Le retable de la Sainte-Vierge de l’église d’Ham-sur-Heure
Vers 1470, l’autel de la chapelle de Notre-Dame de l’église d’Ham-sur-Heure est garni d’un éclatant retable en chêne entièrement doré. La volonté de ses concepteurs est claire : réaffirmer et prouver, si possible, ce dogme chrétien qui se heurtait parfois au bon sens populaire : la virginité de Marie malgré la naissance de son fils Jésus. Ce chef-d’œuvre sera classé au titre de trésor de la Communauté française de Belgique en 2010.
Fiche d’identité :
Ecole bruxelloise, vers 1470
Chêne sculpté polychromé
l. 167 cm – L. 230,5 cm – P. 24,5 cm
Eglise Saint-Martin, Ham-sur-Heure
Classé le 30 mars 2010
Survol très rapide de son histoire
Ce retable fut vraisemblablement sculpté par des artisans régionaux reprenant des éléments architecturaux développés par les artistes bruxellois. Au gré des changements de mode, ses couleurs furent modifiées deux fois au cours du XVIIIe siècle. L’époque néoclassique, n’appréciant plus le style gothique, fut encore plus radicale : elle se débarrassa de l’œuvre. Son retour en grâce eut lieu en 1887 après une solide restauration. Un traitement de nettoyage et de conservation fut réalisé par l’IRPA en 1998-1999 et un dernier nettoyage en 2015.
La succession des cinq événements qui y sont représentés est habituelle. Mais ce sont les détails qui procurent à cette œuvre son intérêt tout particulier. Car, au-delà de la forme, il faut en redécouvrir le sens.
L’Annonciation et la Visitation
Les deux premiers tableaux sculptés annoncent le message.
Imitant les œuvres picturales de son époque, l’Annonciation est parsemée d’éléments symbolisant la « pureté » de Marie : le lis, le lit non défait, la crédence aux portes verrouillée, le linge blanc, l’aiguière.
Le message de la Visitation est la conséquence du précédent. En effet, le décor paysagé placé derrière les protagonistes est inspiré, notamment, de la description de la Jérusalem céleste dans le livre de l’Apocalypse. Sa signification est un hommage rendu à la foi sans faille des 2 futures mères, malgré l’invraisemblance humaine de leurs maternités.
La Nativité
Le cœur du message de l’œuvre. Bien entendu, la sainte famille y figure, ainsi qu’un berger, l’âne et le bœuf. Mais, bien qu’un peu en retrait, c’est une femme enturbannée qui en occupe la place centrale. Elle est mise en valeur grâce à l’ouverture dans le toit de l’étable qui la surmonte. La « Légende dorée » de Jacques de Voragine la nomme Zébel. Son histoire comporte diverses variantes. Elle est la seule femme ayant répondu à l’appel de Joseph pour aider Marie au moment de son accouchement. Hélas, elle est handicapée, paralysée des deux mains ou des bras. Arrivée sur place, elle constate la virginité de la jeune mère. Et, aussitôt, un miracle se produit : elle retrouve l’usage de ses membres. Témoin incontestable de cette situation unique, elle apporte donc la preuve supposée irréfutable de l’authenticité du dogme.
L’adoration des mages et la présentation au temple
Les deux dernières scènes ne font que confirmer le message.
Si les mages adorent l’enfant tenu par sa mère, laquelle est assise sur un trône, Joseph, derrière, démontre son indifférence. Il est étranger à cette situation.
Le vrai père est désigné dans le dernier tableau lorsque l’enfant lui est consacré dans son temple.
Notons que, dans ces deux scènes, certains personnages sont représentés en habits traditionnels tandis que d’autres portent des vêtements contemporains de l’œuvre. Le salut est, en effet, destiné aux hommes de tous les âges.
Philippe LEJEUNE, Secrétaire de la fabrique d'église d'Ham-sur-Heure
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L’église Saint-Martin d’Ham-sur-Heure est ouverte du lundi au samedi de 10h à 18h et le dimanche matin jusque 11h.
Envie d’en savoir plus ?
De BORCHGRAVE D’ALTENA J. et MAMBOUR J., Retables en bois du Hainaut, Mons, 1968, pp. 10-11.
BUYLE M. et VANTHILLO C. (dir.), Retables Flamands et Brabançons dans les monuments belges, Bruxelles, 2000, pp ; 180-181.
HENDERIKS V., Retable de la Vie de la Vierge, dans DELCOR Fr. (éd. resp.), Trésors classés en Fédération Wallonie-Bruxelles, coll. Protection du Patrimoine culturel, 1, Bruxelles, 2015, pp. 184-185.
LEJEUNE P., Le retable dit ‘de la sainte Vierge’ en l’église de Ham-sur-Heure, dans Etudes et Documents, Centre d’Histoire et d’Art de la Trudinie, 5, 1976.
LEJEUNE P., Le retable gothique d’Ham-sur-Heure, son environnement, ses restaurations et ses significations symboliques, dans Documents et rapports de la Société royale d’Archéologie, d’Histoire et de Paléontologie de Charleroi, tome LXV, Charleroi, 2012, pp.31 à 83.
MERCIER E., Retable dit de la Vie de la Vierge : Ham-sur-Heure, Eglise Saint-Martin, IRPA-KIK, ULB, 2000.