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L’importance des entretiens et examens des toitures d’église

Publié le 01/09/2025

Les problèmes d’étanchéité des toitures constituent l’une des pathologies les plus fréquentes et les plus dommageables pour nos églises. Cet article illustre, à travers plusieurs exemples observés sur le terrain, l’urgence d’intervenir pour préserver les édifices religieux ainsi que le patrimoine qu’ils contiennent.

Quelques exemples de problèmes récurrents

Les matériaux de couverture vétustes et manquantes

Il s’agit du premier type de dommage auquel on pense en termes d’infiltration d’eau causée par un défaut de toiture. Les ardoises ou les tuiles bougent et laissent des interstices dans la couverture, généralement à cause de vents violents. Bien souvent aussi elles se cassent ou se délogent par un manque d’entretien. Elles deviennent alors vétustes, friables, le système d’attaches perd de son efficacité.

Fig. 1 : Dégradation avancée d’un plancher à cause de tuiles manquantes (flèches)
Fig. 1 : Dégradation avancée d’un plancher à cause de tuiles manquantes (flèches)

Dans tous ces cas de figure, la pluie s’infiltre directement à l’intérieur et peut imbiber rapidement la charpente, le plancher des combles (Fig. 1) et l’extrados* des voûtes. Les dégâts peuvent être conséquents comme le gonflement et la fragilisation d’éléments en bois de la charpente. À l’intérieur de l’église, au niveau de l’intrados* des voûtes ou du plafond, les dégradations peuvent être visibles rapidement au bout de quelques jours, à quelques mois après l’infiltration. L’eau provoque d’abord l’apparition d’auréoles et, à plus long terme, peut créer des poches d’air dans les revêtements, le détachement d’enduit, le développement de sels et l’écaillage des peintures.

Il arrive aussi que des problèmes d’étanchéité trouvent leur origine dans une ancienne campagne de nettoyage de la toiture, notamment lors de l’enlèvement de mousses, lichens ou végétaux grimpants. Les mousses, par exemple, peuvent provoquer des dégâts lorsqu’on les retire : elles arrachent souvent la fine couche protectrice des tuiles ou des ardoises. Ces dernières deviennent alors poreuses, friables et perdent leur capacité d’étanchéité. Ainsi, lorsqu’un dégagement de végétation s’avère nécessaire, il est important de prévoir un budget complémentaire pour faire face à d’éventuelles réparations de la couverture telles que le remplacement de tuiles ou d’ardoises endommagées.

L'encombrement des chéneaux et gouttières

Fig. 2 : Déplaquage de stucs causé par un chéneau obstrué (côté extérieur)
Fig. 2 : Déplaquage de stucs causé par un chéneau obstrué (côté extérieur)

La présence d’un arbre à proximité de l’église peut être la cause d’une obstruction rapide des corniches par l’accumulation de feuilles mortes. Le débordement engendré par ce phénomène peut provoquer fréquemment des infiltrations d’eau, susceptibles d’endommager en peu de temps les parties supérieures des parois murales. Si ces infiltrations ne sont pas traitées, les dégradations peuvent devenir irréversibles, s’étendre sur de larges surfaces et engendrer des coûts élevés de réparation, qu’il s’agisse du réenduisage de simples parois lisses ou de la restauration d’éléments de décor (Fig. 2).

Un entretien annuel des corniches est donc indispensable pour évacuer les éventuelles feuilles mortes. Cette opération permet également de contrôler l’état d’anciennes rustines, les intersections entre deux pans de toit (noues), mais aussi les jonctions des bacs de chéneaux ou de gouttières. De plus, si un arbre est trop proche de l’église, il est nécessaire de tailler suffisamment les branches orientées vers le toit afin de limiter au maximum l’encombrement des corniches en automne.

Les jonctions défaillantes des corniches et des noues, anciennes réparations

Fig. 3 : Rustines de roofing clouées dans un bac de corniche en zinc – © Jean Glaude
Fig. 3 : Rustines de roofing clouées dans un bac de corniche en zinc – © Jean Glaude

Les joints qui relient les bacs de chéneau ou de gouttière peuvent subir le poids des années et ne plus jouer leur rôle d’étanchéité. Ces points de liaison doivent impérativement être réparés car les entrées d’eau au sommet des murs peuvent entraîner des dégradations particulièrement importantes, surtout au niveau des extrémités des entraits de la charpente et à la jonction entre les voûtes et les murs. Dans le cas de réparations, il faut privilégier des matériaux compatibles et durables. Les rustines en roofing par exemple sur les chéneaux en zinc, doivent être réalisées par un professionnel qualifié. Une mauvaise réparation peut en effet engendrer davantage de problèmes (Fig. 3). Il est souvent nécessaire de remplacer le bac entièrement, lorsque les percements ou les fissures sont trop importants.

Conséquences graves sur la charpente

Fig. 4 : Démantèlement d’éléments de charpente (entouré) – © Pierre-Louis François
Fig. 4 : Démantèlement d’éléments de charpente (entouré) – © Pierre-Louis François

Les infiltrations d’eau, peu importe l’origine, peuvent avoir une incidence grave sur la charpente, jusqu’à compromettre sa stabilité[1]. Par exemple, les extrémités d’entrait* qui sont logées dans des appuis ou posées en tête de mur, peuvent être en contact prolongé avec l’eau. Le bois finit par pourrir et perdre toute résistance. Les infiltrations peuvent également provoquer des dégradations dans d’autres zones, notamment au niveau des assemblages entre deux éléments de charpente. (entouré, Fig. 4).

Conclusions

Dans les églises, les dommages les plus fréquents sont directement liés à des problèmes d’étanchéité de la toiture. Ils peuvent se manifester de diverses manières : tuiles ou ardoises manquantes, défauts aux jonctions d’éléments de corniches ou des noues, anciennes réparation mal exécutées, corniches bouchées, etc.

Dans certaines situations, l’eau infiltrée est présente depuis plusieurs mois, voire plusieurs années. Les dégâts peuvent s’avérer considérables et entrainer des coûts de réparation élevés, touchant aussi bien la charpente, les enduits ou encore les décors intérieurs.

Lorsqu’une infiltration d’eau apparaît sur les voûtes ou dans les parties hautes des parois, il est indispensable d’intervenir rapidement en identifiant la cause et en confiant la réparation à un professionnel qualifié.

De manière générale, pour prévenir toute infiltration, il est essentiel d’adopter quelques gestes simples : nettoyer et contrôler chaque année les corniches, élaguer les arbres proches du toit et des corniches, vérifier l’état de la couverture (tuiles, ardoises) et entretenir régulièrement les systèmes d’évacuation des eaux pluviales.

Dans la situation où les infiltrations d’eau sont multiples et/ou prolongées, il n’est jamais trop tard pour agir. La première étape est de demander un état sanitaire de la charpente par un architecte qualifié. Ce dernier pourra ainsi identifier précisément le problème d’étanchéité et établir un ordre des priorités. Les réparations peuvent alors être exécutées par sections, en l’espace de plusieurs années, en fonction du budget et de possibilités de subside.

Comme pour un grand nombre de points concernant l’entretien général d’une église, un contrôle et un entretien réguliers permettent souvent d’éviter l’aggravation d’un dégât initialement mineur et donc d’éviter une intervention lourde et coûteuse. Pour accompagner les fabriques et orienter leur travail de contrôle et d’entretien, le CIPAR met à disposition de ces dernières plusieurs outils :

CIPAR et Service patrimoine de votre diocèse se tiennent à disposition des fabriques pour toute question ou toute visite sur place.

Thesaurus

  • Extrados : surface extérieure de la voûte.
  • Intrados : surface intérieure de la voûte.
  • Entraits : Situées à la base de la charpente, il s'agit de la pièce horizontale d'une ferme permettant de maintenir l'écartement des arbalétriers (LAVENEU, M., MATAOUCHEK, V., Dictionnaire d'architecture, Ed. J.-P. Gisserot, Quintin, 1999, p. 56.).

[1] Centre Interdiocésain du Patrimoine et des Arts Religieux (coll.), La protection et la sécurisation des églises paroissiales, CIPAR, Namur, 2022, p. 58-59.

José Vetro

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