Calice de l’abbaye de Floreffe : analyse des ornements (900 ans de l'abbaye)
Conservé au musée diocésain de Namur, le calice étudié a été mis en dépôt par l’abbaye de Floreffe. Ce calice mesure 24,2 centimètres de haut et 13 centimètres de large. Il est de couleur dorée et présente une datation sous son pied, 1623, et un poinçon représentant des initiales pouvant être celles de l’auteur : MD. Observons les différents ornements qui en composent le décor. Profitons en pour faire un point sur les 900 ans de l'abbaye!
Les ornements
Le calice est un vase sacré qui rappelle la coupe dont s’est servi le Christ lors de la dernière Cène. Le crucifix représenté sur le pied de ce calice se retrouve sur beaucoup d’autres. Une croix ou un crucifix devait en effet être gravé ou repoussé sur le pied des calices et ce motif devait être tourné vers l’officiant pendant la cérémonie.
Le calice est décoré d’ornements et ne présente pas, ou très peu, d’iconographie. Analysons ces ornements en partant du haut du calice pour descendre jusqu’à son pied. La fausse coupe, très petite, est composée de feuilles qui gainent la coupe. Les feuilles sont un ornement très utilisé car elles peuvent être modelées pour s’adapter aux désirs de l’artiste. Les feuilles ont plusieurs symboliques. Ici, laforme trilobée pourrait faire penser aux feuilles de vigne, offrant également un lien symbolique simple à faire avec le vin contenu par le calice. Les feuilles ainsi agencées, épousant la forme de la coupe du calice, sont appelées feuilles d’applique. Les moulures de la tige, des tores et des scoties, paraissent être des moulures inhérentes à la structure de la tige. Elles ne sont pas de simples moulures de surface comme c’est le cas pour les moulures des frises de la plinthe du pied et des bagues, alternant filets horizontaux et glyphes. Les moulures de la tige semblent donner un aspect sinueux à l’objet qui contraste avec les moulures des frises qui donnent un aspect très droit à l’ensemble.
Le nœud est pourvu de quatre chérubins aux ailes déployées. Les plumes des ailes sont détaillées par de fins traits. Les chérubins portent une sorte de collier autour du cou. Cet ornement est souvent retrouvé dans l’art chrétien. Dans la Bible, les anges sont les messagers de Dieu. Entre chaque tête d’ange se trouve un motif difficile à analyser puisqu’il est petit et donc difficilement lisible. Il pourrait représenter des fruits, peut-être des raisins, symbole du sang du Christ. Mais le motif n’étant pas parfaitement lisible, il pourrait aussi s’agir simplement de fruits stylisés. Dans tous les cas, les fruits sont en général considérés comme un symbole de la bonté de Dieu. Au niveau du nœud secondaire du calice, on retrouve un motif ornemental et géométrique. Il est composé de quatre cercles. A chaque intervalle entre ces cercles se trouve un rectangle fin flanqué d’un petit cercle sur chacun de ses côtés. En dessous et au-dessus de ce rectangle se trouve un triangle dans lequel s’insère un cercle. Ce motif pourrait correspondre à un motif de cartouche, c’est-à-dire une forme encadrée destinée à recevoir une inscription. Un cartouche peut revêtir n’importe quel aspect du moment qu’un espace est laissé libre pour l’inscription. Ici, aucune inscription n’est visible mais il est possible que ce soit simplement un élément décoratif. Sur le renflement circulaire du pied, le crucifix est représenté au-dessus de petits traits courbés, ces traits pourraient représenter le Golgotha, le mont sur lequel Jésus a été crucifié. On parle alors d’une croix de Golgotha.
Les illustrations ont été reprises du travail de l'étudiante.
Oriane Tasiaux
Etudiante en histoire de l’art à l’université de Namur. Travail réalisé dans le cadre de son Bac 2 Histoire de l’art et archéologie dans le cadre du cours de Méthodologie (Moyen Age / Temps modernes Année académique 2020-2021).
Le 27 novembre 1121 , le comte de Namur Godefroid et sa femme Ermesinde donnaient à saint Norbert le domaine de Floreffe, afin d'y fonder une abbaye. Celle-ci, deuxième dans l'histoire de l'Ordre des Prémontrés, devint la plus importante du Namurois. Supprimée à la Révolution française, l'abbaye de Floreffe est, dès 1819, convertie en petit séminaire diocésain. Juchée sur un promontoire dominant la vallée de la Sambre, elle aligne toujours une sil- houette spectaculaire, formée essentiellement de bâtiments du 1 e siècle, avec de précieux vestiges médiévaux.
Surfez sur le site des 900 ans de l'abbaye pour consulter leur agenda des festivités qui s'étend jusqu'au premier semestre 2022 (expositions, conférence, cuvée spéciale de bière, concerts, spectacle)
PUBLICATION : La longue histoire de l’abbaye et du séminaire de Floreffe et de leurs habitants.
368 pages couleurs, plus de 700 illustrations, couverture cartonnée.
Ouvrage publié à l’initiative de l’asbl Floreffe, Histoire,
Culture et Tourisme, dans le cadre du 900e anniversaire de la fondation de l’abbaye. 35 €. Éditeur : Les éditions namuroises.
Travail collectif de dix-neuf passionnés de ce lieu exceptionnel, ce livre offre un regard complet et actuel sur cette longue histoire : vie religieuse, production artistique, activité économique, puis
formation des jeunes. Sous la direction de Jean-François Pacco.
Cinq chapitres : Les origines et la fondation de l’abbaye ; l’abbaye norbertine ; de l’abbaye au séminaire ; le petit séminaire,
de 1819 à 1967 ; Floreffe, de 1967 à nos jours.
Les auteurs : Dimitri Belayew, Emmanuel Bodart, Jean Bodson, Hélène Cambier, Frédéric Chantinne, Florentin Dawagne, André Férard, Jacques Guissard, Patrick Hoffsummer, Dominique Lambrechts, Jean-Marie Lathuy, André Lessire, Ghislaine Lomba, Jean Lombet, Mathilde Macaux, Charles Melebeck, Jean-François Pacco, Marc Ronvaux, Jacques Ruelle.
Info : www.editionsnamuroises.be
Floreffe
Neuf siècles d’histoire
Contacts :
Jean-François Pacco
jfpacco@yahoo.fr
0475/839.894
Floreffe 900