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Des églises paroissiales transformées en conservatoire de patrimoine ?

Publié le 28/10/2021

Les questionnements sur l’avenir des églises paroissiales ne manquent pas. En effet, plusieurs pistes de réaffectation ont déjà été évoquées au cours de conférences sur le sujet. L’une d’entre elles est actuellement en cours d’étude : et si transformer quelques églises partiellement ou totalement en conservatoire de mobilier religieux pouvait être une piste à explorer, pour préserver ces bâtiments, et aussi le mobilier ? Voilà une piste intéressante que PARCUM explore depuis un an et a présentée lors d’une matinée d’étude à Anvers le 5 octobre dernier. 

Des églises à transformer en lieux de dépôt ? Aux prémices de la réflexion

Dans les prochaines années, plusieurs églises paroissiales risquent de fermer leurs portes et par conséquent, il est plus que nécessaire de trouver des lieux de stockage durables et de qualité pour préserver le patrimoine mobilier religieux. En Flandre, la question suivante « que faire de toutes les églises paroissiales qui ne pourraient être préservées pour le culte et comment leur attribuer une nouvelle fonction, tout en respectant l’identité originelle du lieu ? » a donné naissance à la réflexion suivante : pourquoi ne pas préserver les églises, en les transformant partiellement ou totalement, en conservatoires de patrimoine religieux ? 

Le projet intitulé « Depotkerken in Vlaanderen ? » a été initié en 2020 par PARCUM (centre d’expertise et musée de patrimoine religieux basé à Heverlee à l’abbaye de Parc). Il a pour objectif principal de déterminer s’il est possible de réaffecter des églises paroissiales en conservatoire de patrimoine religieux et si oui, sous quelles conditions. 

La matinée a eu pour objectif de mettre en lumière les lignes directrices et les possibilités pour l’aménagement de conservatoires dans les églises paroissiales. Bien que les jalons soient lancés, cette étude n’en est qu’à ses débuts et la prochaine étape consistera à présenter si un tel aboutissement est possible. 

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Quelles grandes lignes en tirer ? 

Cinq études de cas (à savoir une église par province) ont été présentées pour illustrer la démarche et pour faire ressortir les questions que sous-tendrait la transformation de ces lieux de culte en dépôt.

  • Stade préliminaire : l’importance du travail préparatoire en équipe

Avant d’entrer dans le vif du sujet, il est primordial de développer une étude préalable pour identifier quel bâtiment, à une échelle communale ou régionale, pourrait être éligible pour une telle affectation. Pour cela, un groupe de travail doit être constitué préalablement pour mener cette étude. Les intervenants ont particulièrement insisté sur l’importance de constituer une solide base documentaire en amont, à constituer et à nourrir avec les différents acteurs concernés (fabriques d’église, commune, organisations patrimoniales professionnelles, etc).

Ce groupe doit pouvoir envisager les questions suivantes : est-ce que l’église est saine ? Existe-t-il un inventaire actualisé des biens mobiliers ? Y a-t-il des possibilités en termes de subsides et de financement pour soutenir le projet ? Etc. 

Le « Stappenplan », initié dans la continuité de la note de l’ancien Ministre Bourgeois en 2010, constitue le grand point de démarrage d’un projet d’une telle envergure. En effet, cette procédure d’évaluation du patrimoine mobilier et immobilier est nécessaire pour identifier quel édifice, sur le plan local et/ou régional, pourrait convenir. 

  • Pouvoir tenir compte des moyens disponibles localement 

En termes humains

Un tel projet doit émaner d’une volonté locale et nécessite un accompagnement professionnel. En ce sens, le travail préparatoire est très important pour pouvoir déterminer quels moyens sont mis à disposition pour effectuer certaines tâches : qui réalise l’inventaire, qui se charge de l’évaluation du patrimoine, est-il possible d’engager du personnel affecté à la gestion du conservatoire, etc.

En termes d’espace 

Ce ne sont pas nécessairement des églises désaffectées qui peuvent être éligibles pour devenir des lieux de dépôt. Il est envisageable de cloisonner l’espace pour que l’église puisse assurer plusieurs fonctions et devenir un lieu partagé (par exemple, le chœur qui reste affecté au culte et les nefs employées pour conserver des biens mobiliers, etc.). 

En termes de réalités climatiques 

En termes d’environnement : la conservation optimale de biens d’église nécessite un climat adéquat. Or, ce n’est pas toujours nécessairement le cas des églises, où les températures sont relativement basses et où l’humidité relative est plus élevée. Ce sont des bâtiments vastes et moins bien isolés qu’un nouveau bâtiment construit spécialement à cet effet. 

  • Travailler de manière phasée, concertée et réfléchie

conférence_PARCUM_églisedépôtIl résulte en guise de résultats de cette étude la constitution d’une procédure organisée en phases : 

Phase 0 : le travail préparatoire (mise en place d’un groupe de travail ; étude régionale/communale ; inventaire ; plan d’évaluation du patrimoine ; critères d’élection d’un édifice ; sélection d’un édifice).

Phase 1 : établissement d’un planning pour constituer un modèle financier et de gestion. 

Phase 2 : étape de la réalisation du projet, en ce compris la préparation d’un plan d’exploitation préparation du transfert d’œuvres vers le nouveau lieu de dépôt, transfert effectif, mise en place des objets.

Phase 3 : étape d’exploitation (projets de conservation, expositions, documentation, etc.). 

En guise de conclusion : il est important de bien prendre son temps pour envisager avec sérieux chaque aspect intervenant dans la mise en place d’un tel projet. 

Nous nous réjouissons de poursuivre l’évolution de cette vaste réflexion jusqu’à sa concrétisation. 

Information utile : ce projet est piloté par PARCUM, avec l’aide de représentants des évêchés flamands, l’agence du patrimoine immobilier, Monumentenwacht Vlaanderen, la province d’Anvers, la province de Flandre Orientale et le centre provincial de conservation du patrimoine Ename, la province du Brabant Flamand et le dépôt du patrimoine immobilier Brabant Flamand, et Erfpunt.

Ce projet a été rendu possible grâce à un subside alloué par le « Département, Cultuur, Jeugd en Media. »

Maura Moriaux

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