Suite et fin d’un traitement de conservation et de restauration important : Le tableau du maître-autel de l’église Sainte-Catherine à Liège
La restauration et la remise en place d’œuvres monumentales sont souvent des aventures de longue haleine. Entre défis techniques, fragilité des matériaux et logistique minutieuse, chaque étape doit être soigneusement maîtrisée pour redonner vie au patrimoine. C’est le cas de la toile monumentale du maître-autel de Théodore-Edmond Plumier[1], « Le martyre de sainte Catherine », en traitement depuis 2018 après s’être déchirée sous son propre poids. Elle a enfin pu retrouver sa place dans le maître-autel, révélant à nouveau toute sa splendeur après la restauration.
La restauration
Dans l'article "Genèse du sauvetage de la toile monumentale de Théodore-Edmond Plumier ornant le maître-autel de l’église Sainte Catherine en Neuvice à Liège : Le Martyre de Sainte Catherine", nous évoquions la complexité de la conservation et de la restauration de la toile du maître-autel de l’église Sainte-Catherine. À ce moment-là, le traitement était terminé et l’œuvre attendait sa remise en place.
Pour rappeler les faits : en juin 2018, la toile s’est déchirée en son centre sous son propre poids, en se désolidarisant d’une partie du châssis, en raison d’un support ayant perdu sa souplesse et sa résistance mécanique. Si le traitement de conservation et de restauration était rendu nécessaire par cet accident, il a également permis d’étudier l’œuvre sous différents angles : historique et technique, en retraçant également les différentes campagnes d’interventions de restauration anciennes.
La conservation-restauration a redonné au tableau une meilleure lisibilité, fortement altérée par un encrassement important généralisé, la présence de plusieurs vernis assombris et les déformations de surface causées par un ancien rentoilage[2].

Le traitement de conservation et de restauration a été réalisé in situ, dans l’église Sainte-Catherine, permettant ainsi au public de participer à chaque étape du traitement et de découvrir le travail minutieux des conservatrices-restauratrices.
Il est important de rappeler que pour la conservation et la restauration de la toile, la fabrique d’église a bénéficié d’une importante subvention du Fonds David Constant, via la Fondation Roi Baudouin.
La remise en place du tableau
Finalisé en juin 2022, le traitement du tableau a été suivi d’une longue période d’attente avant sa remise en place, en raison du classement de l’intérieur de l’église comme patrimoine exceptionnel. Après une recherche sur les finitions décoratives, suivies d’un nettoyage du maître-autel destiné à accueillir l’œuvre, le planning de réintégration de l’œuvre a enfin pu être organisé.
Le 25 mars, la réinstallation de la toile a été coordonnée avec une firme spécialisée dans le transport. Celle-ci a procédé à la manipulation du tableau et a adapté l’échafaudage en son centre pour permettre l'insertion de l’œuvre. L’échafaudage a ensuite été démonté pour permettre l’achèvement des finitions sur la partie basse du maître-autel.
La remise en place de la toile du maître-autel a pu être réalisée grâce à un financement du Fonds Forgeur, via la Fondation Roi Baudouin[3].
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Fig. 1 : tableau en préparation pour assurer un bon maintien lors de la remise en place. Photo © Audrey Jeghers. | Fig. : la toile, soutenue à l’aide d’une grue, prête à intégrer le maître-autel. Photo © Audrey Jeghers. |
Emmanuelle Job, collaboratrice scientifique, diocèse de Liège
Audrey Jeghers, conservatrice-restauratrice de peintures, responsable et coordinatrice du projet.
[1] Peinture à l’huile sur toile, signée et datée 1726, 628 x 338 cm.
[2] JEGHERS, A., Dossier de conservation et de restauration, « Le Martyre de Sainte Catherine », Théodore Edmond Plumier, 1726, peinture d'autel, huile sur toile, 628 X 338 cm, Eglise Saint- Antoine et Sainte-Catherine, en Neuvice – Liège, juin 2022, 52 pages.
[3] Le Fonds Forgeur soutient des projets de conservation ou restauration du patrimoine architectural en région liégeoise.