Croix des chanoines du XVIIIe siècle retrouvée dans un vide-greniers
En septembre dernier, une croix de distinction des chanoines de la cathédrale de Tournai sous l’Ancien Régime a été découverte lors d'un vide-greniers. Cette croix pectorale date du 18e siècle. Après restauration, l'objet fera partie intégrante du Trésor de la Cathédrale Notre-Dame de Tournai.
Les férus d’histoire de Tournai connaissaient l’existence d’une croix de distinction des chanoines de la cathédrale de Tournai sous l’Ancien Régime, dont le port avait été accordé par l’impératrice Marie-Thérèse d’Autriche en 1753. Mais ce n’était que par les livres et autres rares articles… De cette croix pectorale, il n’y avait plus de trace à Tournai, si ce n’est dans les archives de la cathédrale, qui possèdent encore le diplôme impérial d’octroi, et sur quelques épitaphes de chanoines, dans la nef, où la croix apparaît sculptée.
Les 43 croix d’or, d’émail et d’améthystes qui furent à l’époque commandées par le chapitre et réalisées par l’orfèvre tournaisien Marc Lefebvre (dit le Vieux) disparurent en effet avec leurs détenteurs en 1797, sous la Révolution française. Officiellement, il ne subsistait qu’une seule de ces croix, abritée au cabinet des médailles de la Bibliothèque royale à Bruxelles et donc invisible du public.
Mise aux enchères
Mais c’était sans compter sur la trouvaille d’un vide-genier qui s’adressa récemment à la maison Jean Elsen & ses Fils, numismates à Bruxelles. Ses responsables, qui avaient inscrit cette croix « surprise » au catalogue de leur vente publique du 19 septembre dernier, en informèrent Tournai. Aux forces vives des Amis de la cathédrale et de Pasquier Grenier – cette dernière association trouvant là l’occasion de faire servir pour partie une donation, celle de la famille Langerock-Casterman –, il parut évident qu’il fallait rapatrier cet emblème si fortement lié à l’identité de la cathédrale au 18e siècle. Mais le combat fut rude et il fallut l’aide supplémentaire de l’Évêché ainsi que de quelques généreux particuliers pour gagner l’enchère.
La croix qui revient à Tournai se distingue de celle que portent actuellement les chanoines, qui remonte à 1865. Au lieu des clés en sautoir, emblème du Saint-Siège – le pape Pie IX ayant accordé cette seconde croix –, la croix « autrichienne » arbore l’emblème impérial, un somptueux aigle bicéphale d’or pur. Sur celui-ci est posée une croix du type croix de Malte, au cœur de laquelle figure, en or et émail blanc, la figure de la Vierge à l’avers et le monogramme de Marie-Thérèse au revers.
Exposition au Trésor de la cathédrale
Pour des raisons qu’on ne s’explique pas, les bras de la croix, initialement prévus d’or émaillé en violet, se retrouvèrent garnis d’améthystes taillées – une configuration en définitive assez fragile et cause de bien des altérations. En témoigne la croix qui vient d’être rapatriée, dont un des bras a perdu son améthyste. Pour combler ce manque et couronner le bel effort fourni par le collectif d’acquéreurs, le Fonds Claire et Michel Lemay a décidé de financer la restauration de la croix, qui sera effectuée prochainement à Bruxelles, chez le joaillier Éric Bellemans.
Au terme de toutes ces énergies déployées, Tournai verra revenir dans le cadre des festivités des 850 ans de la dédicace de la cathédrale, en 2021, un nouveau fleuron de son patrimoine – petit en taille mais pas en importance –, témoin précieux d’une époque au faste révolu. La croix sera bien sûr déposée et exposée au trésor de la cathédrale.
Évêché de Tournai,
Amis de la cathédrale asbl,
Pasquier Grenier asbl
Communique de Presse relayé par Les amis du Trésor de la Cathédrale de Tournai et Cathobel.