Exposition : Art & Rite. Le pouvoir des objets

Laissez-vous emporter par la présence, la beauté, l’étrangeté et la multitude d’objets acteurs de pratiques rituelles qui tendent toutes à l’apaisement, à l’équilibre vital, à la mise en ordre des mondes visibles et invisibles.

L’exposition Art & Rite est le fruit d’une série de séminaires interdisciplinaires organisés dans le cadre du projet Louvain2020 (piloté par Charlotte Langohr). Anthropologues, théologiens, littéraires, archéologues et historiens de l’art se sont rassemblés autour des riches collections du Musée L : masques africains ou océaniens, objets du culte catholique ou des rites bouddhistes, statues ou peintures, parures ou objets sonores et odorants, etc. Tous ces objets rituels ont en commun le fait d’avoir été, à un moment de leur histoire, détournés de leur objectif premier – servir le rite – pour rejoindre la collection du Musée L. Ce sont précisément les questions soulevées par ce changement de statut, d’espace et de temps, qui sont à l’origine de cette exposition. De cette réflexion commune est né le souhait d’interroger les liens multiples qui se tissent entre l’objet d’art, le rite et le musée. Que fait l’art au rite ? Ou comment les objets déclinent-ils leur pouvoir au sein de rituels ? Que fait le rite à l’art ? Ou comment le rite transforme-t-il les objets ? Et à sa suite, comment le musée les fait-il participer à des rites d’une autre nature (contemplation – information) ? Autrement dit, quel est le rôle des rites dans la « vie » de ces objets depuis leur contexte originel jusqu’à aujourd’hui, en contexte muséal ?

À travers un parcours transculturel (Europe, Afrique centrale, Ladakh, Nouvelle-Guinée, etc.), l’exposition montre que, par-delà le temps et les cultures, les rites créés par l’homme ont  besoin d’objets pour fonctionner. Si les œuvres exposées ici ont reçu au fil de l’histoire l’étiquette de majeure ou mineure, de savante ou populaire, de profane ou sacrée, d’artistique, artisanale ou ethnographique – autant de catégories que les objets envisagés ici tendent justement à dissoudre ou repenser –, l’exposition ambitionne de questionner le pouvoir des objets au sein des rites pour lesquels ils ont été conçus. Gigantesques ou minuscules, précieux ou rudimentaires, exhibés ou secrets, ces objets accompagnent des croyances, des gestes, des paroles, des sons, des odeurs. Ils s’inscrivent dans un ensemble d’actions qui leur donnent sens au sein d’un espace et d’un temps déterminé.

Une fois intégrés au musée, ces objets déracinés de leur contexte sont en quelque sorte anesthésiés et vidés d’une partie de leurs sens. Mais ils n’en demeurent pas moins actifs, car ils changent de statut et participent à des rites d’une autre nature : devenus témoins du patrimoine culturel et artistique, ils sont au centre d’une contemplation esthétique et/ou d’une curiosité intellectuelle, qui ne manque pas, elles aussi, d’être ritualisées par le musée.

En proposant un double regard sur les objets, l’exposition invite à apprécier la richesse pluridimensionnelle des œuvres. Pas plus qu’elles ne peuvent se réduire à une seule représentation-contemplation d’elle-même, les œuvres ne se résument à refléter ou documenter une part de rite. Ensemble, ces approches suggèrent l’éveil de beautés endormies qui, soigneusement mises sous vitrine, attendent le regard du spectateur pour s’animer à nouveau.

Une journée d’études intitulée Rites et musées sera organisée dans le sillage de l’exposition le 29 avril 2021. En invitant des spécialistes de ces questions, elle ambitionne de questionner ce que les musées font au rite et ce que les rites font au musée.

Informations pratiques

Exposition au Musée L (Musée universitaire de Louvain) du 22 avril au 25 juillet 2021

Commissaires de l’exposition : Anne-Marie Vuillemenot (IACCHOS-LAAP) et Caroline Heering (GEMCA).