bâtiments religieux n’ont rien à envier de la renommée de ceux-ci. En effet, un suivi patrimonial rigoureux, un inventaire complet, un entretien régulier ainsi qu’une compréhension fine des enjeux de préservation sont entrepris par les fabriques d’église de Robertville-Ovifat et de Sourbrodt, représentés à travers cet article par le président de l’une et le trésorier de l’autre.
En plus d’avoir le même prénom, ils partagent un engouement commun pour la préservation des édifices religieux dont ils ont la charge. En effet, Albert Van de Sande (président de la fabrique d’église Saint-Joseph de Robertville) et Albert Gehlen (trésorier de la fabrique d’église Saint-Wendelin de Sourbrodt) ont mis en place une série de choses qu’ils ont partagé récemment avec l’équipe du CIPAR et le Service Patrimoine de l’évêché de Liège.
Projets et sensibilisation du public
En plus du recensement du mobilier, plusieurs travaux ont été entrepris ou ont encore actuellement lieu.
À Robertville, des travaux de réfection au niveau de la toiture et des gouttières sont en cours, monsieur Van de Sande témoigne à ce sujet : « nous avions remarqué la présence d’infiltrations d’eau principalement dans le narthex. Pour éviter que la situation ne s’aggrave, nous avons directement alerté la commune et entamé les démarches pour combler les fuites ». Les parois internes du narthex qui avaient été endommagées en raison des infiltrations sont également en cours de réfection. Par ailleurs, la fabrique a aussi fait remplacer les échelles vétustes, conduisant au jubé et à la tour. En plus d’un nettoyage régulier, elle veille aussi à contrôler de manière constante l’état des boiseries pour repérer et, au besoin, éradiquer au plus vite les attaques actives d’insectes xylophages.
Gestionnaire également de deux autres édifices, Monsieur Van de Sande a également pris l’initiative de mener une série de travaux dans la chapelle de la Vierge à Chêneux, qui avait malheureusement été délaissée durant plusieurs années : « il y avait des infiltrations importantes d’eau et l’édifice n’avait plus été nettoyé en profondeur depuis quelques années. Par conséquent, nous nous sommes mobilisés entre bénévoles pour récurer le carrelage, refaire la toiture et la voûte, repeindre les murs, installer un chauffage au gaz et rendre l’endroit plus accueillant à la fois pour le culte mais aussi pour tout passant souhaitant un moment de répit et de calme. C’est une manière aussi pour nous de sensibiliser le public à l’aspect de recueillement que peut revêtir un tel lieu de culte » nous confie Monsieur Van de Sande. L’édifice étant situé à proximité d’un chemin de randonnée fréquenté par les marcheurs et les cyclistes, elle est depuis sa rénovation régulièrement fréquentée.
À Sourbrodt, Monsieur Gehlen, qui est aussi l’historien local, a exposé les divers projets en insistant sur l’histoire de la paroisse Saint-Wendelin : « l’ancienne église est actuellement conservée mais n’est plus utilisée pour les célébrations liturgiques. Ceci étant, nous poursuivons son entretien, d’autant plus qu’il s’agit d’un édifice classé ».
L’église plus récente qui est sous le même patronat de saint Wendelin, attire l’attention d’une part en raison de sa volumétrie impressionnante pour une église située en milieu rural, mais aussi par la succession des coupoles dans la nef principale. Naturellement, qui dit grande église, dit maintenance importante : « il s’agit de la plus grande église sur le territoire communal. Elle a été construite entre 1929 et 1931 et par conséquent, un matériau omniprésent est le béton » nous dit monsieur Gehlen. Comme à Robertville, la fabrique est consciencieuse et scrute la moindre altération. Il ajoute : « le béton employé pour la construction de la tour et du porche est en train d’éclater, rendant apparent la structure métallique interne ». Il s’agit là d’un problème caractéristique des églises du 20e pour lesquelles des matériaux de construction industriels ont été utilisés. Ayant alerté la commune, la fabrique d’église attire l’attention et sensibilise le public face à cette problématique.
Préserver pour le souvenir et la postérité
Ces initiatives entreprises illustrent bien entendu un intérêt pour l’histoire et le patrimoine, mais pas que… en effet, les deux fabriciens se livrent sur une de leurs autres motivations : « nous nous impliquons également en tant que chrétien. Nous avons le poids de la mémoire et entreprendre des actions en faveur de la préservation du patrimoine, c’est respecter les générations précédentes qui ont donné de leurs deniers pour entretenir, meubler et embellir les églises. Cela nous permet de conserver l’âme des édifices. »
Images : © M. Moriaux, 2024.
Maura Moriaux