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Le Carême... quarante jours pour marcher vers Pâques !

Publié le 22/03/2019

Les quarante jours du Carême trouvent place chaque année dans l’agenda de l’Eglise : « Le temps du Carême est ordonné à la préparation de la célébration de Pâques… » (Normes universelles de l’année liturgique, n° 27). Cette période invite au renouveau. Elle est l’occasion de retrouver les « fondamentaux » de la vie chrétienne.

Cierge pascal

Le chiffre symbolique de « quarante » est d’origine biblique. Il signifie un temps relativement long qui annonce une nouvelle étape de l’histoire. Jésus a passé 40 jours au désert avant de commencer son ministère public. Moïse a résidé 40 jours sur le Sinaï avant de recevoir les tables de la Loi. Au terme d’un déluge de 40 jours, Noé est sorti de l’arche avec le « petit reste », pour vivre une nouvelle Alliance. Après la sortie de l’esclavage d’Egypte, Israël a passé 40 ans dans le désert puis est entré en Terre Promise.

Le Carême qui prépare à vivre Pâques est une marche dans la joie vers la Terre Promise. La poésie liturgique rythme ce temps, comme l’exprime cet hymne du peuple de Dieu en marche (strophes 1 et 4) :

 

Sois fort, sois fidèle, Israël,
Dieu te mène au désert ;C’est lui dont le bras souverain
Ouvrit dans la mer
Un chemin sous tes pas.
Poursuis ton exode, Israël,
Marche encore vers ta joie !
La vie jaillira de la mort,
Dieu passe avec toi
Et t’arrache à la nuit.

En Carême, le « peuple-pèlerin » se met en marche, précédé par tous ceux qui depuis des siècles ont quitté leur « chez soi », s’aventurant sur les routes de la foi et de l’espérance. Ils ont visité Jérusalem et les lieux saints, mais aussi Rome, la ville des apôtres-martyrs Pierre et Paul, Compostelle et bien d‘autres endroits sacrés.

La marche des chrétiens s’achève avec la procession de la Vigile de Pâques. En allumant le cierge au feu nouveau, le célébrant prononce ces paroles : « Le Christ, hier et aujourd’hui, commencement et fin de toutes choses ». Ensuite, tous se dirigent vers l’église, à la lumière du cierge pascal. Cette marche proclame la résurrection du Christ, prélude de la résurrection des mortels.

Les cinq dimanches de Carême sont comme cinq haltes pour reprendre souffle, entendre la parole du Maître, se retrouver entre frères et sœurs et poursuivre le chemin. Les lectures bibliques des dimanches se distribuent désormais sur un cycle de trois années. L’année 2019 est dédiée à l’évangile selon saint Luc (Année C). Chaque évangile dominical est précédé d’un texte de l’Ancien Testament et d’un écrit apostolique. Ces trois lectures se répondent en une sorte de polyphonie. Avec sa couleur et son style propres, l’évangile du jour est le point culminant de chaque dimanche. En voici un bref écho :

  • Le dimanche de la Tentation au désert (Lc 4, 1-13). « L’homme ne vit pas seulement de pain », répond Jésus au Tentateur qui lui propose de changer les pierres en pain. Quel Messie sera Jésus ? Un Messie politique, comme le souhaitent ses contemporains ? Ou celui qui vient pour « rassembler les enfants de Dieu dispersés » ? La triple tentation de l’avoir, du pouvoir, du succès et de la gloire est de tous les temps.
  • Le dimanche de la Transfiguration (Lc 8, 28b-36). « Qui dites-vous que je suis ? ». Dans la modestie de Jésus de Nazareth, les apôtres découvrent le Fils unique du Père, entouré de Moïse et Elie. Tel est l’enjeu de la foi chrétienne. Tel et aussi l’enjeu de ce dimanche. Les catéchumènes qui vont recevoir le baptême à Pâques pourraient nous en dire plus long sur leur itinéraire, parfois tortueux, à la rencontre du Christ.
  • Le dimanche de la conversion (Lc 13, 1-9). Tous les humains sont pécheurs, y compris les chrétiens. Mais chacun est « créé à l’image de Dieu ». L’espérance est donc de mise, car Dieu prend patience. Si le figuier ne porte pas de fruit cette année, peut-être en donnera-t-il l’année prochaine ?

    Rembrandt_Le retour du fils prodigue
    Rembrandt van Rijn, Le retour du fils prodigue, 1668, 262 × 205 cm. Saint-Saint-Pétersbourg, Musée de l'Ermitage
  • Le dimanche du Père miséricordieux (Lc 15, 1…32). Le père miséricordieux de Rembrandt qui embrasse avec tendresse son fils égaré en dit plus que bien des discours. Qui donc est Dieu pour nous aimer ainsi ? L’amour est plus fort que la mort, la vengeance et la haine. L’histoire des peuples le montre. Après les conflits vient le temps des alliances et des projets communs.
  • Le dimanche de la femme adultère (Jn 8, 1-11). « Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter une pierre », dit Jésus. « Va et désormais, ne pêche plus ». L’espérance est au cœur de Dieu. D’une fidélité inébranlable, il a foi en l’humanité. A la suite du psalmiste, la femme pardonnée pourrait chanter : « Le Seigneur et mon berger. Rien ne saurait me manquer » (Ps. 23/22, 1).

André Haquin

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