Deux nouveaux trésors classés par la Fédération Wallonie-Bruxelles
Ces deux biens exceptionnels rejoignent ainsi les 231 biens culturels mobiliers déjà classés. Ces trésors pourront profiter de potentielles subventions pour leur conservation et leur restauration ainsi que de mesures de protection spécifiques permettant de s’assurer que ces joyaux restent sur le territoire de la Fédération Wallonie-Bruxelles, puissent être étudiés et transmis aux générations futures.
Le buste-reliquaire de saint Perpète (collégiale Notre-Dame de Dinant)

Cet imposant buste-reliquaire de style baroque représente saint Perpète, évêque et patron de la collégiale de Dinant. Réalisés par l’orfèvre athois Philippe Le Noir en 1671, ce buste et son socle étaient destinés à remplacer le reliquaire médiéval qui jusque-là contenait le crâne du saint. Dans le contexte de la Contre-Réforme, beaucoup d'églises ont alors modernisé et donné plus de faste à leurs trésors. La cathédrale de Liège possédait le célèbre buste de saint Lambert, créé en 1512 par Hans von Reutlingen. S'en inspirant, plusieurs églises majeures du diocèse feront réaliser, le siècle suivant, des reliquaires comparables tels que le buste de saint Poppon à Stavelot (1626) ou encore le buste de sainte Odile à Huy (1627). Le buste-reliquaire de saint Perpète s'inscrit dans cette tradition. Ayant survécu à la Révolution française, il est un des rares exemples en Belgique d’un buste-reliquaire d’une qualité esthétique et d’une exécution comparable aux orfèvreries italiennes de la même époque.
Histoire
Selon la tradition, saint Perpète meurt à Dinant le 4 novembre 614 et aurait été inhumé dans l’ancienne église Saint-Vincent. C’est Hériger de Lobbes qui mentionne le premier un Perpète dont il dit qu’il fut le 23e évêque de Tongres. Gilles d’Orval reprend et complète en 1250 la chronique d’Hériger. Il nous apprend que son corps fut placé dans une châsse et transporté dans l’église Notre-Dame. Sa réputation de sainteté attira la vénération des dinantais qui en firent leur saint patron.

Divers récits relatent le sac de Dinant par Charles le Téméraire en 1466. Ce n’est qu’à partir de ce moment qu’il apparait que les ossement du saint étaient répartis dans trois reliquaires : le corps dans un coffre appelé « fierté », un os du bras dans un reliquaire en forme d’avant-bras et le crâne dans un buste en argent. Ces reliquaires furent confisqués par le duc bourguignon pour revenir enfin dans la cité mosane.
Dans la seconde moitié du XVIIe siècle, le buste en argent doré fut remplacé par un autre buste en argent battu, œuvre de l’orfèvre athois Philippe Le Noir.

La période révolutionnaire fut dramatique pour le patrimoine de la collégiale. En 1793, pensant le mettre à l'abri des soldats français, les chanoines dinantais expédient leurs trésors outre Rhin. La châsse et d'autres argenteries partirent en exil. Mais lorsqu'il s'agit de les récupérer, quelques années plus tard, on ne peut plus les localiser.
Le buste fut par contre sauvé de la tourmente. Prévoyant le pire, deux ouvriers communaux, les Frères Charlot, subtilisent le buste et le cachent dans leur maison de la rue Saint-Pierre. Quatre ans plus tard, le calme revenu, le précieux reliquaire est restitué en grande pompe à la collégiale.
Jusqu'il y a quelques décennies, le buste du Saint patron participait annuellement à deux grandes processions lors de la Fête-Dieu et le 15 août. En reconnaissance des mérites des frères Charlot l'honneur de porter le précieux reliquaire était réservé aux descendants de leur famille. Cette tradition s’est éteinte vers 1960.
Description

Le Saint patron et représenté sous les traits d'un vieillard à grande barbe portant une mitre décorée de rinceaux et rehaussée de pierreries.
L’évêque est vêtu d'une chape dont les bandes sont ornées de rinceaux et de grappes cueillies par des Anges. Le chaperon est décoré de feuillage. Le mors de la chape consiste en une sorte de cartouche dorée orné de festons, de fleurs et de fruits.
Le socle en bois est recouvert en partie d'écailles et d’éléments floraux en argent.
Sur la poitrine du saint et posée une croix de chanoine tréfoncier de Saint-Lambert.
Valeur historique
Ce buste est une pièce d’orfèvrerie d’une qualité plastique exceptionnelle. Sa taille, légèrement plus grande que nature, et sa puissance expressive lui confèrent une présence et une autorité à la hauteur de son statut de patron. L’éclat de l’argent et la richesse du décor lui offre une sacralité surnaturelle.
Valeur artistique
Ce buste est une pièce d’orfèvrerie d’une qualité plastique exceptionnelle. Sa taille, légèrement plus grande que nature, et sa puissance expressive lui confèrent une présence et une autorité à la hauteur de son statut de patron. L’éclat de l’argent et la richesse du décor lui offre une sacralité surnaturelle.
Bibliographie
HAYOT Évariste, La collégiale Notre-Dame à Dinant, Namur, 1951.
DUFRASNE Florence, Saint Perpète de Dinant, mémoire présenté en vue de l’obtention du grade de licencié en histoire, Université de Liège, 1997.
Pour en savoir plus
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Sophie Balace, Christian PACCO et Communiqué de la FWB