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Quel avenir pour le patrimoine mobilier des congrégations religieuses ? Le cas du couvent d’Hautrage

Publié le 23/01/2024

En juillet 2023 disparaissait Sœur Marie-Guylaine, dernière sœur du Couvent des Sœurs Franciscaines installé à Hautrage. Cet évènement met fin à une histoire longue de plusieurs siècles entre les religieuses du Tiers-Ordre de Saint-François et Hautrage. En effet, la congrégation s’installe sur la place d’Hautrage en 1506 sous l’impulsion et grâce à la générosité de Jean Hanot, Bailli de Mons, et de son épouse. Si tout au long de son histoire la communauté n’excède pas 12 religieuses, son influence sur la localité est importante. Les sœurs assurent la formation scolaire des jeunes filles des environs et elles n’hésitent pas à apporter leur aide d’un point de vue matérielle, spirituelle et parfois médicale à la population locale.

Hautrage. Ancien couvent des soeurs franciscaines (S. Christiaens)
Hautrage. Ancien couvent des soeurs franciscaines. Photo © Samüel Christiaens

Confrontée comme tant d’autres congrégations religieuses à la crise des vocations et au vieillissement de ses membres, la congrégation d’Hautrage soutenue par les Sœurs Franciscaines de la Propagation de la Foi de Lyon a entamé il y a quelques années une réflexion sur l’avenir de son patrimoine immobilier et mobilier. Si les terrains et bâtiments ont été confiés à la Fondation Habitat & Humanisme, à charge pour elle de gérer ce patrimoine en poursuivant l’œuvre de la congrégation, quelques inquiétudes persistaient sur l’avenir du patrimoine mobilier parmi lequel se trouvait des œuvres importantes. Que faire avec ce patrimoine, le vendre, le transmettre à une autre congrégation ou une église ou bien céder les œuvres à une institution muséale ? En 2011, la Fondation Roi Baudoin avait déjà pu acquérir cinq sculptures importantes, toutes en pierre d’Avesnes. Parmi celles-ci, on retrouve un important Christ aux liens du XVIe siècle autrefois placé dans une niche sur le mur extérieur du couvent puis déplacé à l’intérieur de la chapelle après une restauration minutieuse. D’autres pièces ont été proposées à des antiquaires de Mons et de Bruxelles.

Hautrage. Chapelle du couvent des soeurs franciscaines, VXIIe siècle (S. Christiaens)
Hautrage. Chapelle du couvent des soeurs franciscaines, XVIIe siècle. Photo © Samüel Christiaens

Pour le reste du patrimoine artistique encore conservé dans les murs du couvent, la congrégation a fait appel au service du patrimoine de l’Evêché de Tournai et au CHASHa (Centre d’Histoire et d’Art Sacré en Hainaut) afin d’être accompagnée dans sa démarche de réflexion sur l’avenir de son patrimoine sacré. Après un inventaire exhaustif des œuvres conservées par la congrégation, des propositions de réaffectation ont été évaluées pour que le mobilier qui pouvait encore servir dans les paroisses situées à proximité du couvent puisse y trouver une seconde vie tandis que de nombreuses autres œuvres étaient confiées au musée diocésain, le CHASHa situé au cœur de l’abbaye de Bonne-Espérance. Les documents d’archives encore présents sur place ont été déposés aux Archives de l’Etat à Mons. En accord avec les responsables de la congrégation et les différents acteurs impliqués dans la vie future des lieux où ces œuvres étaient conservées, le CHASHa s’est penché sur la possibilité de conserver une partie des œuvres in-situ. Une excellente nouvelle pour les différentes associations qui occuperont les lieux et qui craignaient de se retrouver dans « une coquille vide ». La chapelle désormais désacralisée et transformée en espace de concert, conserve ainsi son mobilier et ses œuvres dont un important triptyque inséré dans l’autel majeur.

Samuël Christiaens

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