A la rencontre du président de la fabrique d’église Saint-Martin de Merbes le Château
Dans notre série “coup de cœur du CIPAR”, Monsieur René-Michel de Looz, président d’une fabrique d’église très engagée dans le diocèse de Tournai, s’est prêté au jeu en répondant à nos questions sur sa mission. Voici son témoignage.
Pourriez-vous vous présenter en quelques mots ?
Je suis membre de la fabrique d’église Saint-Martin de Merbes le Château depuis 1995 et en suis le président depuis 2007. Depuis quelques années, je seconde mon épouse, Marina de Lannoy, dans la section Art-Culture et Foi comme personne-relais du diocèse de Tournai. Je fais enfin partie de l’Equipe d’Animation Pastorale de Solre-sur-Sambre.
Quel sens accordez-vous au patrimoine des églises ?
Comment ne pas accorder d’importance à NOTRE patrimoine ? Nos contrées ont été façonnées depuis des siècles par la civilisation chrétienne. Nos églises, souvent séculaires, ont accueilli nos parents, grands-parents, ancêtres pour les baptiser, les marier, les enterrer et pour de si nombreux offices. Quand je vois la pierre d’entrée de notre église si usée par les pas de tant de générations ; j’avoue être ému. Je pense que nos Fabrique d’église, administrations, mais aussi chacun de nous, à son niveau, à sa façon, durant son passage sur terre, devrait mettre un point d’honneur à fréquenter et à maintenir en bon état cet héritage patrimonial, architectural, artistique et religieux. Il en va de la responsabilité collective des « passeurs » que nous sommes. Quand Notre-Dame de Paris a été incendiée il y a trois ans ou quand des édifices religieux ont été saccagés par l’Etat Islamique, nous avons pu observer que les croyants, mais aussi les non-croyants étaient consternés. Ceci révèle l’importance de notre mission de préservation de ce patrimoine aux yeux de TOUS. Cela responsabilise les fabriques d’église à œuvrer au quotidien et à motiver sans relâche les administrations communales et la Région Wallonne. Notre responsabilité vis-à-vis des générations futures est notoire et collective. Je pense qu’il est plus urgent que jamais de demander aux fabriciens de prendre les dispositions nécessaires pour ouvrir à tous les églises trop souvent fermées, de réinvestir ces sanctuaires délaissés afin d’y assurer la transmission de la culture chrétienne et de permettre de s’y recueillir.
Comment avez-vous réalisé l’inventaire du patrimoine mobilier religieux de votre église ?
Ma femme et moi, ainsi que d’autres bénévoles, avons été formés à réaliser un inventaire religieux par Déborah Lo Mauro, qui nous enseignait il y a quelques années avec enthousiasme et humour un logiciel informatique chaotique en ses débuts, puis par Elise Philippe. Ce sont elles qui nous ont fait connaître le CIPAR, ses formations intéressantes, ses publications si bien conçues et indispensables pour ce travail.
D’après vous, quelle importance représente un inventaire ? En quoi cette tâche vous paraît-elle indispensable ?
L’utilité d’un inventaire se situe à plusieurs niveaux. La traçabilité des objets : sont-ils toujours dans l’église, ou en dépôt à Bonne-Espérance, ou chez un particulier ou…disparus ? Cette inspection permet aussi d’examiner l’état de conservation de l’objet, de vérifier s’il a besoin de soins particuliers,… la ou les photo(s) prise(s) à cette occasion seront bien utiles en cas de vol de l’objet ou de destruction par l’eau ou le feu. Ensuite, la découverte d’un objet de valeur caché, oublié dans un coin permet de le ressortir et de le remettre en valeur. Last but not least, ce travail donne aussi l’occasion de faire de belles découvertes et de s’instruire personnellement. On emprunte parfois la loupe de Sherlock Holmes pour en savoir davantage sur l’origine d’un objet, son Histoire, son utilité,…
Qu’est-ce qui a été le plus difficile dans cette tâche et comment avez-vous surmonté les difficultés ? Quels conseils donneriez-vous aux autres fabriciens ?
Je pense qu’après avoir reçu les formations nécessaires et parcouru les documents du CIPAR, cet exercice d’inventaire s’apprend sur le tas. Plus on en réalise, plus on maîtrise. C’est un travail à faire en équipe de deux ou trois personnes. L’une écrit, l’autre dicte, pèse, mesure, situe,… la troisième photographie et communique le N° de la photo à la première…
Autre conseil utile : il faut collaborer avec le sacristain ou une personne qui connaisse bien son église et dispose des clefs nécessaires.
Est-ce que ces inventaires vous ont permis de développer d’autres projets patrimoniaux (comme des expositions, publications, guides du visiteur, etc.) ?
Cette conscientisation et cette observation obligatoirement approfondie aident à apprécier les choses, à les mettre en valeur et à les partager avec d’autres personnes. Cela a incité notre conseil de fabrique à participer à des week-ends de « Eglises Ouvertes ». De plus, mon épouse, plus érudite et artiste que moi-même, a réalisé de très beaux Power Points sur fond musical montrant des objets de l’église et surtout des détails de vitraux, de statues, de notre ostensoir ou même de pierres tombales travaillées avec grand art. Pour ma part, c’est ce qui m’a aussi poussé à présenter notre taulet (pierre funéraire datée de 1443) au Congrès WAPI 2020 de Tournai.
Nous vous ferons découvrir ce taulet funéraire dans notre prochaine lettre, rendez-vous le mois prochain!
René-Michel de Looz-Corswarem
Président de la FE de Merbes-le-Château